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Saisissante « Elle »

ElleDans Elle de Paul Verhoeven (2016) Isabelle Huppert incarne une femme à qui il arrive un nombre invraisemblable de choses, en très peu de temps. Et filme de manière clinique la montée en puissance d’un caractère. En adaptant pour l’écran un roman de Philippe Djian, le cinéaste hollandais se frotte pour la première fois avec la culture française, et surtout avec un genre bien défini : le film bourgeois français, qui possède ses figures imposées (la scène de repas entre amis, la scène à l’hôpital, les traditionnelles scènes de baise), mais ici on les redécouvre ; car la maîtrise impressionnante de l’outil cinématographique par Verhoeven irradie sa mise en scène de toutes parts, aidée par une Isabelle Huppert éblouissante, bien accompagnée par une distribution de premier ordre (Laurent Laffitte, inquiétant à souhait, Charles Berling, pour une fois émouvant dans un film, Virginie Efira, Anne Consigny, Vimala Pons et Judith Magre… toutes très émouvantes). Mais c’est surtout dans la montée insidieuse de l’inquiétude et de la peur, mêlée à l’assouvissement du désir et à la réalisation mortifère des fantasmes, que nous sommes conviés, dans un joyeux jeu de massacre orchestrée subtilement par ce très grand réalisateur. Son film français est un chef-d’oeuvre de maîtrise et d’ambiguïté, et pour le moment un des plus beaux films de cette année 2016.

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Le cinéma d’effroi revient en force !

Image de prévisualisation YouTubeSortent sur nos écrans à peu près en même temps The Witch de Robert Eggers (le 15 juin 2016), dont c’est le premier long, et Conjuring 2 : Le cas Enfield de James Wan deux semaines plus tard (le 29 juin 2016 donc). Cette coïncidence de programmation permet de s’interroger : qu’en est-il de la trouille au cinéma aujourd’hui ? A l’heure de la mondialisation des conflits sur tout le pourtour de la planète, d’actes terroristes ou d’actes de terreur isolés, de tueries de masse, dans nos propres sociétés occidentales que nous pensions à l’abri (naïfs que nous étions) des soubresauts du monde, nul besoin d’aller voir un film d’épouvante pour se faire flipper : la vie et ses incertitudes fera le reste. Oui mais voilà, quel autre art cinétique permet de panser ses plaies, de mettre à distance ses terreurs et ses échecs, quel autre art permet de visualiser au mieux la figure du mal qui nous accompagne dans chacun de nos déplacement ? En un temps qui préfigure la préhistoire pour les teenagers d’aujourd’hui (je parle du début des années 90) certains films faisaient office d’apprentissage avec la figure du Malin : Le Silence des agneaux de Jonathan Demme (sorti en France le 10 avril 1991) permettait de regarder bien en face, les yeux dans les yeux, la quintessence du mal à l’époque, le docteur en psychiatrie Hannibal Lecter, qui depuis sa cage faisait du gringue à la sublime Jodie Foster, laquelle ne s’en laissait pas compter puisqu’elle n’hésitait pas trop longtemps avant de vider son chargeur dans la gueule de n’importe quel cinglé. Dans un autre registre Le Parrain, 3e partie de Francis Ford Coppola (sorti chez nous le 27 mars 1991), nous révélait que le mal, tapi au plus profond de nous, ne demandait qu’une chose pour resurgir à la face du monde : l’attrait du pouvoir, le vrai, celui qui ne se donne pas, mais qui se prend, celui que les élites des démocraties ont confisqué aux électeurs, aux citoyens, depuis 1947 en Europe occidentale. Sur les autres continents (Afrique, Asie, Amérique) ce sont les politiques de terreurs et de tueries massives (appuyées par nos dirigeants, tous sans exception) qui permirent la main mise sur les âmes et sur les richesses ; et cela commença en 1492. Le Parrain, 3e partie raconte tout cela en filigrane, et en 2h40 de film on en apprend plus sur les politiques industrielles et financières des administrations Bush et consorts que lors d’un séminaire à Sciences Po. Je pense que ces 2 films-là ont déniaisé les adolescents que nous étions à l’époque, et donna un sens civique à notre futur parcours. Car avoir peur permet ensuite de se préparer, pour affronter le mal, de face, sans jamais baisser la garde. Et cela nous l’avons appris dans les films, pas dans les cours inconsistants d’éducation civique obligatoires…

à suivre

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