Saisissante « Elle »
Dans Elle de Paul Verhoeven (2016) Isabelle Huppert incarne une femme à qui il arrive un nombre invraisemblable de choses, en très peu de temps. Et filme de manière clinique la montée en puissance d’un caractère. En adaptant pour l’écran un roman de Philippe Djian, le cinéaste hollandais se frotte pour la première fois avec la culture française, et surtout avec un genre bien défini : le film bourgeois français, qui possède ses figures imposées (la scène de repas entre amis, la scène à l’hôpital, les traditionnelles scènes de baise), mais ici on les redécouvre ; car la maîtrise impressionnante de l’outil cinématographique par Verhoeven irradie sa mise en scène de toutes parts, aidée par une Isabelle Huppert éblouissante, bien accompagnée par une distribution de premier ordre (Laurent Laffitte, inquiétant à souhait, Charles Berling, pour une fois émouvant dans un film, Virginie Efira, Anne Consigny, Vimala Pons et Judith Magre… toutes très émouvantes). Mais c’est surtout dans la montée insidieuse de l’inquiétude et de la peur, mêlée à l’assouvissement du désir et à la réalisation mortifère des fantasmes, que nous sommes conviés, dans un joyeux jeu de massacre orchestrée subtilement par ce très grand réalisateur. Son film français est un chef-d’oeuvre de maîtrise et d’ambiguïté, et pour le moment un des plus beaux films de cette année 2016.
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