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Les films d’horreur contemporains : [#3] « Eden Lake » (2008)

 

Jenny, incarnée par l'épatante actrice britannique Kelly Reilly, tente d'échapper à des garnements diaboliques.

Jenny, incarnée par l’épatante actrice britannique Kelly Reilly, tente d’échapper à des garnements diaboliques.

Eden Lake (Royaume-Uni, Color DeLuxe, 2008) est un thriller horrifique du réalisateur britannique James Watkins.

Dans cet excellent thriller sous haute tension (interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles) un jeune couple, Jenny et Steve, part faire du camping au beau milieu d’une grande forêt, sur les berges d’un lac qui doit bientôt disparaître. Une fois arrivé sur les lieux, le couple doit cohabiter, dès son premier jour de villégiature, avec une bande de gamins grossiers, bruyants et énervés, du village voisin. La petite bande de hooligans se compose de 4 garçons, d’une fille et d’une femelle Rottweiler redoutable, Bonnie. Bien entendu, l’agacement de Steve, qui espérait profiter de la tranquillité apaisante de cette nature pittoresque pour offrir une bague de mariage à sa dulcinée, va l’amener à vouloir affronter les gamins. 

Mal lui en prend, car le chef de meute, un adolescent coriace qui a tous les attributs du lad anglais, va bien vite se révéler être un redoutable adversaire. Le cauchemar ne va alors faire que commencer pour ce couple urbain paisible.

Kelly Reilly et Michael Fassbender apportent beaucoup d’authenticité à la composition de ce couple attachant qu’on aimerait avoir comme amis proches. On est d’autant plus choqué que ce qui va leur arriver au cœur de cette forêt ténébreuse et démoniaque à souhait – celle des contes de fées des maîtres de la narration qu’étaient Perrault, les frères Grimm et Andersen – aurait pu être évité si Steve avait écouté les conseils avisés de Jenny, une attachante institutrice parfaitement lucide.

Ainsi cette dernière va être brutalement projeté dans la vie sauvage, et devenir une proie de choix pour cet adolescent psychopathe qui a de qui tenir (et la composition du jeune acteur Jack O’Connell est proprement extraordinaire, si bien que ce rôle lui donnera un ticket pour Hollywood). Les règles de la survie la plus élémentaire vont jaillir du cerveau reptilien de la bête traquée pour en faire une véritable machine d’empoigne ; en cela la transformation de la délicieuse et inoffensive Jenny en une espèce de Lara Croft aguerrie est particulièrement invraisemblable, mais l’identification joue à plein, et rend d’autant plus choquant le dernier quart d’heure de ce thriller horrifique dynamique et parfaitement maîtrisé.

Au moment de sa sortie en salles en 2008 Eden Lake redonnait un bel élan au film de genre britannique.

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Un acteur nommé Jim Carrey [#1]

Jim Carrey est un génie comique, c’est entendu. Cependant son humour n’est pas spécialement adapté au public francophone. Car, avec les grimaces qu’il fait tout au long de ses films, et avec les différents accents qu’il emprunte pour ses rôles, on est quand même loin des mimiques et des onomatopées de notre Louis de Funès national, dont la rediffusion des films sur le réseau hertzien a fait un tabac pendant le confinement.

Jim Carrey

Si on s’amuse à cheminer dans la filmographie, à ce jour quand même impressionnante, du comédien comique canadien, on va vite se rendre compte d’une chose, et elle est essentielle pour comprendre les ressorts dramaturgiques de cet acteur exceptionnel : Jim Carrey s’est évertué pendant tout son parcours artistique à tuer la beauté plastique de son visage et de son corps. Dans un film comme The Mask (Chuck Russell, États-Unis,1994) ce n’est pas son personnage humain qui est séduisant et qui emballe la fille-canon sculpturale (interprétée avec gourmandise par la ravissante Cameron Diaz), mais bien son double invraisemblable, son avatar ; il peut bien danser tout son saoul avec elle, vivre des aventures palpitantes et dangereuses en sa compagnie, au final ce n’est pas le personnage de Stanley Ipkiss qu’elle embrasse avec passion, mais un visage vert qui n’a rien de bien attrayant.

Jim Carrey est un acteur de cinéma qui se grime, et dont les avatars à l’écran ont acquis une notoriété mondiale (Le GrinchHow The Grinch Stole Christmas, Ron Howard, États-Unis/Allemagne, 2000). Et cette notoriété mondiale, écrasante dans les années 1990, a été difficile à négocier ; il a vécu, comme les deux autres stars du cinéma mondialisée de son envergure, Tom Cruise et Johnny Depp, les mêmes affres, il a côtoyé les mêmes abîmes, il a lui aussi touché le fond et a plongé dans une dépression de laquelle il aurait pu ne jamais se relever.

Après le film sublime qu’il a tourné pour Milos Forman, Man On The Moon (Royaume-Uni/Allemagne/Japon/États-Unis, 1999), Jim Carrey a compris qu’il était devenu un acteur exceptionnel, mais qu’il avait laissé sur le chemin hyper calibré de la gloire hollywoodienne son identité en route.

À suivre…

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Welcome to Avalon

Avalon (Pologne/Japon, 2001) est un film de science-fiction du réalisateur japonais Mamoru Oshii. Il s’agit d’une coproduction Japon/Pologne, ce qui n’est pas si courant. En 1h42, ce film absolument saisissant nous raconte le périple d’Ash, une joueuse de jeu-vidéo dont la progression est constante, et qui subjugue les autres joueurs. Ash voudrait accéder à l’ultime niveau du jeu, celui dans lequel le monde virtuel et la réalité se confondent. Ce jeu auquel Ash s’adonne, en un temps indéterminé, dans une grande ville qui ressemble à celles de l’Europe centrale, s’appelle Avalon

La comédienne polonaise Malgorzata Foremniak.

La comédienne polonaise Malgorzata Foremniak.

La vie de cette jeune fille (une Louise Brooks du XXI° siècle naissant qui réactualise le mythe de la femme fatale, guerrière, intransigeante, qui ne s’en laisse pas compter) est rythmée par les longues plages de jeu, par ses trajets en tramway qui la ramènent dans son appartement qu’elle occupe seule avec son Basset Hound, qu’elle aime plus que tout au monde. Ses relations avec les autres humains se limitent au strict minimum. Car dans le monde d’Ash seule la progression dans la réalité virtuelle d’Avalon compte ; elle seule permet de gagner de l’argent qui conditionne le niveau de vie qu’on peut avoir dans l’existence réelle. Et puis il y a ce défi qu’Ash a envie de relever, sous les auspices de son mystérieux Maître de jeu : tous ceux qui ont atteint le niveau Spécial A, c’est-à-dire le niveau ultime du jeu, n’en sont jusqu’à présent jamais revenus ; ils sont à l’état de légumes, réunis tous ensemble dans un sinistre hôpital de la ville. Mais Ash, mutique à souhait, fuyant toute espèce de relation sociale, se sent d’attaque…

Ce film de Mamoru Oshii participait, en 2001, au questionnement sur les bouleversements induits par l’ère numérique. Au même titre que la trilogie Matrix (États-Unis, 3 films en 1999 et 2003, par les sisters Wachowski) Avalon posait un jalon : celui de commencer à bâtir une cathédrale de sens, à la fois métaphysique et moral, en relation avec chaque pierre amenée à leur tour par d’autres cinéastes. Je pense par exemple à Rupert Sanders et à son adaptation du manga animé Ghost In The Shell (États-Unis, 2017) ou encore à Alita : Battle Angel (États-Unis/Argentine/Canada, 2019) de Robert Rodriguez. Ces cinéastes, à tour de rôle, qui savaient marier mieux que personne rigueur sémantique et découpage technique au cordeau, mettaient en images certaines questions, qui étaient d’une actualité brûlante aux toutes premières années de ce vingt-et-unième siècle qui débutait à peine : qu’est-ce que c’est, maintenant, la réalité ? Quelle est la différence, en nature et en genre, entre ce qui semble réel et ce qui ne le paraît pas ? Peut-on faire encore confiance à nos 5 sens ? Notre perception de la réalité diffère-t-elle beaucoup de celle du personnage d’Alita ou de celui du Major ?

Une esthétique "steampunk" indéniable dans le film d'Oshii, à l'image de ce superbe tank de combat.

Une esthétique « steampunk » indéniable dans le film d’Oshii, à l’image de ce superbe tank de combat.

Avalon est un film somptueux sur la quête de sens dans un monde qui paraît cruellement en manquer. Nous ne sommes pas prêts d’oublier le regard fixe,  mais qui questionne tout ce qu’il regarde, de la superbe actrice polonaise qui interprète Ash, la guerrière de l’ère numérique à ses balbutiements : Malgozarta Foremniak !

 

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10 ans de science-fiction au cinéma (2008-2018) [1/4]

metropolis-1 En regard des nouvelles découvertes de la science ces 10 dernières années, on peut remarquer que le cinéma de science-fiction anticipe avec vraisemblance le devenir de l’espèce humaine ; et surtout les modalités de coexistence et de cohabitation entre différentes espèces, dont il faut commencer à prendre au sérieux l’apparition : car les cyborgs, les androïdes, les robots, les êtres humains augmentés, les machines autonomes – en gros tout ce qui a trait à l’Intelligence Artificielle – sont bel et bien parmi nous. A défaut d’avoir pu rencontrer une autre forme de vie, de préférence extraterrestre, en juillet 1969, l’être humain, par le biais combiné des sciences de la biologie et celles de l’ingénierie, s’est évertué à améliorer l’humaine condition à travers la réalisation d’un autre corps, cette fois inaltérable, indestructible, et qui échappe à la corruption du temps. C’est d’ailleurs le programme qu’avait proposé Fritz Lang dès 1927 dans son sublime et indépassable Metropolis.

alien-covenant-59bc0325d7f1a En donnant naissance aux Ingénieurs dans Prometheus (2012), Ridley Scott relance la saga Alien et tente de donner une explication plausible à l’apparition de la vie sur notre bonne vieille Terre. De plus on se rend bien compte qu’il essaye de relier ses 2 films cultes, Alien le 8eme passager (1979) et Blade Runner (1982), matrices originelles de la S.-F. au début des années 80, en reprenant la main : il est
à la réalisation en ce qui concerne la nouvelle trilogie Alien, qui comprend Prometheus, Alien Covenant (2017) et Alien Awakening (à venir), et reste producteur de Blade Runner 2049 (2017), confiant sa réalisation à Denis Villeneuve qui marche sur les traces de son aîné. On a appris depuis que cette nouvelle trilogie devait boucler la boucle en expliquant le comment du pourquoi de l’appel de détresse reçu par le Nostromo au retour de sa mission de récolte de minerais, dans le premier épisode de la saga. Et on croit déceler dans les thématiques mises en œuvre dans Prometheus et Alien Covenant, ce qui hante profondément Ridley Scott, et à sa suite, une cohorte de réalisateurs de S.-F. : la question ultime du sens de la vie, créée ex-nihilo par un ou plusieurs démiurges qui programment un code génétique, et améliorent ensuite les modèles cognitifs propres à l’humanité, puis insufflent la vie à la matière organique modifiée ; ainsi le clone surpasse son modèle humain, et dépasse, dans son développement accéléré, les catégories usuelles de la morale et de la religion.

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« Inherent Vice » et le retour aux seventies

 INHERENT VICE

Qu’est-ce qui donne envie de filmer à Paul Thomas Anderson ? Les longues chevauchées à moto dans le désert sur une bécane rutilante ? Oui, dans The Master (2012) par exemple. Les visages trempées par le pétrole qui colle aux basques et qui noircit l’âme, loin des images élégiaques de Géant (1956) de George Stevens ? Oui, dans l’épique There Will Be Blood (2007). Des hippies défoncés et hédonistes qui mettent en place l’industrie du sexe à la fin des années 70 ? Oui, dans le dorénavant culte Boogie Nights (1997).

Mais alors qu’est-ce qui a pu lui donner envie, une fois de plus, de mettre en images la Californie des années 70 ? L’intrigue du roman de Thomas Pynchon ? Hum, on peut douter devant la complexité de l’intrigue, qui associe plusieurs niveaux de paranoïa et de bouffées délirantes, le tout mixé avec l’idée d’un décadrage continu de la réalité : par exemple les morts ne sont pas vraiment morts, les disparus pas vraiment disparus, les goélettes sont des bastions du mal et le chanvre peut aider à supporter un monde de plus en plus… désopilant.

L’intention de traiter une telle matière romanesque est louable, cependant une fois nos yeux habitués au design seventies du film, au tempo lent de la narration, et à l’invraisemblance de l’histoire (importation massive d’héroïne indochinoise sur le sol américain via la Californie, sous couvert de clinique privée mettant en condition les futurs clients) on s’ennuie peu à peu, on plonge dans la léthargie qui semble être la pièce maîtresse du film, et on se demande si tout cela a finalement quelque importance. Et on ne sait plus où se situe l’enjeu du film ? Dans ses images pastels qui veulent rivaliser avec celles de Terrence Malick, surlignées par la voix off, ou bien dans sa bande son et dans son accoutumance à la culture pop légitimée (j’ai reconnu plusieurs chansons du Loner, l’actrice qui incarne Shasta arbore un maillot de corps Country Joe and the fish) ?

Le film n’est pas mal tout compte fait, mais il ne subjugue pas et il est trop long : ses 2h20 ne pourront pas rivaliser avec l’indémodable The Big Lebowski (1998) des frères Coen, avec lequel je ne peux m’empêcher de le comparer. Mais était-ce voulu ou souhaité par le réalisateur ? Pas sûr.

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« American sniper » ou le point de mire du dernier géant

american-sniper-poster-clint-eastwood Que penser du dernier Eastwood en fin de compte ? Le film est-il une hagiographie d’un tueur assermenté par l’armée des Etats-Unis ou bien plutôt une interrogation scrupuleuse sur l’ambivalence du mal et des affects contrariés ?

Le cinéaste choisit la forme classique, chronologique, pour qu’on puisse comprendre les motivations de Kyle. Entre ses deux premières cibles bien en vue dans la lunette de son fusil lors de sa première opération en Irak et la pression sur la détente, on nous déroule la vie de Kyle, condensée en une vingtaine de minutes depuis l’enfance jusqu’à son engagement dans les Seals.

Ensuite on a affaire au classique film de guerre, avec les sorties de la base en humvee, puis les opérations de sécurisation, puis les pertes, immanquablement.

En tout Kyle aura participé à 4 opérations en Irak, ce qui représente quand même à peu près mille jours sur le terrain, de quoi perdre la vie plusieurs fois, de quoi cramer une fois pour toutes les notions d’empathie et de réconciliation. Ce qu’Eastwood nous montre si bien c’est qu’on ne revient pas des flammes et du feu explosif impunément. Quand Kyle rentre il a laissé une partie de lui-même sous le soleil acide de l’Irak ; pour quoi au juste ? Personne n’est vraiment en mesure de lui donner une réponse digne de ce nom, sauf peut-être sa femme, interprétée avec maestria par Sienna Miller.

Au bout du compte Eastwood aime les diptyques. Alors, après avoir proposé Mémoires de nos pères/Lettres d’Iwo Jima (2006), il complète aujourd’hui avec American sniper (2014) le travail commencé avec Le Maître de guerre (1986) dans les années 1980. Mais maintenant il pose un regard courroucé sur toute cette affaire : la guerre et ses désastres, qui n’épargnent personne.

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