Inscription Aller à: [ recherche ] [ menus ] [ contenu ] [ montrer/cacher plus de contenu ]



Un été avec Natalie Wood (3/5)

La lente émancipation de la "petite fiancée de l'Amérique" commence par la reproduction, à la perfection, des gestes du Music-Hall.

La lente émancipation de la « petite fiancée de l’Amérique » commence par la reproduction, à la perfection, des gestes du Music-Hall.

Un an après Une vierge sur canapé, changement de registre pour Natalie Wood en 1965, qui partage l’affiche avec la star masculine du moment Robert Redford, dans la comédie dramatique musicale Daisy Clover de Robert Mulligan. Du rôle de la psychologue ingénue qui se laisse séduire par Tony Curtis, elle passe à celui de la petite fiancée de l’Amérique (petit mythème sucré inventé par Hollywood dans les années 1930 et 1940 pour vendre des places de cinéma au plus grand nombre), qui malgré elle va tomber dans les griffes de prédateurs sexuels autrement plus carnassiers que le journaliste inconséquent du film précédent. Cette étude sociologique filmée, dansée et chantée de Robert Mulligan nous montre de quelles façons les hommes qui détiennent le pouvoir artistique et industriel s’y prennent pour araser à jamais le libre-arbitre des jeunes et jolies femmes dont ils font des esclaves consentantes. 

La jeune Daisy Clover, qui est encore mineure, vit chichement avec sa mère sur le front de mer californien. Elle tient une baraque foraine qui vend aussi des clichés des vedettes de cinéma de l’usine à rêves, et pousse la chansonnette pour dissiper son ennui. Un concours de circonstance va l’amener à devenir la nouvelle girl next door dont raffolent les américain.ne.s. On va lui faire enregistrer des chansons, tourner des films, assister à des avant-premières prestigieuses en compagnie de Myrna Loy, de Clark Gable et de Joan Crawford. Et notre jeune vedette va bien entendu s’amouracher de la coqueluche masculine du moment, le jeune acteur Wade Lewis, logé à la même enseigne qu’elle, c’est-à-dire une prison dorée dans la propriété d’un couple de producteurs à la tête du Swan Studio.

Dans ce film remarquable, où la caméra sait capter les beautés stupéfiantes de Natalie Wood et de Robert Redford (mais ce dernier n’est pas l’attrait principal du film, sa présence ne requiert l’usage que de 2 ou 3 bobines, guère plus), tous les éléments, même les plus insignifiants, sont importants, car ils soulignent l’enfermement dans lequel on maintient Daisy Clover. Par exemple, le nom du studio n’est pas anodin, Swan Studio, car en matière de cygnes noirs qui ne veulent pas jouer le jeu, à Hollywood ce n’est pas ce qui manque. La thématique du feu libérateur, qui brûle puis permet une renaissance chèrement acquise, est très bien amenée dans la dernière bobine : nous restons seul.e.s en présence de Daisy Clover, dans la maison au bord de l’océan qu’elle avait achetée à sa défunte mère avec ses émoluments de star de cinéma. Et nous nous régalons du génie comique de Natalie, qui a fait sienne la dextérité des génies burlesques d’autrefois : les Charlie Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd, Laurel & Hardy… Et puis cet arrêt sur images final sur Natalie, radieuse et riant aux éclats, enfin débarrassée une bonne fois pour toutes des ces mauvais génies qui la maintenaient dans une spirale de confusion et de désarroi !

L’année suivante, en 1966, elle sera de nouveau à l’affiche avec son alter égo masculin, le mythique Robert Redford, dans le très beau Propriété interdite de Sidney Pollack.

To be continued…

Image de prévisualisation YouTube

 

.
 

Entrez dans la ronde avec « Twisters »

Twisters Chaque été amène son lot de films qui ont pour mission de nous faire oublier, le temps d’une séance, les tracas des mois écoulés. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un bon film-catastrophe, comme on en produisait dans les années 1970 : mais à l’heure du réchauffement climatique et de l’éco anxiété, tout ça est en train de tourner au vinaigre. Et pas sûr qu’en Californie on ait très envie de se réfugier dans une salle climatisée pour contempler des tornades destructrices pendant que 300 000 hectares sont en train de brûler dans la vraie vie. Cependant, au niveau spectaculaire et scènes ébouriffantes, ce nouveau film de tornades, Twisters (Lee Isaac Chung, 2024), comme on les aime – c’est-à-dire filmé à l’ancienne, avec des effets sonores Dolby Atmos stratosphériques - remplit le contrat. Le réalisateur Lee Chung rend terriblement oppressantes ces masses d’air dévastatrices qui ne laissent rien sur leur passage, sinon des morts par dizaines et de la désolation.

Bien calé dans son fauteuil de cinéma on joue à se faire peur devant ces images d’une nature indomptable. Et puis ce blockbuster de l’été est un écrin idéal pour présenter en tête d’affiche celui qui va régner dorénavant sur le star-système hollywoodien : Glen Powell. Oubliez une fois pour toutes les bellâtres des vingt dernières années, car sont appelés sur le trône : Glen Powell donc, et Miles Teller (ils s’affrontaient dans Top Gun: Maverick en 2022), et puis Austin Butler (qui lui embrasait les écrans la même année 2022 dans Elvis de Baz Luhrmann) ; vous y ajoutez Timothée Chalamet (qui a mis tout le monde d’accord dans le sublime diptyque Dune et Dune : deuxième partie, 2021 et 2024, de Denis Villeneuve), et vous avez le Quinté gagnant (en 5e position vous pouvez mettre qui bon vous semble).

Les 4 cités sont de toute façon appelés à régner sur Hollywood pour les 10 prochaines années. Comme autrefois Gary Cooper, Clark Gable, Spencer Tracy et James Stewart quand ils se partageaient le gâteau dans les années 1940, nos nouveaux mousquetaires masculins du circuit ont atomisé la concurrence. Un film comme Twisters, qu’on peut aller voir en famille (aucune scène du film ne mettra personne dans l’embarras), est un véhicule calibré pour tester les amortisseurs de sa vedette masculine. D’accord, le monde brûle un peu partout, mais… The Show Must Go On les ami.es.

Le blockbuster de l’été est là pour nous réconcilier avec ce que nous aimions au cinéma auparavant : visualiser en super grand format des personnages charismatiques toujours enclins à aider son prochain, en traversant des épreuves auxquelles nous autres ne survivrions pas ; puis ils s’en vont à la fin dans le soleil couchant (ou presque, on se contentera ici d’une salle d’embarquement d’un aéroport de l’Oklahoma, et c’est bien aussi), main dans la main vers des lendemains qui chantent.

Par les temps qui courent, ce n’est pas si mal.

Image de prévisualisation YouTube

.
 

Lespetitesgarces |
Seventh Art Lovers |
Juloselo |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Serietvaddict2015
| Whitekelly4o
| My own private movie