Last Days of Summer (États-Unis, 2013) de Jason Reitman se déroule à la fin de l’été, dans l’Amérique profonde, à la fin des années 1980. Henry, un préadolescent, vit seul avec sa mère Adèle, depuis que son père est parti refaire sa vie et fonder un nouveau foyer avec sa secrétaire. Adèle est mutique, reste enfermée dans sa maison, et le jeune garçon souffre de voir sa mère s’enfoncer de plus en plus dans la solitude et le dégoût de vivre. Pendant le week-end du Labor Day (titre original du film), pendant qu’il font les courses, un homme, blessé au flanc, se présente à eux. Il a besoin d’aide et demande à être hébergé chez Henry et sa mère le temps d’un week-end.
Sur cette trame somme toute ordinaire dans le cinéma hollywoodien (Clint Eastwood nous avait déjà fait le coup quand Meryl streep tombe éperdument amoureuse de lui dans l’élégiaque Sur La Route De Madison en 1995) le réalisateur Jason Reitman joue tout en subtilité et en finesse sur ce canevas des sentiments qui se dévoilent peu à peu : le désir naissant d’Adèle pour le fugitif, l’admiration du garçon pour ce père de substitution, la douceur de l’homme qui voit naître sous ses yeux le foyer qu’il aurait pu avoir autrefois…
L’interprétation solide de Kate Winslet qui incarne Adèle, et celle de Josh Brolin, interprétant le fugitif, n’y est bien sûr pas pour rien. Le tempo langoureux du film, photographié dans les teintes robustes de la fin de l’été américain, tons chauds, atmosphère chatoyante à souhait, nous emporte vers les rivages du souvenir enfui, de la mélancolie qui ne s’éteint pas, et de la douceur de vivre quand rien d’autre ne compte que ceci : partager les moments en creux de l’existence avec ceux qu’on aime.
Un petit film américain admirable.