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Un séjour au Texas : « Texas Chainsaw Massacre » (2022)

Massacre à la tronçonneuse Texas Chainsaw Massacre, premier du nom, réalisé par Tobe Hooper en 1974, reste le film matriciel du genre horrifique contemporain au cinéma. Alors, réinvestir le mythe du tueur motivé Leatherface au début des années 2020, sous la houlette de Fede Alvarez à la production pour le compte de Legendary Pictures et de Netflix, était un pari risqué. Car les fans absolus de cette franchise, qui aiment regrouper cet ensemble de films sous le vocable Leatherface, comme un cri de ralliement à un cinéma d’horreur organique à l’ancienne, allaient montrer de quel bois on se chauffe, et de ce qu’on avait dans l’estomac… Non, mais !

Prenez deux sœurs, Lila, une rescapée de la tuerie du lycée de Stonebrook, et sa grande sœur Melody, qui veille sur elle, et qui décide d’investir ses économies dans la ville fantôme de Harlow, au Texas, pour la faire revivre en mode « attention, les bobos prennent goût à la campagne ! » Elles sont accompagnées dans leur aventure par un couple d’amis et par un bus rempli à ras bord de jeunes investisseurs friqués et branchés. Tout se passerait pour le mieux si les choses étaient faites dans les règles de l’art ; mais voilà, une irréductible vieille dame a volontairement oublié de quitter les lieux. Elle a dirigé pendant cinquante ans l’orphelinat de Harlow et a redonné du sens à la vie cabossé de ses petit.es pensionnaires. Melody et ses ami.es, depuis Austin, et avec l’aide des banquiers, ont acté l’expropriation de cette vieille dame impotente. Mais cette dernière s’accroche désespérément à sa vieille bâtisse. Elle ne veut pas partir…

Ne réveillez surtout pas le monstre endormi, et qui sommeille depuis trop longtemps sous le masque tragique de la Mort Rouge. Car il a passé les dernières années de sa vie à s’occuper du mieux qu’il pouvait de celle qui lui a accordé de l’attention. Bientôt, très bientôt les startuppers trentenaires autosatisfaits vont mordre la poussière au son de la musique abrasive d’une antédiluvienne tronçonneuse à la chaîne rouillée.

On va entendre à nouveau crier, hurler, gémir, haleter, dans ce coin de Texas aux couchers de soleil flamboyants. Et Leatherface de danser, danser, danser, dans l’aube ou au crépuscule, accompagné par le chant de la tronçonneuse, avec cette envie folle de poétiser les engins agricoles.

Ce Massacre à la tronçonneuse cuvée 2022, réalisé pour Netflix par David Blue Garcia, est un film d’horreur graphique millimétrée, dans lequel même les plus vaillantes Texas Rangers finissent par succomber, un sourire aux lèvres. Welcome into the Lone Star State !

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Maurice Ronet, d’une saisissante intensité dans « Le Feu Follet » de Louis Malle

Maurice Ronet  En 1963 Louis Malle filme Maurice Ronet dans l’adaptation pour le cinéma d’un roman du sulfureux écrivain collaborationniste Drieu La Rochelle. L’histoire que ça raconte n’est pas romanesque pour un sou ; c’est plutôt la façon de filmer un homme en mouvement qui intéresse le réalisateur, apparenté à ses débuts à la Nouvelle Vague. Louis Malle filme amoureusement le visage (dans les gros plans) et le corps (dans les plans larges et américains) d’un acteur de cinéma incandescent : Maurice Ronet. Ce dernier a 36 ans au moment du tournage (il mourra prématurément 20 ans plus tard, en 1983) et est à ce moment-là, au début des années 1960, le meilleur comédien de sa génération. Maurice Ronet était l’incarnation saisissante sur les écrans d’un naturel masculin qui n’avait pas été truqué par les convenances cosmétiques propres au cinéma et à ses artifices. À ce titre, il était inclassable.

Maurice Ronet n’a jamais été une figure populaire à la manière d’un Delon ou d’un Belmondo ; il n’a pas été non plus un comédien aristocratique à la façon d’un Rochefort ou d’un Marielle. Je le rapprocherai plutôt de Charles Denner. Tous les deux ont été des compagnons de route, assez indifférents toutefois, de la Nouvelle Vague.

La Nouvelle Vague, je ne sais pas trop bien ce que c’était. Mais je pense (bien entendu, je peux me tromper) que ni Truffaut, ni Godard, ni Molinaro, pas plus que Chabrol ou Rivette, ne savaient non plus ce que c’était. Le geste fou de filmer en liberté, en plein air, en son direct et en Noir & Blanc dans les rues de Paris, des comédiennes et des comédiens éblouissant.es de naturel, suffisait à leur bonheur. Le fil narratif de l’histoire n’avait pas grande importance. C’est pourquoi Louis Malle, en 1963, qui se voulait quand même à la marge du mouvement et de l’école malgré elle estampillée du joli nom de « Nouvelle Vague » par l’écrivaine et journaliste parisienne Françoise Giroud, regarde avec sa caméra évoluer Maurice Ronet dans les méandres d’une vie qui ne revêt plus la signification des débuts, quand il était encore un jeune type noctambule à qui tout souriait : les femmes, les amitiés masculines profondes, les alcools forts, la possibilité de vivre à New York et d’y être heureux.

Dans Le Feu Follet (1963) donc, Maurice Ronet incarne Alain, un jeune type très bien de sa personne, très séduisant, qui reprend du poil de la bête dans une maison de santé, à Versailles. On y soigne son alcoolisme mondain. Cette pénitence lui fait prendre conscience que jusqu’à présent il n’a été qu’un viveur, non pas un héritier ou un profiteur. Non, mais un dandy inconséquent. Alain noyait son angoisse existentielle dans les bras des femmes, aux comptoirs des palaces de la capitale. De conquête en conquête, ce bel homme irrésistible s’enfonce de plus en plus dans la mélancolie. Voilà pour l’anecdote narrative. Car ce n’est pas ça le plus important. Non, ce qui est sensationnel dans ce long-métrage entièrement tourné dans un sublime Noir & Blanc c’est de voir se matérialiser sous nos yeux l’exaspération des proches d’Alain, ses soi-disant ami.es qui continueraient de l’aimer à la seule condition qu’il endosse une dernière fois sa personnalité factice d’autrefois : il pourrait alors espérer coucher avec Solange, ou continuer sa relation érotique avec la belle amie américaine de son ex-femme, Dorothy, qui, elle, l’a quitté pour de bon à cause de ses dérives éthyliques.

Alain fait sienne la maxime du narrateur désenchanté d’Alfred de Musset dans La Confession d’un enfant du siècle, publié en 1836. Plus rien ne l’émeut maintenant qu’il est sobre. Un dernier tour de piste sur le lieu même de ses forfaits alcoolisés d’autrefois lui fait comprendre l’inanité de sa position et de son rang.

Ce film immense est d’une beauté fulgurante. Maurice Ronet y est impérial, en lead character qu’on ne quitte jamais des yeux. Il bouffe littéralement l’écran et incendie la pellicule de son magnétisme raffiné. Je chéris cette œuvre de Louis Malle qui illustre à merveille et sans commune mesure la beauté du cinéma français, à la fois populaire et profond, des années 1960, qui est aussi la décennie prodigieuse de la « Nouvelle Vague » que j’aime tant.

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« Hôtel Rêverie » : l’un des plus beaux « films » de 2025 ?

Hôtel Rêverie Les actrices de cinéma sont l’incarnation la plus absolue, la plus parfaite, de ce qui fait sens et qui se déroule sur l’écran d’une salle obscure. Elles donnent corps et langue (à partir du cinéma parlant) à des personnages qui enrichissent le monde de la fiction filmée avec les instruments qui capturent la lumière et les ombres. Toute une pléiade d’actrices formidables prend place au firmament de nos imaginaires cinématographiques. En des temps actuels qui privilégient les histoires racontées sur le petit écran, dans les séries télévisuelles, les actrices continuent de satisfaire notre besoin d’admiration artistique.

La jeune actrice britannique Emma Corrin, qui incarne une star du cinéma d’autrefois dans l’épisode Hôtel Rêverie de la saison 7 de la série anthologique Black Mirror, ne dépareille pas aux côtés de Lilian Gish et de Greta Garbo. Cela elle le doit à la perfection de son interprétation. Son jeu d’actrice est investi de la même autorité, de la même exigence que celui de ses consœurs du passé. Son jeu relève lui aussi de l’Art illusionniste qui nous fait aimer à la folie les interprétations en mode majeur ou mineur, qu’importe, mais qui sont teintées de touches mélancoliques, de celles qui nous font venir les larmes aux yeux dans les moments les plus émouvants de l’épisode.

La jeune actrice de l’épisode est un personnage réinventé, généré par une IA, coincé dans un univers de fiction en noir et blanc qui a l’apparence d’un hôtel. Son monde s’arrête aux contours de la fiction que les informaticiens ont imaginé pour elle. L’actrice de 2025, incarnée par Issa Rae, qui doit à tout prix relancer sa carrière menacée par les plus jeunes interprètes sur le marché, est bien réelle, et se retrouve coincée dans la matrice de cette boucle fictionnelle, qui s’autonomise de seconde en seconde. Cela peut-il empêcher une délicate histoire d’amour de se produire entre les deux comédiennes ?

Hôtel Rêverie réussit là où de nombreux films pensés et réalisés pour le cinéma ont échoué ces dernières années. Il nous fait aimer deux personnages féminins attachants et réellement consistants. Ce qui est rendu possible grâce à la richesse de la palette émotionnelle d’Emma Corrin et d’issa Rae. Ironie du sort : cela se déroule dans un univers de fiction exclusivement généra par les IA.

Le titre même de l’épisode, en français, réalisé par Haolu Wang, une cinéaste britannique, fait référence aux films des années 1930 et 1940. Beaucoup d’entre eux contenaient une intrigue qui se déroulait dans un hôtel (et le plus célèbre d’entre eux reste Casablanca de Michael Curtiz en 1942, et je vous invite aussi à découvrir l’admirable Casbah de John Berry avec Yvonne de Carlo et Peter Lorre, qui date de 1948) ou dans un palace. Les endroits clos, hermétiques, qui contiennent un microcosme humain fascinant à scruter, recèlent une quantité infini de ressorts dramatiques. En permettant au personnage incarné par Issa Rae de voyager en conscience dans les entrelacs numériques d’un monde entièrement reconstitué, la société de high-tech ReDream va aussi lui permettre, bien malgré elle, de renouer avec le sentiment amoureux. Alors la question se pose aujourd’hui : si on aime dans la vraie vie, pourquoi ne pourrions nous pas aimer dans un monde fictif, reconstitué, reconfiguré ? Les sentiments, eux, n’ont pas l’air de vouloir devenir des équations.

Les actrices sont les garantes de ce principe invariable : on aime qui on veut, dans la vraie vie comme au cinéma ou dans une série télévisuelle de haute volée (encore bravo au showrunner anglais Charlie Brooker, à qui nous devons la tenue impeccable de ces 7 saisons magistrales de Black Mirror). Et on ne se justifie pas. Jamais.

Hôtel Rêverie demeurera à tout jamais ce petit film merveilleux d’1h16 pour la télé, qui remet les pendules (quantiques) à l’heure. Et ça nous fait un bien fou.

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L’apprentissage du désordre : « The Apprentice » (2024) d’Ali Abbasi

The AprenticeDans The Apprentice (2024) un cinéaste d’origine iranienne, Ali Abbasi, qui vit à Copenhague, réunit dans son casting deux acteurs formidables, Sebastian Stan et Jeremy Strong, et une actrice exceptionnelle, Maria Bakalova, pour nous raconter les débuts à New York de l’actuel 47e président des États-Unis d’Amérique, à savoir Donald J. Trump.

Mais il ne s’agit pas d’un biopic, ni d’un assemblement de moments marquants dans le parcours singulier d’un individu mondialement connu. Il s’agit plutôt de dresser deux époques l’une face à l’autre : la deuxième moitié des années 1970, quand New York était une ville cosmopolite et dangereuse, voit les ambitions d’un jeune héritier de l’immobilier rencontrer une figure de mentor ; il s’agit du sulfureux Roy Cohn, un avocat affairiste qui a comme fait d’armes l’électrocution des époux Rosenberg sous le sénateur Mac Carthy. C’est dans cette première partie du film qu’on assiste à l’envol du magnat de l’immobilier qui tire toutes ses ficelles du sac à malices de l’avocat. Comment suborner un témoin lors d’un appel d’offres de la mairie de New York pour la fabrication d’un hôtel de grand standing dans un quartier de mixité sociale, laquelle sera réduite à néant si le projet est retenu ? Ou encore comment menacer un juge des affaires administratives en lui exhibant sous le nez des photos volées dans lesquelles il est en fâcheuse posture dans les bras de prostitués mexicains pubères ? Cette première partie met en images les recettes imprimées par Machiavel au XVIe siècle dans la Florence des Médicis. S’agissant des us et coutumes des trafics d’influence et des malversations au sein de ce que l’actrice bulgare Maria Bakalova nomme à plusieurs reprises dans les bonus DVD du film l’empire américain, cette comparaison n’est pas fortuite.

Ensuite, et en regard, nous est proposée en deuxième partie l’ascension, au sommet de la gloire industrielle et médiatique, du golden boy Trump, pendant la décennie reaganienne (les années 1980) qui a permis aux traders et aux yuppies de détricoter tout l’édifice social des États-Unis, mis en place sous Roosevelt pendant le New Deal, en 1933. Comment on s’empare des leviers du pouvoir économique, quand on ne respecte aucune règle de bienséance financière ? Donald J. Trump va appliquer à la lettre les préceptes de son mentor. Il construit son édifice immobilier mais les premières fissures apparaissent : le ménage avec Ivana bat de l’aile et le mentor autrefois admiré, fait maintenant figure de repoussoir. D’ailleurs on ne prend plus ses appels au téléphone.

Il faut saluer l’interprétation remarquable de Sebastian Stan (dans le rôle de Donald Trump), celle tout aussi savoureuse de Jeremy Strong (dans le rôle de Roy Cohn, le mentor sulfureux) qui est en train de devenir mine de rien le meilleur comédien vivant de sa génération, et la parfaite partition de Miss Maria Bakalova qui donne beaucoup de relief au personnage d’Ivana Trump.

Ce film dresse le portrait d’une époque (le tournant des Seventies/Eighties en Amérique du Nord) pendant laquelle s’est édifiée notre modernité, à travers la frénésie avec laquelle le capitalisme outrancier et la financiarisation de l’économie des pays à économie de marché a contaminé le monde entier. Ce film devient indispensable pour savoir exactement dans quel monde complexe nous vivons. Mais en même temps il reste un grand spectacle visuel et sonore qui rivalise avec les grands films politiques américains d’antan (je pense aux Trois jours du condor de Sydney Pollack en 1975, ou à JFK d’Oliver Stone en 1991, qui est cité par le réalisateur dans les bonus DVD du film).

 

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Ciné 80 : (#7) « Les Sorcières d’Eastwick »

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Comment se défaire de l’emprise d’un homme ? Sous ses atours de comédie fantastique grand public Les Sorcières d’Eastwick (Warner Bros., 1987) de l’Australien George Miller, montre par l’exemple comment les femmes peuvent lutter pour mettre fin à une relation toxique. Trois amies de la même petite ville ont un rituel : chaque jeudi soir elles se retrouvent chez l’une d’entre elles pour se lamenter sur leur vie ordinaire en solo (une vient juste de divorcer, l’autre est veuve, enfin la dernière a trop d’enfants à élever). Mais surtout elles espèrent rencontrer l’homme qui les sortira de la torpeur de la vie provinciale, seulement rythmée par les kermesses, par les potins, et par les sorties à l’église. Soudain s’installe en ville un étranger, un anticonformiste qui vient de racheter un domaine de sinistre mémoire, où autrefois on y brûlait les sorcières.

Ce Daryl Van Horn a les traits de Jack Nicholson, et nos trois amies, incarnées par Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer, vont succomber au charme ensorceleur de cet envahissant personnage. Au début, tout est rose acidulé, mais à Eastwick l’amour dure trois nuits, puis l’inquiétude prend le pas sur la félicité des débuts. L’homme se fait de plus en plus pressant, envahissant, menaçant auprès de ses trois amantes. Alors nos trois amies vont devoir réagir sans plus attendre.

En 1987, deux ans seulement après la sortie en salles de Mad Max au delà du dôme du tonnerre (Warner Bros., 1985) il était intéressant de voir le réalisateur australien aux commandes de cette adaptation du roman éponyme de John Updique, un romancier américain pas franchement grand public, plutôt étiqueté monde intello de la Côte Est universitaire. Comment allait-il se sortir des méandres du roman afin de rendre lisible, et visuelle, et accrocheuse, une narration très littéraire ? Brian de Palma a affronté les mêmes problématiques au moment de son adaptation pour le grand écran du roman de Tom Wolfe Le Bûcher des vanités (Warner Bros., 1990).

Loin des cascades motorisées filmées en plein de désert de Namibie le film repose sur la rencontre entre la star masculine de l’époque Jack Nicholson (dont les lumières jetaient leurs derniers feux) et trois actrices de cinéma dont la carrière s’envolait au firmament : Sarandon, Cher et Pfeiffer. Toutes les trois, elles étaient capables de tenir la dragée haute au cabotin Nicholson (dont le sommet de l’interprétation avait été figé à tout jamais par les caméras de Stanley Kubrick dans Shining en 1980 pour la Warner). Une séquence du film de George Miller illustre à merveille cela : quand Cher pénètre à la tombée de la nuit dans le manoir de Daryl pour sauver Sukie (le personnage de Michelle Pfeiffer) à qui il fait du mal à distance, la caméra filme en gros plan Jack Nicholson dans une longue tirade dont il a le secret (il fait son numéro d’acteur-star) pendant que le contrechamp sur Cher nous la montre impassible, faire face en toute simplicité devant cette démonstration d’acting virtuose, mais vaine en fin de compte. C’est Cher qui rend crédible la séquence, et qui préfigure le contre-pouvoir à venir de ces trois femmes puissantes, qui veulent mettre un terme à l’emprise du mâle.

Même si les effets spéciaux du film paraissent désuets aujourd’hui, cette comédie fantastique réalisée par le créateur des Mad Max se laisse revoir (ou découvrir pour la toute première fois) avec beaucoup de plaisir.

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« Nosferatu » (Hiver 2024/2025) : un film hivernal qui nous accompagnera longtemps

Ellen Hutter en proie aux machinations vampiriques.

Ellen Hutter en proie aux machinations vampiriques.

 C’est entendu : quand on aime à la folie les films de vampires, on se précipite dans sa salle de cinéma la plus proche et, sans demander son reste, on jubile. Car les créatures de la nuit reviennent en force au cinéma cette année ! Alors, qu’on se rassure tout de suite : ce Nosferatu 2024 est un grand cru, un très grand cru même. Et nous allons essayer de comprendre pourquoi.

Pour Lily-Rose Depp : Pas de grand film sans grande actrice à l’intérieur. L’incarnation d’un personnage reste l’élément fondamental pour que l’œuvre cinématographique imprime durablement nos rétines. Et dans le rôle de la belle Ellen Hutter, qui est fraîchement mariée au falot clerc de notaire Thomas Hutter, Lily-Rose Depp est parfaite. Elle sait rendre à merveille les contrariétés de sa personnalité mélancolique qui vont permettre au cruel Strigoï (un vampire en roumain) de venir chambouler la psyché de cette épouse corsetée, qui étouffe sous le poids des conventions bourgeoises. Mais, comme dans le remarquable Bram Stoker’s Dracula de Coppola, l’amour cherche à triompher du mal.

Pour la mise en scène au cordeau : On reconnaît les maîtres et les maîtresses du cinéma contemporain à leur capacité à bâtir un univers fictionnel tangible, solide, opératique. La ville de Wisburg en 1838, reconstituée en République Tchèque, est aussi un des personnages principaux du film. La reconstitution historique est somptueuse. La photographie de Jarin Blaschke est tellement belle dans son monochrome qui tire vers le noir et blanc, qu’on peut espérer pour lui une nomination dans la catégorie du meilleur directeur de la photographie cette année aux Oscars.

Pour les variations subtiles autour du mythe du vampire : Dans ce Nosferatu le comte Orlok, cet aristocrate déchu des Carpathes, autrefois puissant, fait vraiment peur à l’écran. Car on est en présence d’un non-mort, d’une créature éternellement en putréfaction, qui ne peut subsister sur la surface de la terre qu’en propageant le mal. Qu’y-a t’il de pire que de s’attaquer à des fillettes à la veille de Noël ? Bill Skarsgård offre une interprétation remarquable de ce vampire tyrannique, en ne copiant personne dans sa façon de jouer cet être surnaturel orgueilleux et démoniaque.

Pour le sound-design : La qualité du son couplé à une musique de Robin Carolan entêtante, ensorcelante et mélancolique à souhait, souligne chaque intonation de la mise en scène orchestrée par un véritable génie de la réalisation : Robert Eggers.

Pour le réalisateurNosferatu est seulement le 4e film pour le cinéma de Robert Eggers, et il nous offre encore une fois un chef-d’œuvre de poésie macabre, dont la beauté des plans va nous accompagner une bonne partie de cette nouvelle année 2025 qui commence à peine. Il signe un remake respectueux de son matériau originel (le roman de Bram Stoker et le premier Nosferatu de l’histoire du cinéma du génie allemand Murnau). Après The Witch (2015), The Lighthouse (2019) et The Northman (2022) son Nosferatu (2024) finit de nous convaincre : avec Robert Eggers nous sommes en présence d’un merveilleux réalisateur de cinéma, qui, en quelques films, a complètement renouvelé les genres horrifiques et fantastiques.

Pendant nos soirées et nos nuits hivernales le Nosferatu de Robert Eggers avec Lily-Rose Depp va réchauffer longtemps nos petits cœurs transis. Pour notre plus grand plaisir d’amoureuses et d’amoureux fous des créatures de la nuit.

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« Dune : Deuxième partie » tient toutes ses promesses

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Ce deuxième film de la saga Dune au cinéma, réalisé par Denis Villeneuve, et qui doit être suivi d’un troisième opus, raconte comment le jeune duc Paul Atréides, au contact des Fremen de la planète Arrakis, marche vers son destin de libérateur (ou au contraire d’asservisseur) de la planète des sables. Paul rejette l’idée selon laquelle il serait le Messie de la Prophétie, celui par lequel surviendra l’unification du nord et du sud de la planète Arrakis. Les Fremen sont en lutte contre la colonisation des Harkonnen voulue par l’Empereur galactique et la Bene Gesserit qui le conseille (Christopher Walken et Charlotte Rampling dans le film), et ont besoin d’un leader pour les mener à la victoire.

Pendant que Paul répond avec constance aux souhaits guerriers des Fremen du nord (les Fedaykins) et qu’il noue une histoire sentimentale avec la vaillante Chani, sa mère fait tout son possible pour qu’il endosse le rôle de Lisan-al Ghaïb, attendu depuis des milliers d’années par les fondamentalistes du sud. Ce dilemme, qui repose sur les épaules de Paul, devient la feuille de route sur laquelle se construit cet admirable film de cinéma.

Le production-design est un des plus beaux que nous ayons vu au cinéma ces dernières années. Chaque plan de cette fresque audiovisuelle d’une durée de 2h39 ajoute au plaisir visuel de chaque instant la richesse chromatique des décors et des costumes. Et Timothée Chalamet prend de plus en plus d’épaisseur au fur et à mesure que la sainte trinité Lisan-al Ghaïb/Usul/Kwisatz Haderach commence à se dessiner sous ses traits. Ce Dune : Deuxième partie (2024) est hautement recommandable, car ses images déroulent agréablement cette histoire de grandes familles cosmiques qui se battent entre elles pour la suprématie dans un coin d’univers, en l’an 10 191 du Calendrier impérial.

Mettre en images, en musique et en sons cette fresque romanesque de Frank Herbert n’était pas une mince affaire, et Denis Villeneuve et toute son équipe ont merveilleusement réussi cette entreprise cinématographique. Aujourd’hui, comme les sagas Star Wars et Star TrekDune (qui sera bientôt une trilogie, nous l’avons dit) prend ses quartiers de noblesse dans l’univers des grandes œuvres de la science-fiction tendance Space-Opéra.

Et puis il y a ce casting exceptionnel, où chaque actrice, chaque acteur est à sa juste place : citons pêle-mêle Timothée Chalamet, Zendaya, Javier Bardem, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgård, Florence Pugh, Léa Seydoux, Austin Butler, Dave Bautista… et Anya Taylor-Joy dans un plan furtif, mais dont le personnage va revêtir une importance considérable dans Dune : Troisième partie – nous en reparlerons, promis. Jeunes pousses et comédien.nes accompli.es se partagent l’affiche avec équilibre et pondération. Cela fait aussi partie de la réussite de cette deuxième partie assez spectaculaire. Si Dune : Première partie (2021) faisait figure de longue scène d’exposition qui mettait en place tous les éléments du mélodrame galactique à venir, ici nous sommes plongés au cœur de l’action, et c’est tant mieux.

Ce Dune : Deuxième partie, actuellement en exclusivité sur My Canal, offre un spectacle réjouissant pour commencer dans les meilleures dispositions cinématographiques cette nouvelle année 2025 qui débute.

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Joyeuse et heureuse année 2025 !

Demi Moore

Demi se joint à moi pour vous souhaiter une très belle année 2025, riche en découvertes cinématographiques.

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Eh bien Joyeux Noël 2024 à tout le monde !

Winona

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Un film miraculeux pour Noël : « Winter Break »

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C’est la saison. Les films et téléfilms de Noël se bousculent au portillon. Chaque plateforme y va de ses propositions, toutes plus convenues les unes que les autres. Pourtant il existe un film récent qui relève du miracle : il s’agit de Winter Break d’Alexander Payne, sorti au cinéma en 2023. Canal + a l’excellente idée de le présenter en coup de cœur ces jours-ci. 

Ce film est une bénédiction de Noël. Il raconte l’histoire d’un professeur de college américain (l’équivalent du lycée chez nous) sévère avec ses élèves (des jeunes garçons bien nés, qui domineront bientôt la société) et très à cheval sur le règlement intérieur de l’école, qui va devoir passer les 10 derniers jours de l’année 1970 au sein de l’établissement scolaire vide en compagnie de la cuisinière en chef et du seul élève qui n’a pas pu rejoindre sa famille pour les fêtes de Noël et de fin d’année. Ces 3 âmes en peine vont cohabiter pendant une dizaine de jours, apprendre à se connaître, à s’apprécier, à sortir de leur bulle protectrice et de leur zone de confort.

Dorénavant ce qui va compter c’est d’arrêter de se morfondre dans son coin et de se bâtir une nouvelle famille, beaucoup plus fraternelle et compréhensive que celle d’origine. Winter Break est une splendeur absolue, car la caméra prend son temps : elle filme le plus délicatement du monde chaque geste de ses trois comédiens prodigieux (le professeur Paul Hunham, l’élève difficile Angus Tilly et la chef-cuisinière Mary Lamb), avec la plus grande sincérité. Mention spéciale à Paul Giamatti, qui est prodigieux dans le rôle de ce professeur bougon et tellement humain : une pâte d’homme. Certaines séquences du film sont tout simplement bouleversantes et vous terrasseront d’émotion. La reconstitution des années 1970 est somptueuse, et dans la dernière bobine on est submergé par l’émotion. Ce film est appelé à faire date dans l’histoire du cinéma de notre siècle.

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