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La quête du père dans « Ad Astra » de James Gray (2019)

Ad Astra (États-Unis, 2019), film de James Gray vu dans la salle 5 du Grand Rex à Paris le vendredi 27 septembre 2019.

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Un astronaute cherche son père, qu’il croyait disparu depuis 25 ans, à travers tout le système solaire afin de le désactiver dans sa mission de recherches d’une possible vie extraterrestre.

Donné pour mort 25 ans plus tôt par le SpaceCom, une entité gouvernementale puissante qui assure des liaisons et des voyages dans l’espace jusqu’à Mars, à des fins d’exploration et de recherches mais aussi pour des raisons bassement commerciales, le commandant McBrady semblerait être stationné avec son équipage aux abords de Neptune ; d’où provient une surtension cosmique qui risque d’annihiler tout le système solaire.

SpaceCom demande à son fils, astronaute lui aussi, de partir à sa recherche pour stopper cette surtension générée par le Projet Lima. À partir d’une base militaire secrète sur Mars Roy McBride part en direction de Neptune.

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Sur un postulat de départ usé jusqu’à la corde – la quête du père pour panser ses blessures, profondes – le réalisateur américain James Gray (qui est à mon sens un des meilleurs cinéastes en activité aujourd’hui) donne à voir un superbe spectacle de traversée solitaire de notre système solaire. Il réussit en plus à marier film d’action trépidant (surtout dans la première heure du métrage) et film de science-fiction métaphysique. Ce qui n’est pas rien.

Mis en images à l’ancienne, c’est-à-dire au 35 mm, Ad Astra (États-Unis, 2019) est un film important et nécessaire car il donne à penser un futur imminent qui se profile dangereusement et qui inquiète avec raison : si les astroports lunaires ou martiens existaient pour permettre des vols commerciaux dans l’espace, nul doute qu’ils ressembleraient aux galeries commerciales actuelles qui jalonnent notre existence.

James Gray nous montre que les puissances d’argent seules permettent la conquête du système solaire, avec son corollaire : les différentes factions qui veulent faire main-basse sur les nouveaux territoires planétaires en voie de colonisation massive. Dans une superbe séquence de course poursuites de rovers lunaires à travers le paysage sublime de la Lune on a droit à un cours magistral de géopolitique dans l’espace en accéléré. Et c’est proprement décoiffant.

Prenant le contre-pied de son film précédent (The Lost City of Z, États-Unis, 2017) qui mettait en scène l’histoire d’un aventurier à qui pas grand-chose n’arrivait finalement dans la luxuriance et la profondeur de la forêt amazonienne, James Gray nous offre cette fois-ci une réflexion extrêmement maîtrisée sur l’aventure humaine arrivée à son point de non retour. Et parvient à nous parler des étoiles sans jamais perdre de vue le facteur humain, et son amour inconsidéré pour les questions sans réponse.

Il s’agit bel et bien d’un merveilleux film, à la fois poétique et enjoué, qui fera certainement date dans une histoire du cinéma du XXIeme au long cours.

 

 

 

 

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Êtes-vous prêts pour le premier contact ?

Premier Contact (2016) est un film américain du québécois Denis Villeneuve, dont les interprètes principaux sont : Amy Adams, Jeremy Renner et Forest Whitaker.

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Un beau jour, à notre époque, 12 vaisseaux extra-terrestres restent en suspension à plusieurs centaines du sol en 12 endroits de notre planète.

Aux États-Unis, l’armée, qui est sur le coup, dépêche en urgence une linguiste de haut vol et un astrophysicien brillant, pour essayer de communique avec les aliens, dont on ne sait pas s’ils viennent pacifiquement ou s’ils sont hostiles.

Les américains les ont appelés les heptapodes, dans la mesure où ce qui s’apparente à une bestiole du genre poulpe gigantesque, tient sur 7 pieds : du grec podos=pied et hepta=sept.

Tout ce petit monde est chapeauté par le colonel Weber, dont on sent dès les premières minutes du film que c’est un dur à cuire, qui ne va pas finasser très longtemps. C’est pour ça qu’il a embauché nos 2 scientifiques, parce qu’ils sont les meilleurs dans leurs domaines respectifs et qu’il va vite falloir trouver des réponses au pourquoi du comment de la visite impromptue par chez nous de ces mollusques de l’espace qui communiquent en balançant une encre noire volatile qui forme des cercles complexes.

La linguiste Louise Banks, incarnée par la délicieuse Amy Adams, est au début prise au dépourvue car elle a du mal à isoler des lettres ou des sons dans ce charabia de l’espace qui semble être la forme de langage de nos amis heptapodes (nous n’en verrons que 2 pendant tout le film, baptisés Abbott et Costello par nos 2 scientifiques malicieux, le budget SFX du film devant être sévèrement limité). N’empêche : on sent très vite qu’une complicité se noue entre la belle Louise et nos calamars.

Évidemment ce film du canadien Denis Villeneuve n’arrive jamais à la hauteur du monumental Rencontres du 3ème type de Steven Spielberg (États-Unis, 1977), mais il lui a permis de s’offrir Hollywood. Car en livrant ce petit bijou de S.-F. métaphysique, produit par une petite unité de production américaine, Denis Villeneuve s’est fait un nom et s’est fait repérer puis engager par les pontes des studios qui lui confient aujourd’hui des productions qui coûtent plusieurs centaines de millions de dollars (Blade Runner 2049, 2017, Dune bientôt).

C’est bien connu : chaque studio ou conglomérat multimédias aime s’offrir les services d’un vrai auteur de cinéma, et ils ne sont pas si nombreux à travers la planète : Stanley Kubrick et Andreï Tarkovski autrefois, aujourd’hui David Fincher, James Gray, Christopher Nolan et Denis Villeneuve semblent, en ce qui concerne les anglo-saxons, être en mesure de concilier exigence métaphysique et films à grand spectacle.

Dans Premier Contact, dont la cinématographie est sublime, et le filmage à hauteur de femme et d’homme toujours bien inséré dans la structure du récit, on sent la nostalgie pour un monde en train de disparaître poindre à chaque plan. Cette femme dévastée par la perte de sa fille au début du film, mais qui continue de donner des cours à Berkeley parce qu’elle est une passionnée des langues du monde, vivantes et mortes – même si une langue ancienne ou antique n’est jamais morte dans la mesure où quelqu’un, quelque part sur la planète, s’en souvient – incarne la force de la résilience, qui ne veut pas dire oubli mais lent apprentissage du deuil puis apprivoisement de ce dernier par paliers, de plus en plus abrupts, mais néanmoins nécessaires. La rencontre avec le couple d’extra-terrestres va bouleverser les certitudes pourtant bien ancrées des uns et des autres.

Le temps de l’apprentissage des sentiments, puis celui de l’acceptation de leur lente érosion, est-il linéaire ? Ou bien circulaire ?

Qu’est ce qui est le plus important pour chacun d’entre nous : le temps d’apprendre à vivre, ou bien le temps d’apprendre à mourir ?

Quelles énigmes philosophiques restent encore valides aujourd’hui ?

À quelques-unes de ces questions Premier Contact offre un début de réponse.

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Le polar à la française dans les années 70/80

Pour introduire cette nouvelle rubrique je propose que nous nous penchions sur le film suivant : L’Indic de Serge Leroy (France, 1983).

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 Dans ce film Thierry Lhermitte interprète Antoine, un gangster corse qui fait partie de la bande de truands diligentée par Ange, que joue à merveille Bernard-Pierre Donnadieu. Ils braquent des fourgons blindés et n’hésitent pas à laisser des morts dans leur sillage quand la situation leur échappe. C’est pour ça que l’équipe de police judiciaire dont fait partie Daniel Auteuil, jeune et à cheveux mi-longs (c’est-à-dire période Les Sous-doués et Les Sous-doués en vacances, France, Claude Zidi, 1979 et 1981), essaye depuis 2 ans de leur mettre la main au collet.

Le film commence avec 2 scènes remarquables, de haute tenue cinématographique : il s’agit de l’assassinat du frère de Ange, puis de son enterrement, pendant lequel le jeune gangster Antoine (Thierry Lhermitte est solaire dans ce film, et beau comme un dieu, en 1983 il n’avait rien à envier au Delon des années 70 – même charisme animal et plaisir de jouer évident devant la caméra) fait la connaissance de Sylvia, interprétée avec beaucoup de naturel par la superbe actrice Pascale Rocard. Antoine drague Sylvia, puis la séduit.

Mais le flic joué par Auteuil va mettre son grain de sel et va tenter de séduire Sylvia à son tour pour lui soutirer des informations capitales à propos de son Jules.

Bien sûr le scénario est cousu de fil blanc – c’est le flic Roger Borniche qui avait écrit le bouquin dont le film est l’adaptation – mais l’essentiel n’est pas là : l’essentiel c’est d’apprécier le jeu à la française, hérité de Molière et des Italiens, qui permet de suivre avec délectation les dialogues. Et puis il y a ce son, génial, ces bruitages, géniaux, si caractéristiques des productions ciné hexagonales des années 70 et 80. Et puis il y a l’excellent Michel Beaune dans le rôle du chef d’une unité de police judiciaire parisienne.

Nous rivalisions en ce temps-là avec le meilleur du cinéma populaire américain et italien.

à suivre…

 

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Une certaine tendance du cinéma français, 4ème partie = les films de politique-fiction

Où sont passés les films de politique-fiction d’autrefois ?

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Il fut un temps où sortaient régulièrement dans les salles de beaux films de politique-fiction qui isolaient dans la narration le duel passionnant entre le garant de l’ordre social et son négateur. Par exemple dans le superbe Le Juge (France, 1984) de Philippe Lefebvre, on assiste au combat acharné que se livrent à Marseille le juge Muller et le truand emblématique Rocca, maître ès grand banditisme de la cité phocéenne. Assisté du commissaire Inocenti de la SRPJ de Marseille, puis rencardé par un maton de la prison des Baumettes, le juge intègre va tout mettre en œuvre pour faire tomber la figure du grand banditisme marseillais des années 70 et 80.

Le film est une totale réussite dans la mesure où il orchestre avec soin la geste épique du combat à mort qui oppose 2 caractères en acier trempé : le juge blanc en imper qui roule en Honda et le grand fauve de la pègre qui fait dans la drogue (la french connection) et la prostitution mais qui n’aime pas qu’on lui rappelle sur quels fonds sordides il a bâti son empire du crime. Jacques Perrin, qui joue dans le film le juge Muller, livre une interprétation remarquable et nous fait aimer son personnage, même si l’obsession maniaque de faire tomber son ennemi juré l’amènera à sa perte. Daniel Duval qui joue Rocca, Jean Benguigui qui incarne l’avocat marron Donati, et Richard Bohringer qui interprète le commissaire, proposent tous trois également une partition magistrale.

Trente ans plus tard un remake sera réalisé par Cédric Jimenez (La French, France, 2014) avec dans les rôles principaux Jean Dujardin et Gilles Lellouche, qui n’aura pas la même intensité que le film de Philippe Lefebvre, ni son ton corrosif, malgré pourtant une interprétation de Dujardin de haute volée.

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Il  est à noter que Le Juge, contrairement à La French, précise dans un carton d’introduction au tout début du film que les personnages sont fictifs et que toute ressemblance avec des personnes réelles serait fortuite. Même si à l’époque tout le monde savait que ce film racontait la véritable histoire du juge Pierre Michel qui avait été assassiné à Marseille, en plein jour, au cœur de la ville, par les sbires de Zampa. Alors qu’en 2014 la famille du vrai juge Michel avait été indignée par le film de Cédric Jimenez, qui peut-être (mais je n’en sais absolument rien) n’avait pas pris la précaution d’avertir la famille qu’il tournerait lui aussi un film sur ce lâche assassinat de 1981 qui avait heurté l’opinion publique française.

Autres temps, autres mœurs : il est à craindre qu’aujourd’hui les producteurs et les cinéastes ne s’embarrassent plus de demander la permission à quiconque quand ils échafaudent des projets de mises en scène d’histoires vraies. Le vécu des gens, pourtant, reste le seul espace de vie privée qui devrait rester inviolable, sauf autorisation spécifique de le divulguer à travers un récit écrit ou imagé.

Qui s’en soucie réellement ?

à suivre…

 

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My name is Lukas

 lukas_jcvdEt pourtant des film français intéressants il en existe en pagaille.

Par exemple un film très récent, Lukas (France/Belgique, 2018), de Julien Leclercq, qui est sorti au cinéma il y a plus d’un an, le 22 août 2018, revisite à sa manière, urbaine, moderne et iconoclaste, le Jean-Claude Van Damme Movie. Film méta sur la mise en mouvement d’un corps fatigué, usé par la vie et ses sempiternelles chausse-trappes, Lukas explore les lignes de fuite d’un corps de cinéma qu’on croyait à tort rompu. La caméra de ce cinéaste de 40 ans originaire du Nord de la France filme l’ancien actioner que nous adorions quand nous étions mômes il y a plus de trente ans de cela, et enregistre les circonvolutions d’un personnage qui n’a que l’usage de ses poings et de ses pieds pour exister dans une jungle urbaine, grise et bleue, dans laquelle les flics sont encore plus salauds que les faux-monnayeurs qu’ils traquent.

Le film est habité tout du long par une vraie joie de filmer, décelable à l’écran, et fait de son personnage minéral, hiératique à souhait – Jean-Claude Van Damme ainsi que tous les autres personnages ne doivent pas avoir plus de deux ou trois pages de dialogue in fine – la représentation, touchante, de la persévérance, de cette ténacité qui fait que Lukas ira rejoindre sa fille coûte que coûte à la toute fin, même s’il a une balle dans le buffet, car il faut toujours honorer la promesse qu’on fait à un enfant, jusqu’à son dernier souffle.

L’ancien garde du corps en Afrique du sud, devenu videur de boîte de nuit puis homme de main du parrain local faux-monnayeur, est pris au piège par les autorités de sa ville natale où il comptait se faire oublier en élevant sa gamine pré-adolescente seule, et devra continuer d’exercer cette violence qu’il exècre afin de préparer un avenir pas trop dégueulasse à son enfant.

Pour illustrer cet état de fait il ne faut pas plus que filmer le visage esseulé de Jean-Claude Van Damme en gros plan ; c’est ce que fait remarquablement le réalisateur Julien Leclercq. Comme quoi nous avons encore en France des cinéastes doués qui s’écartent des sentiers battus et balisés de la production actuelle pour proposer une cheminent visuel original et respectueux des aînés.

Car à travers la caméra de Julien Leclerq on pense à celle de Henri Verneuil ou de Jacques Deray, autres grands cinéastes des chemins de croix en solitaire au cœur des villes gangrenées par les mafias locales et les flics ripoux.

Lukas prouve que le polar à la française, ou à la belge, résiste mieux que tout autre genre cinématographique en France. Inutile de singer les américains, que nous n’égalerons de toute façon jamais dans leur manière de filmer les grands espaces et les mégapoles tentaculaires, contentons-nous de réaliser de superbes thrillers et films noirs vénéneux qui portent haut le genre à son point d’incandescence.

 

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Une certaine tendance du cinéma français, 3ème partie

XVM669180b4-cff3-11e5-9d76-214cb7166664Dans un film français aujourd’hui – ou bien devrais-je plutôt dire dans une comédie française des années 2010 – il faut à tout prix montrer combien on a compris l’air du temps, sous peine de passer pour un dangereux réactionnaire. Du coup chaque personnage principal, et ils sont toujours plus nombreux dans chaque film, se doit d’être sensible, généreux, un peu rosse parfois mais pas trop quand même. Il doit aussi montrer exagérément les ficelles de son caractère en popularisant l’idée selon laquelle être un peu con sur les bords n’a jamais fait de mal à personne. L’exemple le plus flagrant est bien celui des époux Tuche dans la trilogie du même nom (Les Tuche, France, 2011, Les Tuche 2 : Le rêve américain, France, 2016 et Les Tuche 3, France, 2018, tous les 3 réalisés par Olivier Baroux, qui est quand même un réalisateur estimable). De toute façon tout ça se termine généralement sur un coucher de soleil rose bonbon enveloppé dans la musique du moment.

Exagérons à grand trait dans ce post puisque les fabricants de films ne s’en privent plus.

Pour une mamie qu’on veut faire passer pour indigne car elle a tiré 3 taffes sur un joint avant d’aller dépêtrer sa belle-fille des mânes d’un commissariat de province, et qui se déhanche en boîte de nuit dans le sud-est de la France (C’est quoi cette mamie ?! de Gabriel Julien-Laferrière, France, été 2019), quel sera le degré de respectabilité des autres personnages du film, des adultes tous sans exception totalement névrosés et psychotiques ? Seuls les personnages d’enfants s’en sortent pas trop mal, même si on tombe encore et toujours dans le cliché des adolescentes mal dans leur peau, tandis que les jeunes mâles de la tribu, eux, on sent bien qu’ils deviendront des winners dans quelques années, bouffis d’orgueil et de vanité. Mais qui s’en soucie au final ? De cette comédie d’été légère comme le Mistral qui a permis à l’un comme à l’une de laisser reposer son bronzage dans une salle climatisée de station balnéaire le temps de la projection… En attendant les grillades du soir et le rosé dans son sac à glaçons.

Bien, le film choral familial spécial familles recomposées hystérisées est la nouvelle marotte dans l’Hexagone, le lieu de l’osmose publicitaire qui veut faire croire au monde entier que le modèle bobo pourri de fric et de certitudes et aux pensées élargies laisse tous les autres pantois et envieux. Ah ça si tu savais par chez nous comme on jalouse ceux du dessus de la Loire, hé, hé !! L’exemple le plus frappant en est sans doute le film réalisé en tandem par deux personnalités du cinéma français pourtant attachantes : L’Amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (France, 2018).

Dans ce monde pollué par le flux incessant des images qui ne montrent plus rien, qui ne signifient plus rien d’important ni de nécessaire, ne plus regarder le moindre film pendant un mois ou deux devient une façon polie de reprendre son souffle face à la vacuité du spectacle cinématographique qui nous est donné en pâture.

Mais même les décideurs les plus cyniques du cinéma français ne réussiront jamais à tuer notre désir fou de cinéma digne de ce nom. Pourtant, Dieu sait s’ils s’en donnent les moyens de septembre à juin…

à suivre…

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Les débuts d’un maestro : Sergio Leone

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Dans Le Colosse de Rhodes (Italie, 1961) réalisé au pied levé par Sergio Leone, avant qu’il ne devienne mondialement célèbre grâce à sa trilogie du dollar quelques années plus tard, un chef militaire athénien, Darios, en villégiature à Rhodes, célèbre port sur la Méditerranée qui érige son colosse, une des 7 merveilles du monde de l’antiquité, va être pris malgré lui au milieu d’une conspiration de rebelles qui veulent faire tomber le régime autoritaire et cruel du Roi de Rhodes, Xerxès.

Au début du film Darios, invité par le roi Xerxès en tant que héros de guerre grec pour assister aux cérémonies d’érection de la statue gigantesque du Colosse, séjourne à Rhodes chez son oncle. Il en profite pour flirter avec une beauté de la maison royale campée avec beaucoup de charme par la très bonne actrice Lea Massari. Quatre frères et une femme, qui sont à la tête de la conspiration visant à renverser Xerxès, tentent, non sans difficultés, de rallier Darios à leur cause. Deux morts et une tentative de fuite en bateau plus tard les conjurés et Darios sont arrêtés et emprisonnés par les sbires du Roi de Rhodes, dont un des hiérarques manœuvre seul de son côté pour abriter toute une armée de phéniciens, ennemis des grecs, dont il se servira pour occire le roi Xerxès, que décidément tout le monde semble détester.

Le vaillant et magnanime héros athénien est interprété par le superbe acteur hollywoodien Rory Calhoun, dont le charme old school un peu compassé à notre époque fait des merveilles dans ce superbe péplum. Le technicolor y est resplendissant et le scope, maîtrisé à la perfection par le tout jeune cinéaste qu’était alors Sergio Leone au moment du tournage, donne une idée précise du génie du cadre et de l’image du futur maestro italien.

Un film à découvrir – ou à redécouvrir pour les plus anciens d‘entre nous – sans l’ombre d’une hésitation. Chaudement recommandé pour la rentrée.

Et bon courage à toutes et à tous pour la reprise, qu’elle soit scolaire, professionnelle ou sentimentale.

 

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Une certaine tendance du cinéma français, 2ème partie

B9720360660Z.1_20190806161622_000+GVAE3CEVQ.3-0 On en revient toujours à cette vieille question, jamais   résolue en apparence : qui est le plus légitime pour   donner naissance à un film, celui qui le réalise et qui est   en principe derrière la caméra (même si la plupart des   réalisateur.rice.s se contentent de jeter un œil dans le   combo lors du tournage d’une scène), ou bien celui qui   joue dedans et qui possède le capital-risque (un peu   similaire à la valeur monétaire d’un joueur de football   de l’élite) ?

Il semblerait que le vrai pouvoir appartienne aujourd’hui davantage aux acteur.rice.s, dont je ne suis pas certain qu’ils portent tous de la même manière le désir de raconter des histoires. Ce qui fait que ces dernières se ressemblent toutes dans l’ensemble, avec la cohorte d’histoires de familles re-re-recomposées et surmultipliées, et multiethniques de préférence. On se demande quand même comment tous ces gens tellement libéraux et larges d’esprit vivent au quotidien. Car dans les comédies françaises actuelles on ne voit plus aucun personnage aller au travail ou chercher de la petite monnaie pour acheter son pain ou les croissants. Tout ce qui fait le sel de la vie de chacun d’entre nous n’intéresse plus les décideurs du cinéma français. Et nous n’avons plus le choix qu’entre comédies sirupeuses et dégoulinantes de bons sentiments et drames sociaux d’une noirceur absolue qui vous dégoûtent de la vie et d’a peu près tout ce qui en fait la saveur. Entre la misère sociologique et les rires faciles on est sommé de choisir son camp.

Remarquez, chez d’autres ce n’est guère mieux. Chez les américains par exemple les films tendent à devenir de plus en plus insipides et inoffensifs. Le reflet de la mondialisation couvre à peu près l’ensemble de la réceptivité des images en ultra HD ; et la nouvelle norme mondiale veut imposer à coups d’objets filmiques manufacturés dans les usines high-tech le flux continu, incessant, robotisé, des histoires qui ne s’arrêtent jamais. Car aujourd’hui plus aucun personnage ne meurt. Car plus aucune action racontée n’est marquée du sceau de l’irrémédiable, du moment unique et non reproductible. Le superflu dans les histoires est devenu ce qui est essentiel à la mécanique narrative audiovisuelle, films et séries mêlés.

À ce rythme tous ces gens qui ont les clés de l’imaginaire contemporain vont finir par nous éloigner pour de bon des salles. Il viendra un jour – proche, je le crains – où le cinéma ne signifiera plus qu’une chose, celle de refléter la norme majoritaire et consensuelle des gens du spectacle partout à travers le monde.

Quels utilisateurs de salles deviendrons-nous dans un proche avenir ?

Il n’est déjà qu’à remarquer qui hante les festivals de cinéma d’art & essai comme ceux de Locarno, de Gindou, de La Rochelle, d’Auch, etc. À force de nous faire croire que celles et ceux qui paient leur place de ciné tout au long de l’année incarneraient bon an mal an le vrai public pour qui le cinéma est conçu [alors que 60 à 70 % de la production cinématographie française procède de l’auto-congratulation permanente et satisfaite des gens du milieu ; cette sauterie entre gens bien nés coûte quand même des centaines de millions d’euros par an. Ça fait quand même cher Le Sens de la fête (Éric Toledano & Olivier Nakache, France, 2017) non ?] il ne faudra pas s’étonner le jour où les bonnes poires que nous sommes n’alimenteront plus la machine à fric du cinéma indigeste qu’on nous propose. Ce qui arrive avec l’alimentation aujourd’hui, ainsi qu’avec les produits pétrochimiques, arrivera aussi à l’industrie culturelle.

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Nous en aurons vite marre des ersatz d’acteur.rice.s, d’écrivain.e.s, de chanteur.euse.s, de tous ces néo-artistes en pâte à modeler fabriqués à la moulinette.

à suivre…

 

 

 

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