Prey (Dan Trachtenberg, États-Unis, 20th Century Studios, 2022) nous embarque dans les Grandes Plaines, pendant le XVIIe siècle, au cœur de la Nation Comanche. La caméra de Dan Trachtenberg, le réalisateur, suit pas à pas Naru, une jeune Comanche intrépide. Naru passe le plus clair de son temps à observer la nature et à chasser à l’extérieur du campement. Elle évolue, en compagnie de son fidèle chien de garde Saari, au sein d’une nature majestueuse mais non avare de dangers : on y rencontre inopinément des pumas, des ours, des trappeurs patibulaires, et même une sorte de prédateur fortissimo ; et pour certaines et certains, c’est justement lorsqu’arrive la confrontation entre notre Comanche et un Predator particulièrement bestial, que le bât blesse.
Effectivement, faire coïncider la 7e aventure des Predators au cinéma avec le récit chatoyant d’une aventure initiatique au sein de la Nation Comanche, est une gageure. Pour comprendre la démarche, il faut faire un pas de côté et se pencher sur l’histoire récente d’Hollywood et de l’entertainment aux États-Unis et au Canada.
La plupart des executives des studios et des plateformes de films & séries – celles et ceux qui sont en poste à l’heure actuelle – ont biberonné au cinéma des années 1980 et 1990. Pendant ces deux décennies fondamentales pour le cinéma de divertissement, les films de genre ont acquis une légitimité spectaculaire ; des films comme E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg (États-Unis, Universal Pictures/Amblin Entertainment, 1982), The Thing de John Carpenter (États-Unis, Universal Pictures, 1982), Conan le barbare de John Milius (États-Unis/Mexique, Universal Pictures/Dino De Laurentiis Company/Pressman Film, 1982) ou encore Terminator de James Cameron (Royaume-Uni/États-Unis, Pacific Western Productions, 1984) ont renversé la table. Désormais le goût du public pour des œuvres magnifiquement mises en scène et en images allait changer pour toujours l’imaginaire collectif : la tête dans les étoiles et l’esprit en ébullition devant des visions cauchemardesques d’un futur terrifiant dans lequel ce qui restait d’humanité devait mener un combat à mort face à des machines terrifiantes, les spectatrices et spectateurs des golden eighties n’envisageraient plus d’aller au cinéma sans qu’on leur offre au quotidien des images monumentales aux effets spéciaux assourdissants, en serrant fort, jusqu’à la rupture, le pot de pop-corn de taille XXL.
Une nouvelle culture populaire s’est faite jour à ce moment-là.
à suivre…