Inscription Aller à: [ recherche ] [ menus ] [ contenu ] [ montrer/cacher plus de contenu ]



HBO reprend la main : bienvenue dans le « Lovecraft Country » [#1]

 

La très graphique affiche promotionnelle de la nouvelle pépite de HBO.

La très graphique affiche promotionnelle de la nouvelle pépite de HBO.

Nous disions dernièrement que depuis la fin (définitive ?) de la série phénomène Le Trône de fer, la chaîne payante américaine HBO, qui pendant des années donnait le ton en matière de production et de diffusion de séries de grande qualité, cherchait un second souffle. Je crois qu’elle l’a trouvé avec la nouvelle série qu’elle est en train de diffuser sur ses antennes (ici en France c’est la chaîne OCS qui s’en occupe depuis le lundi 17 août 2020). Il s’agit de Lovecraft Country (2020, saison 1).

Je ne sais pas encore si l’ensemble de cette première saison sera à l’unisson du premier épisode, mais si ça devait être le cas alors nous serions en présence d’une nouvelle création télévisuelle tout bonnement phénoménale.

Cette toute nouvelle série est produite, comme il se doit depuis quelques années, par le génial entertainer Jordan Peele. Ce dernier, non content de réaliser des long-métrages à succès (Get Out et Us, successivement en 2017 et 2019), en profite pour être producteur de séries fantastiques incontournables : il a par exemple ressuscité la mythique Quatrième dimension [The Twilight Zone, 2 saisons pour le moment : 2019 et 2020].

Maintenant il nous livre ce Lovecraft Country sensationnel.

 De quoi ça parle ?

Atticus, dit « Tic », qui a été soldat pendant la Guerre de Corée, est tout juste démobilisé. Une fois rentré chez son père à Chicago, qui vit à South Central, il apprend que ce dernier a disparu depuis 15 jours dans le Comté d’Ardham, sis dans le Massachusetts (mais attention les yeux, ici on n’est pas chez les Bee Gees !). Comme son oncle paternel, George, doit entreprendre un voyage dans le secteur afin d’actualiser son Guide à destination de la communauté afro-américaine, pour éviter les endroits où sévissent les troupeaux racistes [il s’agit du tristement emblématique Green Book, qui est aussi l’enjeu du film récompensé aux Oscars de Peter Farrelly, Green Book : Sur les routes du Sud, États-Unis/Chine, 2018], « Tic » s’embarque avec lui sur les routes de campagne en emmenant avec eux la jolie et espiègle jeune sœur de sa tante, Leticia. 

[à suivre...]

 

.
 

Un acteur nommé Jim Carrey [#2]

Jim Carrey a joué à deux reprises le personnage d’Ace Ventura, qui exerce la profession loufoque de détective animalier. Il s’agit d’un détective privé qui se lance sur la trace d’animaux domestiques disparus. Il vit à Miami en loyer, dans un appartement qui regorge d’animaux à la fois domestiques et totalement sauvages. On trouve dans le tas des écureuils, des ratons-laveurs, un singe ouistiti (lequel aura un rôle un peu plus étoffé dans le second opus), un toucan, et j’en passe…

L'affiche originale du film.

L’affiche originale du film.

Dans Ace Ventura, détective pour chiens et chatsAce Ventura : Pet Detective, Tom Shadyac, États-Unis, 1994) la responsable de la communication du club de football des Miami Dolphins l’embauche pour retrouver la trace de la mascotte de l’équipe, un dauphin vivant baptisé Flocon de neige. Ace Ventura, tout excentrique qu’il est, à la limite quand même de la débilité la plus profonde et la plus gênante, surtout pour celles et ceux qui l’accompagnent (voir à cet effet la scène hilarante dans laquelle il parle avec son c… à un policier catastrophé ; il fallait quand même oser le faire en 1994 dans un film mainsteam pensé au départ pour les enfants.), ridiculise à tout instant les forces de police de Miami qui le prennent pour un branquignol de la pire espèce.

Jim Carrey se permet des choses inimaginables dans un film tous publics, car son humour n’est pas familial, il est basé sur la méchanceté, la mauvaise foi, la scatologie, l’excrémentiel et bien évidemment le sexe. Pour preuve, dans la séquence dans la chambre de l’appartement où le hors champ nous fait comprendre qu’Ace Ventura s’envoie en l’air avec enthousiasme dans le lit avec la géniale Courtenay Cox, une fois les deux amants filmés en plongée côte à côte dans le pieu, la jeune femme avoue avoir joui au moins 3 fois, alors son partenaire rétorque : « ça m’arrive rarement ». Il marque un temps d’arrêt, avant d’ajouter, un sourire radieux sur le visage : « Je dois être fatigué ». Quel autre acteur, au milieu des années 90, peut se permettre ça, avec ce visage juvénile, cette coupe de cheveux totalement délirante, une démarche qui oscille entre celle du neuneu intégral et celle du mec à la coule arrogant, tête à claques mais qui emballe toutes les filles sublimes sur son passage (il met dans son lit Courteney Cox et se fait sexuellement harceler par Sean Young, excusez du peu) ?

Un an après, devant le succès phénoménal de cette première aventure d’Ace Ventura (exactement 107 217 396 dollars de recette à travers le le monde – sources = IMDB, actualisé le 07/08/2020), Jim Carrey revient dans Ace Ventura en Afrique (Ace Ventura : When Nature Calls, Steve Oedekerk, États-Unis, 1995). Cette suite va rapporter le double d’argent : les recettes totalisées à travers le monde à la fin de son exploitation seront précisément de  212 385 533 dollars (sources = IMDB, actualisé le 07/08/2020). Ce nouvel épisode est tout aussi déjanté que  le précédent ; cette fois un colon britannique d’un pays imaginaire africain retrouve la trace d’Ace Ventura, lequel s’est volontairement retiré du monde au Tibet dans une lamaserie. Effectivement, quelques temps auparavant, il n’a pas digéré d’avoir laissé tomber un raton laveur dans le vide, depuis un pont suspendu. Le britannique somme Ace Ventura de venir avec lui en Afrique, au Nibia [pays imaginaire, vous l'aviez deviné], pour aider le peuple débonnaire des Wachatis à retrouver leur idole sacrée, une chauve-souris, qui leur a été dérobée pour empêcher le mariage de la fille du chef de la tribu avec un vaillant guerrier d’une tribu concurrente, celle des Wachootoos. Bien sûr il faut prendre cette nouvelle aventure du désopilant détective au millionième degré, sans quoi on sera atterré par les relents profondément racistes, misogynes et homophobes du film. Un tel film pourrait-il sortir sur nos écrans aujourd’hui ? Je ne pense pas car le monde a changé, nos sociétés se sont figées dans des positions en chiens de fusil qui n’admettent plus le rire gras, celui qui colle, qui éclabousse mais n’en reste pas moins totalement inoffensif.

Photomaton extraordinaire du comédien canadien.

Photomaton extraordinaire du comédien canadien.

Il n’y aura certainement jamais de troisième épisode des aventures déjantées et totalement anachroniques de ce détective pour animaux. Ace Ventura est un personnage fantasque totalement délirant, qui voue une haine féroce aux êtres humains, et n’a de la considération que pour les animaux, ses semblables, ses égaux en douleur et en affliction. Le monde dangereux dans lequel nous vivons aujourd’hui, dans lequel chacun a quelqu’un à détester et à poursuivre de sa haine, est une terre aride, infertile, où les films d’autrefois n’ont plus leur place.

Le charme puissant du divertissement a été rompu, la magie n’opère plus nulle part car ils ont fini par tuer les deux licornes sacrées de ce film époustouflant : Legend, Ridley Scott, États-Unis, 1985. Ce monde désormais a détourné les yeux de ce qui il y a trente ans ou quarante ans en arrière donnait tout son sens à un enfant : la bonté, la douceur, la gentillesse, et la récompense pour celles et ceux qui avaient appris à aimer, sans jamais faire preuve d’animosité. Les films Amblin n’existent plus, les films de John Hugues n’existent plus et les dernières idoles en sucre Candy ont elles aussi fini par rendre l’âme.

Le cinéma y-a-t-il seulement survécu ?

.
 

Un acteur nommé Jim Carrey [#1]

Jim Carrey est un génie comique, c’est entendu. Cependant son humour n’est pas spécialement adapté au public francophone. Car, avec les grimaces qu’il fait tout au long de ses films, et avec les différents accents qu’il emprunte pour ses rôles, on est quand même loin des mimiques et des onomatopées de notre Louis de Funès national, dont la rediffusion des films sur le réseau hertzien a fait un tabac pendant le confinement.

Jim Carrey

Si on s’amuse à cheminer dans la filmographie, à ce jour quand même impressionnante, du comédien comique canadien, on va vite se rendre compte d’une chose, et elle est essentielle pour comprendre les ressorts dramaturgiques de cet acteur exceptionnel : Jim Carrey s’est évertué pendant tout son parcours artistique à tuer la beauté plastique de son visage et de son corps. Dans un film comme The Mask (Chuck Russell, États-Unis,1994) ce n’est pas son personnage humain qui est séduisant et qui emballe la fille-canon sculpturale (interprétée avec gourmandise par la ravissante Cameron Diaz), mais bien son double invraisemblable, son avatar ; il peut bien danser tout son saoul avec elle, vivre des aventures palpitantes et dangereuses en sa compagnie, au final ce n’est pas le personnage de Stanley Ipkiss qu’elle embrasse avec passion, mais un visage vert qui n’a rien de bien attrayant.

Jim Carrey est un acteur de cinéma qui se grime, et dont les avatars à l’écran ont acquis une notoriété mondiale (Le GrinchHow The Grinch Stole Christmas, Ron Howard, États-Unis/Allemagne, 2000). Et cette notoriété mondiale, écrasante dans les années 1990, a été difficile à négocier ; il a vécu, comme les deux autres stars du cinéma mondialisée de son envergure, Tom Cruise et Johnny Depp, les mêmes affres, il a côtoyé les mêmes abîmes, il a lui aussi touché le fond et a plongé dans une dépression de laquelle il aurait pu ne jamais se relever.

Après le film sublime qu’il a tourné pour Milos Forman, Man On The Moon (Royaume-Uni/Allemagne/Japon/États-Unis, 1999), Jim Carrey a compris qu’il était devenu un acteur exceptionnel, mais qu’il avait laissé sur le chemin hyper calibré de la gloire hollywoodienne son identité en route.

À suivre…

.
 

Les thrillers : [#1] « Cruising – La Chasse »

Cruising – La Chasse (Cruising, Allemagne de l’Ouest/États-Unis, 1980) de William Friedkin, le réalisateur énervé, est un film profondément antipathique. Au départ il s’agit d’un long-métrage de genre attrayant, dans la mesure où son metteur en scène se propose de radiographier à l’aide de ses caméras 35 mm et de son Scope, le monde hermétique des clubs gays new-yorkais à la fin des seventies et au tout début des années fric & violence décomplexée des eighties. Le public de l’époque pouvait espérer avoir affaire à une vision différente de celle d’un Paul Schrader par exemple (son Hardcore [idem, États-Unis], date de 1979), ou à celles d’autres cinéastes puritains qui avaient traité le sujet d’une manière toute outrancière. Il n’en sera rien.

Les thrillers : [#1]

William Friedkin, fort du succès international de L’Exorciste (The Exorcist, États-Unis, 1973) mais marri du bide retentissant de son pourtant phénoménal Le Convoi de la peur (Sorcerer, États-Unis/Mexique, 1977), remake déroutant et sous adrénaline du chef d’œuvre incendiaire Le Salaire de la peur (France/Italie, 1953) d’Henri-Georges Clouzot, se sert d’un roman de Gerard Walker pour ausculter le monde interlope et nocturne du New-York essentiellement gay ; nulle trace de personnages lesbiens ou trans ici, le père Friedkin jouant avec tous les codes qu’on prête aux homosexuels à l’aube des années 80 : ils sont essentiellement body-buildés, moustachus, en sueur et n’ont pas besoin de communiquer par la parole pour incendier les sens de n’importe qui. C’est aussi kitsch et sans envergure que quand on veut rendre compte de l’atmosphère sexuelle dégagée dans n’importe quelle discothèque d’Amérique du Nord dans des films comme Flashdance (Adrian Lyne, États-Unis, 1983) ou Dirty Dancing (Emile Ardolino, États-Unis, 1987). Pourtant, en eux-mêmes, ces 2 films pris en exemple sont loin d’être mauvais ; cependant la gageure qui consiste à synthétiser toute une culture jeune & urbaine en 3 plans séquences et quelques ralentis sur de la musique à la mode va bien 10 ou 15 minutes, pas plus. On ne résume pas une manière culturelle en 1 film ou 2, en faisant croire qu’on en a fait le tour.

Quelle est l’intrigue du film ? Le chef des inspecteurs de la Brigade Mondaine d’un borrough new-yorkais charge un de ses policiers d’infiltrer la communauté gay afin de mettre la main sur un tueur en série qui assassine des homosexuels en les lardant de coups de couteau dans le dos, et parfois en découpant leur corps. Steve Burns est le policier à qui le chef (interprété par Paul Sorvino) s’adresse pour mettre hors d’état de nuire le mystérieux tueur au couteau.

À partir de là nous suivons les pérégrinations de Steve, qui est « undercover », et qui sous la fausse identité de John Ford va essayer de se créer de toutes pièces un profil vraisemblable dans le monde très fermé des clubs « hardcore » de la ville qui ne dort jamais.

Ce qui est perceptible, à la vision des plans qui se déroulent dans les différents clubs où Al Pacino déambule à la recherche d’indices, c’est la façon méprisante avec laquelle William Friedkin filme cette « faune » de mâles qui se déhanchent sur la piste au son d’une musique techno-rock répétitive en diable. Si on étudie avec minutie les séquences on « sent » que le réalisateur adoube le comportement des inspecteurs de la Mondaine – notamment dans une scène d’interrogatoire traumatisante pour le jeune suspect qu’on soupçonne un temps d’être le tueur en série. La virilité agressive de ces policiers à moustache et en bras de chemise jure avec celle – mise à distance – de tous ces mecs qui passent la nuit à jouer sexuellement avec leurs corps entre adultes consentants. Et Friedkin appuie à coups de zooms et de décadrages l’idée selon laquelle ce n’est pas tellement de se mettre dans les pas d’un tueur en série qui est traumatisant, mais bien plutôt de se mêler à cette faune hédoniste, filmée à la manière d’un Ridley Scott quand il traque sa terrible bébête dans les coursives du Nostromo [Alien, le huitième passagerAlien, Ridley Scott, Royaume-Uni/États-Unis, 1979].

Cruising – La Chasse, qui est plastiquement superbe, et particulièrement bien interprété (Al Pacino y est somptueux dans son rôle de policier complètement dépassé), n’en reste pas moins, sous des atours séduisants au possible de thriller urbain moderniste, un film profondément réactionnaire.

 

 

 

.
 

Lespetitesgarces |
Seventh Art Lovers |
Juloselo |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Serietvaddict2015
| Whitekelly4o
| My own private movie