Le premier film événement de 2024 : « Pauvres Créatures » de Yórgos Lánthimos
La saison cinématographique 2024 démarre avec un chef-d’œuvre : il s’agit du nouveau film du réalisateur grec Yórgos Lánthimos, intitulé Pauvres Créatures, et récompensé cet été (2023) par le Lion d’Or du meilleur film à la Mostra de Venise (gage de qualité pour tout.e cinéphile qui se respecte).
Dans ce 8e long-métrage du réalisateur grec, il est question de créatures à la recherche de leur humanité profonde. Bella Baxter, incarnée à la perfection par Emma Stone (avec peut-être un second oscar à la clé dans un leading role), veut découvrir le monde ; et en s’émancipant, en s’affranchissant du rôle démesuré joué par les hommes, à Londres comme à Lisbonne, ou à Alexandrie, elle va acquérir une part d’humanité qui lui faisait défaut, croyait-elle. Cette nouvelle œuvre cinématographique du cinéaste grec est une dystopie steampunk : Yórgos Lánthimos invente sous nos yeux un monde singulier, excessivement coloré, et y plonge ses personnages (fort attachants) comme on place des insectes, des batraciens et des serpents (certains venimeux, d’autres non) dans un vivarium.
Le film est un festin pour les sens, tant sa richesse chromatique et sonore n’a d’égale que la perfection de l’interprétation. Emma Stone (qu’on avait profondément aimée dans La La Land de Damien Chazelle) s’y transforme en Reine de la Comédie dramatique. Et l’utilisation de la nouvelle pellicule très haute sensibilité Kodak pour le cinéma (au rendu particulièrement chatoyant) magnifie chaque plan du film.
Il faudra visionner ce film plusieurs fois pour en absorber toutes les audaces, tous les indices si riches qui le parsèment de bout en bout, pour en décrypter toutes les références cinématographiques : Fellini, Lars Von Trier, le Jeunet & Caro de La Cité des enfants perdus, Tarkovski, Lynch… et tant d’autres.
L’année cinéma 2024 ne pouvait pas mieux commencer !
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