Il était temps ! On commençait à se dire que non, finalement, le genre du film super-héroïque ne se prêtait pas aux arabesques d’un auteur de cinéma. Depuis les deux superbes Spider Man de Sam Raimi (2002 et 2004) les films de super héros avaient contaminé les écrans du monde entier et donné naissance à un nouveau genre en soi. Mais un excès de CGI (les effets spéciaux d’aujourd’hui, générés exclusivement par ordinateur) et trop de bavardages entre les différents protagonistes nous faisaient perdre de vue l’essentiel : à chaque fois il s’agit de la destruction du monde, à chaque fois il s’agit de sauver l’espèce humaine de sa propension à engendrer la terreur, le nihilisme guerrier, bref les pires insanités qui ont permis un Trump à la Présidence des Etats-Unis, ou une Le Pen et un Fillon bientôt chez nous. Ces films là étaient le reflet de ce que nous sommes devenus, des cons stupides et arrogants, penchés sur leur dernier smartphone, sans se rendre compte que les sirènes hurlaient de partout… Ni un Henry Cavill, ni un Christian Bale, ni une Gal Gadot en amazone n’étaient assez charismatiques pour nous sauver de notre propre stupidité. Nous étions les spectateurs consentants de notre propre vacuité. Et enfin vint Logan, un personnage de cinéma à l’ancienne, sombre et méchant, tiraillé entre une vengeance destructrice et un lent et douloureux apprentissage de l’amour : perdre celle qu’on s’apprête à aimer à l’instant où d’autres feux, bien plus dévorants, embrasent le monde. Point de paternité chez l’animal traqué, point de sentimentalisme suranné chez la bête fauve, mais l’instinct de survie y est chevillé au corps et au coeur. Dans Logan, de l’impeccable James Mangold, nécessité fait loi : on ne devient pas père, mais il se trouve que les situations obligent à faire un choix, et à s’y tenir : on accompagne cette enfant de 13 ans jusqu’au bout, quitte à perdre sa bestialité au passage. Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?
Allez vite voir ce film pas comme les autres : quand la fureur et la poésie font bon ménage à ce point on dit « bravo » et on applaudit des deux mains !! Logan est un très beau film américain en somme, à la manière de Midnight Special de Jeff Nichols (2016).