Créatures féroces (1997) de Robert Young et Fred Schepisi, met à nouveau en scène la fine équipe du carton planétaire Un poisson nommé Wanda (1988), heureux mélange entre humour Monthy Pythons et comédie américaine à la Mel Brooks. C’est pourquoi neuf ans plus tard le studio Universal a mis en chantier une fausse suite, car si quelques protagonistes, et pas des moindres, restent les mêmes, l’histoire change du tout au tout par rapport au premier opus. Ce qui fait à la fois la force du film (on plonge Jamie Lee Curtis, John Cleese, Michael Palin et Kevin Kline dans un nouvel environnement, un zoo) mais aussi sa faiblesse (pas facile d’imaginer une histoire terriblement drôle dans ce contexte). Si les tribulations de cambrioleurs qui cherchent à se doubler les uns les autres est une des figures narratives que les scénaristes et réalisateurs anglo-saxons affectionnent (les Ocean Eleven et consorts par exemple), raconter les tribulations d’une équipe de gardiens de zoos, de son directeur, et des dirigeants d’une boîte à qui appartient ce même zoo, jouant sur le clivage américains bourrins pleins aux as et gentils hurluberlus britanniques, cela ne donne pas assez de relief pour en faire une comédie vraiment drôle ; en plus les scènes avec les animaux ne fonctionnent pas la plupart du temps, sauf une fois : quand le nouveau directeur du zoo interprété par John Cleese, planque les cinq animaux adorables dans sa chambre et dans sa salle de bains. D’ailleurs, à mon avis, la vrais star du film, reste le lémurien Rollo !
Par ailleurs, même si la composition de John Cleese reste de bon aloi, et si Jamie Lee Curtis est tout aussi séduisante et sexy que dans Un poisson nommé Wanda de Charles Crichton, le double numéro de Kevin Kline (par ailleurs acteur absolument génial) ne fonctionne pas ici, car trop caricatural, le magnat qu’il interprète est trop vulgaire (n’empêche que Trump doit ressembler plus ou moins à ça), et son fils trop niais pour être vraisemblable. Finalement, le film est une demi-réussite, même s’il laisse un agréable souvenir : celui d’une comédie qui donne le dernier mot (mais de manière amorale) aux employés face aux tenants du libéralisme le plus dégueulasse et aux représentants de l’ordre qui pour le coup passent pour de gentils neuneus !
Mais en ces temps indéfinissables, noirs comme une nuit de Walpurgis, même une comédie pas follement drôle comme celle-ci, arrive quand même à faire un bien fou. Et c’est déjà beaucoup !