Quand tu souris : « Smile » de Parker Finn
Une psychiatre, Rose Cotter, travaille dans un service d’urgences à l’hôpital, dans le New Jersey. Elle y reçoit une jeune patiente en état de choc. Pendant qu’elle lui parle et qu’elle commence à établir un diagnostic, la jeune femme, de plus en plus instable, finit par se suicider devant elle. En mourant, elle affiche sur son visage un sourire à jamais figé, même jusqu’à la morgue de l’hôpital. À partir de cette situation traumatique, notre jeune psy va être confrontée à de plus en plus de situations anxiogènes. Lesquelles vont avoir un impact néfaste sur son existence : délitement de son couple, suspicion de ses confrères, incompréhension de ses proches. Seul son ex petit ami, un policier bienveillant, semble lui prêter une oreille attentive.
Sur cette trame archi-rebattue de film d’horreur (la malédiction qui fait de votre vie quotidienne un enfer), cette production Paramount Pictures de 2022 propose une relecture passionnante du genre, car elle possède deux éléments de poids : d’abord une actrice géniale, Sosie Bacon, qui porte entièrement Smile (2022) sur ses épaules. Son interprétation d’une psychiatre brillante dépassée par les événements est absolument convaincante. Ensuite une mise en images innovante, avec une caméra fluide qui colle au plus près du sentiment de déliquescence qui envahit notre héroïne : on fait siens les tourments qui l’assaillent, et on compatit. D’ailleurs, les adolescent.es ont fait un triomphe au film en salles (environ 1 200 000 spectateurs et spectatrices se sont reendu.es au cinéma lors de son exploitation au cinéma en France entre octobre 2022 et début janvier 2023).
Quand on filme son histoire avec gourmandise et intelligence, généralement le public suit et le bouche-à-oreille fonctionne, même à l’ère des plateformes. Depuis quelques années le genre horrifique se porte bien , car il est tenu à bout de bras par des équipes talentueuses, au professionnalisme indéniable. Quand on respecte le matériau premier ça finit bien souvent par payer.
Smile, à travers son portrait d’une psy en prise avec une entité maléfique d’origine inconnue, redore le blason de l’horreur et du fantastique au cinéma, là où Evil Dead Rise (2023 – Lee Cronin) a en partie échoué par exemple. On ne peut pas réussir à chaque fois. Et puis se confronter à une franchise à succès est le plus casse-gueule des exercices, c’est bien connu. En partant d’une histoire originale l’équipe du film a évité des potentiels désagréments, et des désillusions difficiles à effacer, quand il s’agit de proposer aux studios un nouveau projet de long-métrage.
Smile est une belle réussite. Mais faites attention aux sourires enjôleurs et insistants. Trop insistants pour êtres honnêtes.
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