Un inspecteur de la police d’Austin, au Texas, est reçu par une psychologue du travail pour savoir s’il est apte à exercer ses fonctions. Depuis l’enlèvement de sa fille dans un parc de la ville, le policier, incarné par Ben Affleck (qui hérite une fois de plus d’un rôle sur mesure), est un peu à côté de ses pompes. Seul le travail lui permet de tenir encore le coup. Comme une information anonyme les prévient, lui et son coéquipier, d’un braquage à venir, ils décident de se rendre sur les lieux où se trouve la banque visée, et d’y monter une planque.
Sur cette trame scénaristique archi-rebattue, le réalisateur hollywoodien Robert Rodriguez, autrefois complice de Quentin Tarantino, nous emmène à la rencontre de personnages étonnants, les « Hypnotics », qui maîtrisent l’hypnose et la manipulation mentale au-delà même de ce qu’il est possible d’imaginer. Par certains côtés, le film fait penser au génial Scanners (1981) de David Cronenberg. On a droit aussi, chez Rodriguez, à des duels psychiques entre êtres humains qui manipulent à loisir la conscience de chacun.
En inventant « La Cellule », cette mystérieuse organisation secrète, boîte privée qui travaille pour la Défense des États-Unis, le cinéaste joue avec les thèses complotistes qui illustrent de nombreuses fictions ciné et télé en Amérique du Nord. Alice Braga (divine), William Fichtner (toujours aussi classe) et Ben Affleck, s’amusent eux et elle aussi énormément en interprétant des personnages rois et reine de l’illusion, mais qui arrivent aussi à se faire berner.
Hypnotic (2023, sur MyCanal) est aussi une œuvre de cinéma ultra référentielle, qui cite au long de ses 1h33 de métrage Le Prestige (2006) et Inception (2010) de Christopher Nolan (récompensé en février 2024 en France d’un César d’honneur pour l’ensemble de sa filmographie), la photographie dorée des films nineties de David Fincher, ou encore Paycheck (2003) de John Woo, avec déjà Ben Affleck dans le rôle masculin principal (accompagné par l’extraordinaire Uma Thurman).
Hypnotic a été présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2023. On comprend pourquoi, tant ce pur objet de divertissement, d’une facture irréprochable, nous emmène en terrain familier, au cœur de ce cinéma américain que nous aimons tant.
Oui, à Hollywood, les films du milieu, même s’ils sont moins nombreux qu’avant, existent toujours. Pour notre plus grand plaisir !