« Une affaire de famille » a clôturé en beauté le festival
Effectivement, le film du japonais Hirokazu Kore-eda, Une affaire de famille (2018), est un bijou, lui aussi, de l’art cinématographique des années 2000. Sa manière tranquille nous familiarise avec la folie douce de ses personnages, tant cette famille s’éloigne des schémas traditionnels de cohabitation et de vivre ensemble. Et envisage une très grande complicité des spectateurs à l’égard de ces individus loufoques et diablement attachants. Les deux enfants du film, quant à eux, sont totalement bouleversants : la relation entre Shôta, le garçon pré-adolescent totalement autodidacte, et la toute petite (5 ans au compteur) Jinji/Rin, est une merveille de poésie, magnifiée par la délicatesse de la mise en scène. De plus, l’épilogue du film en demi-teinte laisse en nous un sentiment profond et bienveillant : celui de l’absolution d’actes pourtant répréhensibles commis par des adultes qui veulent réparer une injustice. Et le film pose la question cruciale de savoir si ce n’est pas au fond le lien qui nous attache à celles et à ceux qu’on s’est choisis qui importe plus que tout, et que toute autre considération biologique ou génétique.
Qu’est-ce qu’une famille aujourd’hui ? Que veut dire aimer quelqu’un ? Que viennent faire les normes sociales là-dedans ?
En composant des plans-séquences soigneux Hirokazu Kore-eda nous parle de notre rapport aux êtres qui nous sont chers et ne cède en rien à la conformité sociale qui emprisonne plus qu’elle n’émancipe : par exemple soustraire un enfant maltraité à ses parents biologiques relève de l’enlèvement et de la séquestration ou bien d’une forme d’humanitarisme primitif dénué d’à priori encombrant ?
Quel est le prix à payer aujourd’hui pour s’être éloigné des normes juridiques de protection de l’enfance ?
Oh oui, c’est à un bien beau festival que nous avons assisté cette année ; dans lequel même Olivier Assayas s’intéresse au monde réel, celui qui nous enveloppe toutes et tous, dans le très jubilatoire Doubles vies.
Prochainement nous allons nous intéresser au jouissif film de s.-f. cyber-punk Upgrade (2018) du très talentueux réalisateur australien Leigh Whannell.
à suivre
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