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Les westerns mythiques : (#7) « L’Appât » d’Anthony Mann

Janet Leigh et James Stewart, incandescents, dans ce sublime western du grand Anthony Mann.

Janet Leigh et James Stewart, incandescents, dans ce sublime western du grand Anthony Mann.

  Un homme en traque un autre dans les paysages inhospitaliers (éboulements, grottes, cours d’eau indomptés, falaises abruptes) des Rocky Mountains, dans le Colorado. Au tout début du film, avec l’aide d’un vieux chercheur d’or qui n’a jamais trouvé le moindre filon exploitable, et avec le concours d’un soldat de la Cavalerie démissionnaire aux tendances sadiques et racistes, Jimmy Stewart, obsédé par sa mission jusqu’à la folie, met la main sur le fuyard Ben, lequel essayait d’échapper à son poursuivant avec une jeune femme ingénue à ses côtés.

  Dans ce chef-d’œuvre absolu du premier siècle du cinéma, aucun des cinq personnages avec lesquels nous chevauchons pendant 90 minutes hypnotiques, ne semble être celui ou celle qu’il prétend être. Le cavalier démissionnaire est en fin de compte un fou furieux, et la séquence de la fusillade avec la cohorte de Cheyennes nous le prouve par l’absurde ; le traqué interprété par Robert Ryan fait bonne figure mais tout dans sa mise et dans ses modulations de voix alerte sur ses intentions (même s’il a les poignets liés pendant les 3/4 du film on sent l’air se raréfier à chaque fois que la caméra s’approche de lui) ; le traqueur, qui a les traits de ce bon Jimmy Stewart, semble être engoncé dans une obsession qui tourne au cauchemar ; le vieux chercheur d’or plein de bon sens, se révèlera au final être un candide et un nigaud de première catégorie ; reste le personnage féminin, incarné à la perfection par la meilleure actrice du monde dans les années 1950 en compagnie de Marylin Monroe (Ô Niagara/1953, Ô Rivière sans retour/1954) Janet Leigh, qui à elle seule incarnera le cinéma moderne dans le Psycho (1960) de Sir Alfred Hitchcock : la fragile blonde à cheveux courts incarne dans The Naked Spur l’esprit de bonté et de résilience. Elle a été une femme malmenée par la vie, orpheline, accrochée aux basque d’un voyou brutal (Ben) et elle prend fait et cause pour ce traqueur, Kemp, qui n’est pas même un Marshall. Il s’agit juste d’un méprisable mercenaire qui n’a pas digéré d’avoir été abandonné par sa femme au temps de la Guerre de Sécession, pour laquelle il combattait dans les Armées du Nord.

  Inutile d’en dire plus. The Naked Spur (1953) abolit toutes les gloses, tous les commentaires. Ce film est redécouvert intégralement à chaque visionnage. Il est indémodable car chacune de ses images, chacun de ses dialogues, chaque intonation dans le jeu de ses acteurs et de son actrice invente un procédé. Chaque séquence de ce film est une œuvre en soi sur laquelle on peut passer des heures et des heures à interpréter, à penser, à divaguer, à créer, car tout y est pensé, ordonné, mesuré et accompli. L’Appât (le titre français est aussi un beau titre, certes moins percutant que l’original) demeure ce film immense, ce western à la splendeur inentamée, qui nous a fait aimer à tout jamais le beau et grand cinéma américain humaniste. Il s’agit aussi d’une production de la Metro, celle qu’aimaient Godard (il en parlait si bien) et Truffaut. Il s’agit surtout d’un film admirable du merveilleux Anthony Mann, ce réalisateur de films essentiels dont nous reparlerons bientôt.

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Les westerns mythiques : (#6) « Mort ou vif » de Sam Raimi

Sharon Stone s'apprête à faire siffler les balles, dans la poussière de Redemption. © Tri Star Pictures

Sharon Stone s’apprête à faire siffler les balles, dans la poussière de Redemption. © Tri Star Pictures

  Quand The Quick and the Dead (le titre original de Mort ou vif) sort sur les écrans en 1995, le réalisateur Sam Raimi est connu pour sa trilogie horrifique Evil Dead, qui avait enthousiasmé dans les Eighties tous les aficionados des cinémas de genre. Il n’était pas encore l’heure pour lui de s’attaquer au mythe de Spider-Man. De la même façon, Leonardo DiCaprio n’était pas encore le roi du monde à la proue du Titanic (James Cameron, 1997), enlaçant tendrement Kate Winslet. Et Russell Crowe ne tombait pas encore amoureux de Kim Basinger dans L.A. Confidential (Curtis Hanson, 1997) la même année, dans ce qui reste à ce jour la meilleure adaptation au cinéma d’un roman de James Ellroy.

Par contre, Sharon Stone, elle, avait gagné ses galons de star absolue au cinéma et de Girl Next Door depuis quelques années déjà. Les Nineties ont été pour elle sa Golden Decade (citons seulement Basic Instinct de Paul Verhœven en 1992, Sliver de Phillip Noyce en 1993, L’Expert de Luis Llosa en 1994, Casino de Martin Scorsese en 1995, Diabolique de Jeremiah S. Chechik en 1996, ou encore le remake de Gloria de Sidney Lumet en 1999). C’est pourquoi elle est le personnage principal de ce somptueux western. Elle est l’héroïne incontestable, et ceux qui voudront lui contester son leadership de pistolero vont bientôt mordre la poussière de la ville sans foi ni loi de Redemption. Sharon Stone irradie littéralement la pellicule, merveilleusement photographiée par le génie italien Dante Spinotti.

Elle incarne dans Mort ou vif une jeune femme qui arrive très remontée dans une ville poussiéreuse de l’Ouest, Redemption. Dans cette bourgade, un homme, Herod, y fait la loi au mépris de toute bienséance sociale et juridique. La jeune femme s’installe à l’hôtel et s’inscrit au concours de tir qui voit débouler tous les pistoleros, tous les outlaws et tous les maboules de la région. Pourquoi cette belle femme vient se mélanger à cette faune de tarés qui tire à tout-va ? Et pourquoi semble-t-elle faire une fixation sur ce Herod, qui à la fois l’inquiète et l’attire malgré elle ? Et puis cet homme très séduisant, Cort, enchaîné par les sbires de Herod, quel rôle va-t-il jouer dans la mascarade de cette ville sauvage ?

Disons le tout net : Mort ou vif reste aujourd’hui encore le chef-d’œuvre absolu de Sam Raimi, pourtant pas avare en œuvres cinématographiques hors du commun. Non seulement il donne ses lettres de noblesse à un genre en perte de vitesse au milieu des années 1990, mais il rend aussi hommage à ceux qui l’ont précédé dans l’exercice : Sergio Leone en premier lieu, Clint Eastwood ensuite. En conférant le rôle de Herod à Gene Hackman, qui trois ans auparavant officiait dans Impitoyable (Clint Eastwood, 1992), Sam Raimi s’inscrit dans une lignée : celle des orfèvres du genre.

D’ailleurs, Gene Hackman est prodigieux dans Mort ou vif. Chaque inflexion de sa voix, chaque réplique, chacun de ses gestes dessinent le portrait d’un homme sadique et cruel, mais qu’on ne peut s’empêcher de craindre et de scruter. Gene Hackman réussit le miracle de nous faire aimer déraisonnablement une figure maléfique de haute volée. Et face à lui, Sharon Stone, Russell Crowe, Lance Henricksen et Leo DiCaprio tiennent sacrément la route.

Ce western exceptionnel symbolise ce qu’une conjonction de talents inouïs arrive à réaliser quand le feu sacré brûle sur l’autel du travail bien fait. 

Depuis sa sortie sur nos écrans en 1995, ce western ne cesse de se bonifier. C’est pourquoi, aujourd’hui, il fait figure de film mythique dans ce genre, le western, que nous aimons par dessus tout.

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Ciné 80 : (#8) « Highlander » de Russell Mulcahy

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Dans un plan saisissant de ce film de l’Australien Russell Mulcahy, le highlander, un être humain devenu immortel, est en fâcheuse posture. Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale dans cette séquence. Pendant qu’un officier SS lui tire dessus à la mitraillette, il s’affaisse sur une petite fille, Rachel, que le nazi vient de rendre orpheline. Soudain il ouvre les yeux, et la petite, surprise, lui demande : « Mais tu es vivant ? » Et Christophe Lambert, qui interprète ce preux chevalier qui traverse le temps depuis quatre siècles et demi, depuis les Highlands de son Clan en 1536, jusqu’au New York de l’année 1985, répond à la petite, tout en lui adressant un clin d’œil : « It’s a kind of magic ! » Alors il se relève et abat le nazi. Rachel deviendra par la suite la femme très classe qui protègera l’identité secrète de Connor MacLeod.

Highlander date de 1986 et met en vedette à Hollywood notre star masculine française de l’époque, Christophe Lambert, qui avait crevé les écrans dans Subway de Luc Besson en 1985, et dans Greystoke, la légende de Tarzan du Britannique Hugh Hudson un an plus tôt (en 1984 donc). Nous reparlerons plus en détail de ces deux-films-là dans deux prochains articles de la rubrique Ciné 80 (patience, patience !)

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Pendant un tiers du film le personnage de Connor MacLeod est associé à celui, plus fantasque, de Juan Ramirez, le flamboyant hidalgo immortel lui aussi, et plus vieux de 6500 ans. C’est Sean Connery qui interprète savoureusement ce personnage de mentor haut en couleur, calqué sur celui d’Alec Guinness dans le tout premier volet de La Guerre des Étoiles (1977) de George Lucas. Les années 1980 continuaient les décennies 1960 et 1970 qui avaient fait de l’Écossais Sean Connery une star de cinéma incontournable. Pendant cette décennie 80 l’acteur s’amuse, et cela se reflète dans le choix de ses rôles, qui s’écartent de ceux qu’il arborait une décennie plus tôt : le roi grec Agamemnon dans Bandits, Bandits de Terry Gilliam en 1981, le shérif William T. O’Neil dans Outland, loin de la Terre de Peter Hyams en 1981 toujours, James Bond 007 à nouveau (et pour un dernier tour de piste) dans le sublime Jamais plus jamais d’Irvin Kershner en 1983 (qui reste un Bond non officiel, ne l’oublions pas), Guillaume de Baskerville dans le puissant et poétique Le Nom de la Rose du Français Jean-Jacques Annaud en 1986, la même année que le Mulcahy qui nous intéresse ici, le flic incorruptible Jim Malone dans le chef-d’œuvre Les Incorruptibles de Brian de Palma en 1987, et bien entendu le premier Professeur Jones, Henry Jones, Sr., dans le très beau Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg en 1989, pour clore la décennie en beauté. L’acteur vieillissant aimait incarner des mentors, des hommes d’âge mûr qui transmettent quelques bribes d’expériences humaines à de jeunes têtes brûlées qui foncent tête baissée sur le chemin escarpé de la vie.

Un bon film, comme disait Alfred Hitchcock, c’est aussi un méchant qui marque les esprits. En la matière le très méchant guerrier immortel de Highlander, le Kurgan, qui veut remporter le prix ultime pour soumettre l’humanité à sa botte, ne manque d’aucunes des caractéristiques qui en font un antagoniste inoubliable : look punk-rock démentiel, dégaine de cuir noir, farouche envie de mettre le feu à la bienséance au cœur même d’une paisible église qui n’en demandait pas tant.

Alors quand dans la salle de cinéma, en 1986, le dernier plan tourné dans les Highlands nous montrait le dernier Immortel Connor MacLeod enlacer tendrement son amoureuse, la belle New Yorkaise de la Police scientifique Brenda, et laissait la place au générique de fin en faisant miauler dans les enceintes la chanson-titre du film : A Kind of Magic de Queen, un de nos groupes préférés des Eighties, on venait de comprendre que ce jeune réalisateur australien surdoué, Russell Mulcahy, venait de nous offrir les clés enchantées du Dernier Royaume de notre enfance, celui des rêves en celluloïd, en Panavision  et en Technicolor, qui allaient nous accompagner toute notre vie.

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Mission: Impossible – The Final Reckoning (2025)

L'IMF est en mission… pour sauver le monde.

L’IMF est en mission… pour sauver le monde.

Ces nouvelles aventures de l’agent Ethan Hunt et de sa Task Force de l’IMF démarrent sur les chapeaux de roue. Pendant les 2h49 qui suivent, le rythme ne faiblit jamais. Ethan, qui a mis la main dans l’épisode précédent sur une double clé d’une importance capitale pour arriver au code-source de l’Entité, une IA démiurge qui veut prendre le contrôle des mises à feu nucléaires mondiales (rien de moins !), va courir après un antagoniste, Gabriel, qui lui donne du fil à retordre. Mais voilà, Ethan Hunt est résilient, et même cabossé à l’extrême par les sbires de Gabriel dans des sous-sols cauchemardesques, le désormais sexagénaire envoie encore du lourd en matière de bagarres fractales. Mais là n’est plus l’essentiel.

Même la caméra refuse d’impressionner la pellicule avec de la violence gratuite. On laisse le superviseur du son nous faire comprendre de quoi il s’agit. Ce qui est important désormais, c’est cela : Tom Cruise court une fois de plus contre la montre. En allant en Autriche, en passant par Londres, en se rendant par sous-marin nucléaire (excusez du peu !) barboter dans les eaux glaciales de la Mer de Béring, et en s’envoyant littéralement en l’air au-dessus de l’Afrique du Sud, Tom/Ethan réunit deux héros cinématographiques en un seul : il est à la fois James Bond 007 (puisque Daniel Craig a délaissé le costume) et Indiana Jones (même si Harrison Ford ne daigne pas lâcher le flambeau). Il court, nage, vole, bastonne bien comme il faut, mais, contrairement à eux, il n’a aucun goût pour la gaudriole. Car il préfère l’amitié aux galipettes sous la couette. Ce qu’il partage avec James Bond, par contre, c’est la ville de Londres, dans laquelle il apparaît à deux reprises au cours du film. Il semble que Londres devienne l’endroit où l’agent de l’IMF et ses autres protagonistes préfèrent vivre. En cela cette nouvelle aventure de la bande de l’IMF est raccord avec le tout premier film de la saga cinématographique initiée par Tom Cruise et Brian de Palma en 1996, où les scènes londoniennes étaient le marqueur original de cette quête d’espionnage à l’échelle internationale. Et puis Tom Cruise a vécu à Londres, pendant le tournage de Eyes Wide Shut (1999) de Stanley Kubrick.

Techniquement irréprochable, truffé de séquences spectaculaires fabriquées à l’ancienne, Mission: Impossible – The Final Reckoning de Christopher McQuarrie, est une déclaration d’amour du beau Tom vieillissant à son public de fans de la première heure, celles et ceux qui ne l’ont jamais lâché depuis ses débuts tonitruants dans Legend (Ridley Scott, 1985), Top Gun (Tony Scott, 1986), La couleur de l’argent (Martin Scorsese, 1987) et Rain Man (Barry Levinson, 1988), et dont je fais partie.

Il s’agit d’un spectacle cinématographique réjouissant à aller voir en famille avec les kids.

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Un séjour au Texas : « Texas Chainsaw Massacre » (2022)

Massacre à la tronçonneuse Texas Chainsaw Massacre, premier du nom, réalisé par Tobe Hooper en 1974, reste le film matriciel du genre horrifique contemporain au cinéma. Alors, réinvestir le mythe du tueur motivé Leatherface au début des années 2020, sous la houlette de Fede Alvarez à la production pour le compte de Legendary Pictures et de Netflix, était un pari risqué. Car les fans absolus de cette franchise, qui aiment regrouper cet ensemble de films sous le vocable Leatherface, comme un cri de ralliement à un cinéma d’horreur organique à l’ancienne, allaient montrer de quel bois on se chauffe, et de ce qu’on avait dans l’estomac… Non, mais !

Prenez deux sœurs, Lila, une rescapée de la tuerie du lycée de Stonebrook, et sa grande sœur Melody, qui veille sur elle, et qui décide d’investir ses économies dans la ville fantôme de Harlow, au Texas, pour la faire revivre en mode « attention, les bobos prennent goût à la campagne ! » Elles sont accompagnées dans leur aventure par un couple d’amis et par un bus rempli à ras bord de jeunes investisseurs friqués et branchés. Tout se passerait pour le mieux si les choses étaient faites dans les règles de l’art ; mais voilà, une irréductible vieille dame a volontairement oublié de quitter les lieux. Elle a dirigé pendant cinquante ans l’orphelinat de Harlow et a redonné du sens à la vie cabossé de ses petit.es pensionnaires. Melody et ses ami.es, depuis Austin, et avec l’aide des banquiers, ont acté l’expropriation de cette vieille dame impotente. Mais cette dernière s’accroche désespérément à sa vieille bâtisse. Elle ne veut pas partir…

Ne réveillez surtout pas le monstre endormi, et qui sommeille depuis trop longtemps sous le masque tragique de la Mort Rouge. Car il a passé les dernières années de sa vie à s’occuper du mieux qu’il pouvait de celle qui lui a accordé de l’attention. Bientôt, très bientôt les startuppers trentenaires autosatisfaits vont mordre la poussière au son de la musique abrasive d’une antédiluvienne tronçonneuse à la chaîne rouillée.

On va entendre à nouveau crier, hurler, gémir, haleter, dans ce coin de Texas aux couchers de soleil flamboyants. Et Leatherface de danser, danser, danser, dans l’aube ou au crépuscule, accompagné par le chant de la tronçonneuse, avec cette envie folle de poétiser les engins agricoles.

Ce Massacre à la tronçonneuse cuvée 2022, réalisé pour Netflix par David Blue Garcia, est un film d’horreur graphique millimétrée, dans lequel même les plus vaillantes Texas Rangers finissent par succomber, un sourire aux lèvres. Welcome into the Lone Star State !

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Maurice Ronet, d’une saisissante intensité dans « Le Feu Follet » de Louis Malle

Maurice Ronet  En 1963 Louis Malle filme Maurice Ronet dans l’adaptation pour le cinéma d’un roman du sulfureux écrivain collaborationniste Drieu La Rochelle. L’histoire que ça raconte n’est pas romanesque pour un sou ; c’est plutôt la façon de filmer un homme en mouvement qui intéresse le réalisateur, apparenté à ses débuts à la Nouvelle Vague. Louis Malle filme amoureusement le visage (dans les gros plans) et le corps (dans les plans larges et américains) d’un acteur de cinéma incandescent : Maurice Ronet. Ce dernier a 36 ans au moment du tournage (il mourra prématurément 20 ans plus tard, en 1983) et est à ce moment-là, au début des années 1960, le meilleur comédien de sa génération. Maurice Ronet était l’incarnation saisissante sur les écrans d’un naturel masculin qui n’avait pas été truqué par les convenances cosmétiques propres au cinéma et à ses artifices. À ce titre, il était inclassable.

Maurice Ronet n’a jamais été une figure populaire à la manière d’un Delon ou d’un Belmondo ; il n’a pas été non plus un comédien aristocratique à la façon d’un Rochefort ou d’un Marielle. Je le rapprocherai plutôt de Charles Denner. Tous les deux ont été des compagnons de route, assez indifférents toutefois, de la Nouvelle Vague.

La Nouvelle Vague, je ne sais pas trop bien ce que c’était. Mais je pense (bien entendu, je peux me tromper) que ni Truffaut, ni Godard, ni Molinaro, pas plus que Chabrol ou Rivette, ne savaient non plus ce que c’était. Le geste fou de filmer en liberté, en plein air, en son direct et en Noir & Blanc dans les rues de Paris, des comédiennes et des comédiens éblouissant.es de naturel, suffisait à leur bonheur. Le fil narratif de l’histoire n’avait pas grande importance. C’est pourquoi Louis Malle, en 1963, qui se voulait quand même à la marge du mouvement et de l’école malgré elle estampillée du joli nom de « Nouvelle Vague » par l’écrivaine et journaliste parisienne Françoise Giroud, regarde avec sa caméra évoluer Maurice Ronet dans les méandres d’une vie qui ne revêt plus la signification des débuts, quand il était encore un jeune type noctambule à qui tout souriait : les femmes, les amitiés masculines profondes, les alcools forts, la possibilité de vivre à New York et d’y être heureux.

Dans Le Feu Follet (1963) donc, Maurice Ronet incarne Alain, un jeune type très bien de sa personne, très séduisant, qui reprend du poil de la bête dans une maison de santé, à Versailles. On y soigne son alcoolisme mondain. Cette pénitence lui fait prendre conscience que jusqu’à présent il n’a été qu’un viveur, non pas un héritier ou un profiteur. Non, mais un dandy inconséquent. Alain noyait son angoisse existentielle dans les bras des femmes, aux comptoirs des palaces de la capitale. De conquête en conquête, ce bel homme irrésistible s’enfonce de plus en plus dans la mélancolie. Voilà pour l’anecdote narrative. Car ce n’est pas ça le plus important. Non, ce qui est sensationnel dans ce long-métrage entièrement tourné dans un sublime Noir & Blanc c’est de voir se matérialiser sous nos yeux l’exaspération des proches d’Alain, ses soi-disant ami.es qui continueraient de l’aimer à la seule condition qu’il endosse une dernière fois sa personnalité factice d’autrefois : il pourrait alors espérer coucher avec Solange, ou continuer sa relation érotique avec la belle amie américaine de son ex-femme, Dorothy, qui, elle, l’a quitté pour de bon à cause de ses dérives éthyliques.

Alain fait sienne la maxime du narrateur désenchanté d’Alfred de Musset dans La Confession d’un enfant du siècle, publié en 1836. Plus rien ne l’émeut maintenant qu’il est sobre. Un dernier tour de piste sur le lieu même de ses forfaits alcoolisés d’autrefois lui fait comprendre l’inanité de sa position et de son rang.

Ce film immense est d’une beauté fulgurante. Maurice Ronet y est impérial, en lead character qu’on ne quitte jamais des yeux. Il bouffe littéralement l’écran et incendie la pellicule de son magnétisme raffiné. Je chéris cette œuvre de Louis Malle qui illustre à merveille et sans commune mesure la beauté du cinéma français, à la fois populaire et profond, des années 1960, qui est aussi la décennie prodigieuse de la « Nouvelle Vague » que j’aime tant.

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« Hôtel Rêverie » : l’un des plus beaux « films » de 2025 ?

Hôtel Rêverie Les actrices de cinéma sont l’incarnation la plus absolue, la plus parfaite, de ce qui fait sens et qui se déroule sur l’écran d’une salle obscure. Elles donnent corps et langue (à partir du cinéma parlant) à des personnages qui enrichissent le monde de la fiction filmée avec les instruments qui capturent la lumière et les ombres. Toute une pléiade d’actrices formidables prend place au firmament de nos imaginaires cinématographiques. En des temps actuels qui privilégient les histoires racontées sur le petit écran, dans les séries télévisuelles, les actrices continuent de satisfaire notre besoin d’admiration artistique.

La jeune actrice britannique Emma Corrin, qui incarne une star du cinéma d’autrefois dans l’épisode Hôtel Rêverie de la saison 7 de la série anthologique Black Mirror, ne dépareille pas aux côtés de Lilian Gish et de Greta Garbo. Cela elle le doit à la perfection de son interprétation. Son jeu d’actrice est investi de la même autorité, de la même exigence que celui de ses consœurs du passé. Son jeu relève lui aussi de l’Art illusionniste qui nous fait aimer à la folie les interprétations en mode majeur ou mineur, qu’importe, mais qui sont teintées de touches mélancoliques, de celles qui nous font venir les larmes aux yeux dans les moments les plus émouvants de l’épisode.

La jeune actrice de l’épisode est un personnage réinventé, généré par une IA, coincé dans un univers de fiction en noir et blanc qui a l’apparence d’un hôtel. Son monde s’arrête aux contours de la fiction que les informaticiens ont imaginé pour elle. L’actrice de 2025, incarnée par Issa Rae, qui doit à tout prix relancer sa carrière menacée par les plus jeunes interprètes sur le marché, est bien réelle, et se retrouve coincée dans la matrice de cette boucle fictionnelle, qui s’autonomise de seconde en seconde. Cela peut-il empêcher une délicate histoire d’amour de se produire entre les deux comédiennes ?

Hôtel Rêverie réussit là où de nombreux films pensés et réalisés pour le cinéma ont échoué ces dernières années. Il nous fait aimer deux personnages féminins attachants et réellement consistants. Ce qui est rendu possible grâce à la richesse de la palette émotionnelle d’Emma Corrin et d’issa Rae. Ironie du sort : cela se déroule dans un univers de fiction exclusivement généra par les IA.

Le titre même de l’épisode, en français, réalisé par Haolu Wang, une cinéaste britannique, fait référence aux films des années 1930 et 1940. Beaucoup d’entre eux contenaient une intrigue qui se déroulait dans un hôtel (et le plus célèbre d’entre eux reste Casablanca de Michael Curtiz en 1942, et je vous invite aussi à découvrir l’admirable Casbah de John Berry avec Yvonne de Carlo et Peter Lorre, qui date de 1948) ou dans un palace. Les endroits clos, hermétiques, qui contiennent un microcosme humain fascinant à scruter, recèlent une quantité infini de ressorts dramatiques. En permettant au personnage incarné par Issa Rae de voyager en conscience dans les entrelacs numériques d’un monde entièrement reconstitué, la société de high-tech ReDream va aussi lui permettre, bien malgré elle, de renouer avec le sentiment amoureux. Alors la question se pose aujourd’hui : si on aime dans la vraie vie, pourquoi ne pourrions nous pas aimer dans un monde fictif, reconstitué, reconfiguré ? Les sentiments, eux, n’ont pas l’air de vouloir devenir des équations.

Les actrices sont les garantes de ce principe invariable : on aime qui on veut, dans la vraie vie comme au cinéma ou dans une série télévisuelle de haute volée (encore bravo au showrunner anglais Charlie Brooker, à qui nous devons la tenue impeccable de ces 7 saisons magistrales de Black Mirror). Et on ne se justifie pas. Jamais.

Hôtel Rêverie demeurera à tout jamais ce petit film merveilleux d’1h16 pour la télé, qui remet les pendules (quantiques) à l’heure. Et ça nous fait un bien fou.

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L’apprentissage du désordre : « The Apprentice » (2024) d’Ali Abbasi

The AprenticeDans The Apprentice (2024) un cinéaste d’origine iranienne, Ali Abbasi, qui vit à Copenhague, réunit dans son casting deux acteurs formidables, Sebastian Stan et Jeremy Strong, et une actrice exceptionnelle, Maria Bakalova, pour nous raconter les débuts à New York de l’actuel 47e président des États-Unis d’Amérique, à savoir Donald J. Trump.

Mais il ne s’agit pas d’un biopic, ni d’un assemblement de moments marquants dans le parcours singulier d’un individu mondialement connu. Il s’agit plutôt de dresser deux époques l’une face à l’autre : la deuxième moitié des années 1970, quand New York était une ville cosmopolite et dangereuse, voit les ambitions d’un jeune héritier de l’immobilier rencontrer une figure de mentor ; il s’agit du sulfureux Roy Cohn, un avocat affairiste qui a comme fait d’armes l’électrocution des époux Rosenberg sous le sénateur Mac Carthy. C’est dans cette première partie du film qu’on assiste à l’envol du magnat de l’immobilier qui tire toutes ses ficelles du sac à malices de l’avocat. Comment suborner un témoin lors d’un appel d’offres de la mairie de New York pour la fabrication d’un hôtel de grand standing dans un quartier de mixité sociale, laquelle sera réduite à néant si le projet est retenu ? Ou encore comment menacer un juge des affaires administratives en lui exhibant sous le nez des photos volées dans lesquelles il est en fâcheuse posture dans les bras de prostitués mexicains pubères ? Cette première partie met en images les recettes imprimées par Machiavel au XVIe siècle dans la Florence des Médicis. S’agissant des us et coutumes des trafics d’influence et des malversations au sein de ce que l’actrice bulgare Maria Bakalova nomme à plusieurs reprises dans les bonus DVD du film l’empire américain, cette comparaison n’est pas fortuite.

Ensuite, et en regard, nous est proposée en deuxième partie l’ascension, au sommet de la gloire industrielle et médiatique, du golden boy Trump, pendant la décennie reaganienne (les années 1980) qui a permis aux traders et aux yuppies de détricoter tout l’édifice social des États-Unis, mis en place sous Roosevelt pendant le New Deal, en 1933. Comment on s’empare des leviers du pouvoir économique, quand on ne respecte aucune règle de bienséance financière ? Donald J. Trump va appliquer à la lettre les préceptes de son mentor. Il construit son édifice immobilier mais les premières fissures apparaissent : le ménage avec Ivana bat de l’aile et le mentor autrefois admiré, fait maintenant figure de repoussoir. D’ailleurs on ne prend plus ses appels au téléphone.

Il faut saluer l’interprétation remarquable de Sebastian Stan (dans le rôle de Donald Trump), celle tout aussi savoureuse de Jeremy Strong (dans le rôle de Roy Cohn, le mentor sulfureux) qui est en train de devenir mine de rien le meilleur comédien vivant de sa génération, et la parfaite partition de Miss Maria Bakalova qui donne beaucoup de relief au personnage d’Ivana Trump.

Ce film dresse le portrait d’une époque (le tournant des Seventies/Eighties en Amérique du Nord) pendant laquelle s’est édifiée notre modernité, à travers la frénésie avec laquelle le capitalisme outrancier et la financiarisation de l’économie des pays à économie de marché a contaminé le monde entier. Ce film devient indispensable pour savoir exactement dans quel monde complexe nous vivons. Mais en même temps il reste un grand spectacle visuel et sonore qui rivalise avec les grands films politiques américains d’antan (je pense aux Trois jours du condor de Sydney Pollack en 1975, ou à JFK d’Oliver Stone en 1991, qui est cité par le réalisateur dans les bonus DVD du film).

 

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Ciné 80 : (#7) « Les Sorcières d’Eastwick » de George Miller

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Comment se défaire de l’emprise d’un homme ? Sous ses atours de comédie fantastique grand public Les Sorcières d’Eastwick (Warner Bros., 1987) de l’Australien George Miller, montre par l’exemple comment les femmes peuvent lutter pour mettre fin à une relation toxique. Trois amies de la même petite ville ont un rituel : chaque jeudi soir elles se retrouvent chez l’une d’entre elles pour se lamenter sur leur vie ordinaire en solo (une vient juste de divorcer, l’autre est veuve, enfin la dernière a trop d’enfants à élever). Mais surtout elles espèrent rencontrer l’homme qui les sortira de la torpeur de la vie provinciale, seulement rythmée par les kermesses, par les potins, et par les sorties à l’église. Soudain s’installe en ville un étranger, un anticonformiste qui vient de racheter un domaine de sinistre mémoire, où autrefois on y brûlait les sorcières.

Ce Daryl Van Horn a les traits de Jack Nicholson, et nos trois amies, incarnées par Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer, vont succomber au charme ensorceleur de cet envahissant personnage. Au début, tout est rose acidulé, mais à Eastwick l’amour dure trois nuits, puis l’inquiétude prend le pas sur la félicité des débuts. L’homme se fait de plus en plus pressant, envahissant, menaçant auprès de ses trois amantes. Alors nos trois amies vont devoir réagir sans plus attendre.

En 1987, deux ans seulement après la sortie en salles de Mad Max au delà du dôme du tonnerre (Warner Bros., 1985) il était intéressant de voir le réalisateur australien aux commandes de cette adaptation du roman éponyme de John Updique, un romancier américain pas franchement grand public, plutôt étiqueté monde intello de la Côte Est universitaire. Comment allait-il se sortir des méandres du roman afin de rendre lisible, et visuelle, et accrocheuse, une narration très littéraire ? Brian de Palma a affronté les mêmes problématiques au moment de son adaptation pour le grand écran du roman de Tom Wolfe Le Bûcher des vanités (Warner Bros., 1990).

Loin des cascades motorisées filmées en plein de désert de Namibie le film repose sur la rencontre entre la star masculine de l’époque Jack Nicholson (dont les lumières jetaient leurs derniers feux) et trois actrices de cinéma dont la carrière s’envolait au firmament : Sarandon, Cher et Pfeiffer. Toutes les trois, elles étaient capables de tenir la dragée haute au cabotin Nicholson (dont le sommet de l’interprétation avait été figé à tout jamais par les caméras de Stanley Kubrick dans Shining en 1980 pour la Warner). Une séquence du film de George Miller illustre à merveille cela : quand Cher pénètre à la tombée de la nuit dans le manoir de Daryl pour sauver Sukie (le personnage de Michelle Pfeiffer) à qui il fait du mal à distance, la caméra filme en gros plan Jack Nicholson dans une longue tirade dont il a le secret (il fait son numéro d’acteur-star) pendant que le contrechamp sur Cher nous la montre impassible, faire face en toute simplicité devant cette démonstration d’acting virtuose, mais vaine en fin de compte. C’est Cher qui rend crédible la séquence, et qui préfigure le contre-pouvoir à venir de ces trois femmes puissantes, qui veulent mettre un terme à l’emprise du mâle.

Même si les effets spéciaux du film paraissent désuets aujourd’hui, cette comédie fantastique réalisée par le créateur des Mad Max se laisse revoir (ou découvrir pour la toute première fois) avec beaucoup de plaisir.

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« Nosferatu » (Hiver 2024/2025) : un film hivernal qui nous accompagnera longtemps

Ellen Hutter en proie aux machinations vampiriques.

Ellen Hutter en proie aux machinations vampiriques.

 C’est entendu : quand on aime à la folie les films de vampires, on se précipite dans sa salle de cinéma la plus proche et, sans demander son reste, on jubile. Car les créatures de la nuit reviennent en force au cinéma cette année ! Alors, qu’on se rassure tout de suite : ce Nosferatu 2024 est un grand cru, un très grand cru même. Et nous allons essayer de comprendre pourquoi.

Pour Lily-Rose Depp : Pas de grand film sans grande actrice à l’intérieur. L’incarnation d’un personnage reste l’élément fondamental pour que l’œuvre cinématographique imprime durablement nos rétines. Et dans le rôle de la belle Ellen Hutter, qui est fraîchement mariée au falot clerc de notaire Thomas Hutter, Lily-Rose Depp est parfaite. Elle sait rendre à merveille les contrariétés de sa personnalité mélancolique qui vont permettre au cruel Strigoï (un vampire en roumain) de venir chambouler la psyché de cette épouse corsetée, qui étouffe sous le poids des conventions bourgeoises. Mais, comme dans le remarquable Bram Stoker’s Dracula de Coppola, l’amour cherche à triompher du mal.

Pour la mise en scène au cordeau : On reconnaît les maîtres et les maîtresses du cinéma contemporain à leur capacité à bâtir un univers fictionnel tangible, solide, opératique. La ville de Wisburg en 1838, reconstituée en République Tchèque, est aussi un des personnages principaux du film. La reconstitution historique est somptueuse. La photographie de Jarin Blaschke est tellement belle dans son monochrome qui tire vers le noir et blanc, qu’on peut espérer pour lui une nomination dans la catégorie du meilleur directeur de la photographie cette année aux Oscars.

Pour les variations subtiles autour du mythe du vampire : Dans ce Nosferatu le comte Orlok, cet aristocrate déchu des Carpathes, autrefois puissant, fait vraiment peur à l’écran. Car on est en présence d’un non-mort, d’une créature éternellement en putréfaction, qui ne peut subsister sur la surface de la terre qu’en propageant le mal. Qu’y-a t’il de pire que de s’attaquer à des fillettes à la veille de Noël ? Bill Skarsgård offre une interprétation remarquable de ce vampire tyrannique, en ne copiant personne dans sa façon de jouer cet être surnaturel orgueilleux et démoniaque.

Pour le sound-design : La qualité du son couplé à une musique de Robin Carolan entêtante, ensorcelante et mélancolique à souhait, souligne chaque intonation de la mise en scène orchestrée par un véritable génie de la réalisation : Robert Eggers.

Pour le réalisateurNosferatu est seulement le 4e film pour le cinéma de Robert Eggers, et il nous offre encore une fois un chef-d’œuvre de poésie macabre, dont la beauté des plans va nous accompagner une bonne partie de cette nouvelle année 2025 qui commence à peine. Il signe un remake respectueux de son matériau originel (le roman de Bram Stoker et le premier Nosferatu de l’histoire du cinéma du génie allemand Murnau). Après The Witch (2015), The Lighthouse (2019) et The Northman (2022) son Nosferatu (2024) finit de nous convaincre : avec Robert Eggers nous sommes en présence d’un merveilleux réalisateur de cinéma, qui, en quelques films, a complètement renouvelé les genres horrifiques et fantastiques.

Pendant nos soirées et nos nuits hivernales le Nosferatu de Robert Eggers avec Lily-Rose Depp va réchauffer longtemps nos petits cœurs transis. Pour notre plus grand plaisir d’amoureuses et d’amoureux fous des créatures de la nuit.

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