Il était hors de question que je commence l’année devant un film triste ou mélancolique. Pour remiser aux oubliettes cette année 2015 très éprouvante j’ai farfouillé dans ma collection de DVD et ai glissé dans mon lecteur Dumb & Dumber des Frères Farrelly (sorti en France en juin 1995). Il s’agit du tout premier long-métrage des 2 frangins, et avec la création de ce duo comique ils allaient taper fort, très fort. Effectivement, avant même la reconnaissance critique de la clique de Judd Apatow (que j’adore par ailleurs) quelques années après, il n’est pas malhonnête d’affirmer que les Farrelly ont essuyé les plâtres car c’était la première fois qu’on allait aussi loin dans une comédie américaine mainstream. Et pour cause : 2 idiots absolus vivant en colocation, Harry et Lloyd, décident d’aller s’installer à Aspen dans le Colorado après avoir perdu leur job respectif, mais surtout pour l’amour d’une riche héritière. Sur ce canevas d’une simplicité à toute épreuve les cinéastes nous font pénétrer dans l’intimité des 2 zigotos, aussi demeurés l’un que l’autre. Il faut voir la mine ahurie de l’excellentissime Jeff Daniels tout au long du film, qui réussit à ne pas se faire voler la vedette par un Jim Carrey déchaîné, alors au top de sa forme. Le duo fonctionne à merveille, car chacun à leur manière les 2 personnages orientent sans arrêt le film dans un sens (la traque amoureuse), puis dans l’autre (la mise en échec des tueurs à leurs trousses). Et c’est dans ce film qu’explose tout le génie comique de Jim Carrey, qui, à mon sens, fut la véritable révélation du cinéma américain des années 90 (je suis en train d’écrire un livre sur ces années fastes du cinéma américain, je vous en parlerai plus en détail au cours de l’année).
Ce qui n’était pas gagné dans la mesure où au départ aucun studio hollywoodien ne voulait financer le film, jugeant le script débile et pas marrant. Finalement New Line des Frères Weinstein (2 autres cintrés de première bourre) s’associèrent au projet ; ensuite il fallait convaincre 2 acteurs bankables. On donna aux Farrelly une liste de 25 acteurs à appeler en priorité, tous refusèrent, notamment Steve Martin et Martin Short, les as de la comédie US à ce moment-là. Quand le scénario échut à Jeff Daniels tout son entourage lui dit de refuser, pensant qu’il allait mettre en l’air sa carrière avec cette niaiserie. Mais Jeff Daniels est un mec tenace (voir la séquence hallucinante des toilettes pour s’en convaincre) et puis Jim arriva sur le projet, et tout pris une autre tournure. Le film fit un carton au box-office américain, mais pas chez nous, car les pisse-froids de la haute culture qui crient au génie dès qu’ils voient une merde télévisée en provenance de HBO dégoisèrent sur le film à qui mieux mieux ; les mêmes qui aujourd’hui vont parler à son sujet de film culte qu’il est indispensable d’avoir dans sa filmothèque. A mourir de rire, assurément.
Enfin, si vous vous voulez passer un moment de franche déconnade, seul, ou entre amis, n’hésitez plus, en ce début de nouvelle année, c’est le film qu’il vous faut !
Plus tard nous parlerons de la décennie prodigieuse de Jim Carrey, un homme comique ET séduisant, ce qui est plutôt rare de nos jours, vous en conviendrez.
Enjoy !