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Ciné 80 : (#6) « Top Gun »

Top Gun

Le lieutenant Pete Michell, indicatif « Maverick », est un as de l’Aéronavale. Pilote surdoué, c’est aussi une tête brûlée, et lors d’une reconnaissance depuis le porte-avions où il est affecté avec son navigateur (et ami d’enfance) « Goose », il « flashe » des MIG russes. Auréolés par ce fait militaire inédit et convoqués sur le champ par l’Amiral du bâtiment, il est décide que le pilote casse-cou et son navigateur iront compléter leur formation à Miramar, en Californie, à la Fighter Weapon School, l’académie aéronavale américaine qui forme l’élite des pilotes de combat. Dans cette école, appelée Top Gun, le lieutenant Maverick va être confronté à la compétition (le meilleur élève de l’école, Iceman, devient son adversaire le plus redouté dans la course au trophée Top Gun), au sentiment amoureux (l’instructrice de l’Air ne le laisse pas indifférent, loin s’en faut), et à la perte…

Top Gun, ce film de 1986 réalisé par Tony Scott, le frère de Ridley, est devenu au fil des décennies un film-totem. Car il regroupe toutes les thématiques qui passionnaient les teenagers que nous étions dans les années 1980. La camaraderie (et pendant les années collège, c’était important), le vrombissement surpuissant des réacteurs des Grumman F-14 Tomcat, ces machines de guerre effrayantes qui nous changeaient de nos mobylettes et de nos scooters bridés.

Top Gun a par conséquent été un marqueur indélébile dans nos jeunes vies de spectateurs émerveillés, et rassemblait autant d’admiratrices de la frimousse du beau Tom Cruise que d’admirateurs de la classe naturelle du décontracté Val Kilmer. Et que dire alors de l’extraordinaire actrice de cinéma Kelly McGillis, née à Newport Beach en Californie, et vue dans Witness de l’australien Peter Weir en 1985 et dans Les Accusés de Jonathan Kaplan en 1988 ? Et nos aîné.es préféraient la présence bienveillante de Tom Skerritt, indicatif « Viper », légende vivante de l’Aéronavale, en se souvenant que cet acteur américain né à Détroit, dans le Michigan, incarnait l’emblématique Dallas dans Alien : le 8e passager du frangin Ridley Scott, en 1979.

Top Gun a pris une place à part dans la nostalgie qu’on développe vis-à-vis du cinéma US des années 1980. Il reste indéniablement ce véhicule parfait qui raconte comment on apprivoise nos premières peurs : celle de l’abandon en premier lieu, ensuite celle du renoncement, enfin celle du deuil apprivoisé et de la remise en question nécessaire avant de parvenir à prendre un chemin moralement valide dans le monde qui attend les jeunes gens.

Quand, après de nombreuses péripéties sur la terre ferme comme dans les airs, le lieutenant Maverick décide de devenir instructeur à Top Gun, on pressent que ce ne sera pas le chemin emprunté par le jeune acteur de cinéma Tom Cruise, promis à une carrière fulgurante. Près de 40 ans plus tard, cet acteur qui éclatait en pleine lumière dans ces années 1980 bénies pour lui, est sans conteste le personnage le plus puissant d’Hollywood, aujourd’hui en 2024.

Top Gun premier du nom parle aussi de cette fulgurante ascension.

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Quand les chiens de l’enfer attaquent : c’est le « Project Silence »

Project Silence Sur un tronçon d’autoroute qui relie Séoul à l’aéroport, suspendu entre le ciel et l’eau, un épais brouillard va causer un gigantesque embouteillage. Malheureusement un convoi militaire top-secret, roulant à vive allure, ne pourra pas éviter le collision. Alors la brume, de plus en plus opaque, va devenir le terrain de chasse de…

Il ne faut pas en dire plus, car ce film sud-coréen d’anticipation est contenu tout entier dans cette traque désespérée qui, par un concours de circonstances, va unir des citoyens coréens dissemblables l’espace d’une nuit cauchemardesque. La réalisation, efficace de bout en bout, nous prouve une fois de plus que les cinéastes du Pays du Matin calme sont aujourd’hui les meilleurs en matière de cinéma de genre, car ils ne prennent jamais le public à rebrousse-poil. Ils respectent énormément le matériau cinématographique, si bien que chaque scène d’exposition (un père professionnellement accaparé, veuf, a du mal à communiquer avec son unique fille adolescente ; un époux attentionné redouble de tendresse et de précautions envers sa femme atteinte de démence) préfigure avec éclat les séquences d’action à venir. Aucune rupture de ton ne vient déséquilibrer l’ensemble. La force de ce cinéma de la Corée du Sud réside dans sa capacité à rendre crédibles des situations assez délirantes, déjà vues ailleurs, mais jamais aussi bien filmées : par exemple toutes les scènes sur le pont suspendu envahi par le brouillard sont anxiogènes à souhait et retiennent toute notre attention.

Kim Tae-gon, le réalisateur, fait coïncider à merveille sens aiguisé de l’espace, axes de caméra judicieux, et interprétation mesurée de l’ensemble du cast. Ce Project Silence (Corée du Sud, 2024) vivifie un cinéma d’anticipation et d’aventures que les années 2020 remettent à l’honneur de la plus satisfaisante des manières. Sur les cartographies mondiales du cinéma la Corée du Sud, en septembre 2024, est toujours à la 1ère place du podium des actioners et des films d’anticipation. Mais gare : la relève arrive, et nous vient droit du sous-continent indien (nous en reparlerons d’ici peu, promis).

En attendant, Project Silence fait date, et après les prodigieux Dernier train pour Busan (Corée du Sud, 2016) et Peninsula (Corée du Sud, 2020) de Yeon Sang-ho, et le terrifiant et éprouvant (un conseil aux familles : à ne jamais mettre devant les yeux des enfants) Project Wolf Hunting (Corée du Sud, 2023) de Kim Hong-sun, il est d’ores et déjà une nouvelle référence de ce cinéma de genre qu’on aime tant.

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Entrez dans la ronde avec « Twisters »

Twisters Chaque été amène son lot de films qui ont pour mission de nous faire oublier, le temps d’une séance, les tracas des mois écoulés. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un bon film-catastrophe, comme on en produisait dans les années 1970 : mais à l’heure du réchauffement climatique et de l’éco anxiété, tout ça est en train de tourner au vinaigre. Et pas sûr qu’en Californie on ait très envie de se réfugier dans une salle climatisée pour contempler des tornades destructrices pendant que 300 000 hectares sont en train de brûler dans la vraie vie. Cependant, au niveau spectaculaire et scènes ébouriffantes, ce nouveau film de tornades, Twisters (Lee Isaac Chung, 2024), comme on les aime – c’est-à-dire filmé à l’ancienne, avec des effets sonores Dolby Atmos stratosphériques - remplit le contrat. Le réalisateur Lee Chung rend terriblement oppressantes ces masses d’air dévastatrices qui ne laissent rien sur leur passage, sinon des morts par dizaines et de la désolation.

Bien calé dans son fauteuil de cinéma on joue à se faire peur devant ces images d’une nature indomptable. Et puis ce blockbuster de l’été est un écrin idéal pour présenter en tête d’affiche celui qui va régner dorénavant sur le star-système hollywoodien : Glen Powell. Oubliez une fois pour toutes les bellâtres des vingt dernières années, car sont appelés sur le trône : Glen Powell donc, et Miles Teller (ils s’affrontaient dans Top Gun: Maverick en 2022), et puis Austin Butler (qui lui embrasait les écrans la même année 2022 dans Elvis de Baz Luhrmann) ; vous y ajoutez Timothée Chalamet (qui a mis tout le monde d’accord dans le sublime diptyque Dune et Dune : deuxième partie, 2021 et 2024, de Denis Villeneuve), et vous avez le Quinté gagnant (en 5e position vous pouvez mettre qui bon vous semble).

Les 4 cités sont de toute façon appelés à régner sur Hollywood pour les 10 prochaines années. Comme autrefois Gary Cooper, Clark Gable, Spencer Tracy et James Stewart quand ils se partageaient le gâteau dans les années 1940, nos nouveaux mousquetaires masculins du circuit ont atomisé la concurrence. Un film comme Twisters, qu’on peut aller voir en famille (aucune scène du film ne mettra personne dans l’embarras), est un véhicule calibré pour tester les amortisseurs de sa vedette masculine. D’accord, le monde brûle un peu partout, mais… The Show Must Go On les ami.es.

Le blockbuster de l’été est là pour nous réconcilier avec ce que nous aimions au cinéma auparavant : visualiser en super grand format des personnages charismatiques toujours enclins à aider son prochain, en traversant des épreuves auxquelles nous autres ne survivrions pas ; puis ils s’en vont à la fin dans le soleil couchant (ou presque, on se contentera ici d’une salle d’embarquement d’un aéroport de l’Oklahoma, et c’est bien aussi), main dans la main vers des lendemains qui chantent.

Par les temps qui courent, ce n’est pas si mal.

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« 007 Spectre » (Sam Mendes, 2015)

007 Spectre 007 Spectre de Sam Mendes recèle tous les ingrédients pour en faire dès à présent un  film culte de la saga James Bond : acteur principal au meilleur de sa forme, James Bond Girls épatantes, scènes d’action à couper le souffle, bande son incandescente, photographie irréprochable, et un méchant d’anthologie (aka Christoph Waltz, loin des années Derrick) qui englobe tous ses prédécesseurs dans les arcanes du mal.

Daniel Craig incarne à la perfection ce super agent, as du MI6, mais pourtant de plus en plus enclin à la mélancolie, car en quatre films il laisse derrière lui une longue liste de morts (Verper Lynd, morte noyée dans Casino Royale, M, morte dans ses bras dans Skyfall, Mister White, mort par contrainte dans ce dernier film…), la liste est démesurément longue. Alors on ne s’étonne pas de la teneur rétro et nostalgique du long métrage, car tout concourt à en faire la conclusion d’un parcours du combattant à travers les mailles du SPECTRE.

James Bond n’a jamais été aussi élégant (le superbe smoking blanc dans la séquence anthologique du train lancé à toute allure dans les paysages d’Afrique du Sud), il n’a jamais été aussi sauvage au combat à mains nues (derechef la violente séquence de baston contre le tueur du SPECTRE incarné avec une classe tueuse par l’acteur Dave Bautista, clin d’oeil cool et référencé à Bons baisers de Russie), il n’a jamais été aussi séduisant, et Monica Bellucci et Léa Seydoux ne mettent pas longtemps à s’embraser. Et puis il y a un méchant véritablement effrayant, car derrière les manières onctueuses du chef du SPECTRE, on sent la plus folle des rages criminelles jamais mise en exergue dans un film de pur divertissement ; l’interprétation tout en nuances du génial Christoph Waltz n’y est évidemment pas pour rien.

Alors on peut se poser la question : les producteurs d’EON Pictures vont-ils aller dans une nouvelle direction la prochaine fois, totalement inédite, avec un nouvel acteur, de nouvelles perspectives de récit ? Car il semble difficile de faire mieux que 007 Spectre qui, je pense, est le plus beau Bond de la saga avec GoldfingerL’Espion qui m’aimait et Skyfall.

Auront-ils le courage de choisir Idris Elba pour le prochain, étant donné que Daniel Craig ne semble pas presser de rempiler ? Et puis je fais une suggestion : pourquoi ne pas donner le rôle à … Ben Wishaw, le fameux Q, ce qui donnerait des perspectives complètement inédites pour la suite : un James Bond intello, un peu pleutre, un peu timide avec les filles… bref, un peu comme nous tous quoi !!

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« 47 Ronin » (Carl Rinsch, 2013)

47 Ronin Un enfant court dans la forêt à en perdre haleine ; ça vous rappelle quelque chose ? Effectivement,  ces images nous les avons déjà vues dans Conan le barbare de John Milius (1982). Cet enfant, échappant aux démons qui l’ont élevé, sera recueilli par le seigneur Asano et en grandissant prendra les traits du séduisant Keanu Reeves, qui restera malgré tout un « sang mêlé » et ne devra en aucun cas bouleverser le rituel de vie des samouraïs d’Asano. Les sangs mêlés, nous en avons déjà rencontré dans la saga d’Harry Potter et ils s’appelaient les sangs impurs. Passons. Le débonnaire seigneur Asano, un modèle de droiture et de bienveillance pour sa progéniture et ses samouraïs, reçoit le shogun de la région, lequel est accompagné du félon seigneur Kira, un rival redoutable accompagné d’une traîtresse sorcière qui se transforme en renard blanc quand ça lui chante. Mais ça notre beau et bon héros Kai (sous les traits de Keanu Reeves) le sait dès les premières minutes du film, n’a-t-il pas d’ailleurs été élevé par les démons de la forêt quand il était petit ? Cependant personne ne le croit, et surtout pas le général en chef d’Asano, le mutique et intègre samouraï Oïshi, interprété par le très convaincant acteur nippon Hiroyuki Sanada, dont la fierté blessée est un modèle d’interprétation au cordeau. Evidemment un complot va conduire à la mort du paisible Asano, et le film se change alors en histoire de vengeance, comme dans La fureur de vaincre de Lo Wei (1972) dans lequel Bruce Lee vengeait rageusement, jusqu’au sacrifice, son cher maître chinois assassiné par les japonais.

Sur le papier, malgré pas mal d’invraisemblance (ah bon ? Des sorcières jolies comme des coeurs mais méchantes comme la gale sillonnaient le Japon médiéval en toute impunité ?) le film du britannique Carl Erik Rinsch a tout du bon film d’aventures historiques plaisant à regarder. Plaisant à regarder, il l’est véritablement, tant la reconstitution soigneuse des paysages, des domaines des seigneurs et des ruelles des villages féodaux, comme autant de cartes postales chromatiques, est un émerveillement de chaque instant. La photographie du chef opérateur John Mathieson restitue à merveille les couleurs chatoyantes des paysages variés et enchanteurs. Là n’est pas le problème.

Le problème réside dans la vacuité qu’il y a à infuser des éléments surnaturels sur une intrigue tirée de l’histoire officielle d’un pays ou d’une civilisation. Ce phénomène désolant a envahi les intrigues de films depuis trop longtemps déjà, et décrédibilise toute tentative de reconstitution historique au cinéma : par exemple dans les 300 et sa suite La naissance d’un empire on devait se coltiner toute une panoplie de créatures grotesques issues de l’héroïc-fantasy la plus cheap ; dans 47 Ronin c’est la même chose, on y voit même un personnage de hollandais grimé comme s’il venait tout droit du plateau de tournage du nouveau Star Wars ; et après ça on s’étonne que les mômes soient nuls en histoire au collège !

Bref 47 Ronin n’est pas un mauvais film, loin s’en faut, il est même plutôt agréable à regarder, mais à force de nous proposer des scènes indigestes avec des créatures sans queue ni tête, on ne prendra plus pour agent comptant que La vie de Brian (1980) des Monthy Pythons comme modèle de vrai film historique retors ; c’est dire !

 

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