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Le chef-d’œuvre de l’année cinéma 2024

LGDFS_Arte_2000x1126 Un juge iranien, qui doit appliquer les sentences recommandées par le régime, découvre la discorde dans son propre foyer. Ses deux filles se sentent concernées par la contestation civile qui défie le pouvoir, à Téhéran, depuis la mort de la jeune Mahsa Amini. Le juge a pour fonction de condamner les opposants politiques et les dissidents civils, mais quand la sédition se situe dans son foyer domestique, le dilemme moral s’installe. Doit-il continuer à être fidèle à ses employeurs, ou bien doit-il trouver des stratagèmes afin que ses filles ne deviennent pas des victimes de la répression ? Ce questionnement a valu au réalisateur Mohammad Rasoulof, après avoir réalisé Les Graines du figuier sauvage, d’être arrêté, puis emprisonné, et après sa détention il a quitté l’Iran et s’est réfugié en Europe. 

Iman est donc un enquêteur du régime, qu’il sert fidèlement depuis 20 ans. Dans le système judiciaire iranien l’enquêteur est l’équivalent du juge d’instruction en France. Sa fraîche nomination est de bon augure car Iman peut espérer par la suite devenir juge au tribunal révolutionnaire ; ce qui lui permettrait de mettre sa famille définitivement à l’abri du besoin. Pour l’heure le juge vit avec son épouse Nejmeh et leurs 2 filles Rezva, étudiante, et Sana, lycéenne, dans un appartement d’un quartier résidentiel de Téhéran.

Mohammad Rasoulof prend le temps de nous installer (le film dure 2h46) dans le quotidien de cette famille attachante de la bourgeoisie iranienne, dont le chef de famille s’acquitte scrupuleusement de ses devoirs professionnels et familiaux. Pourtant, de jour en jour, Téhéran s’embrase, et la petite famille ne va pas être épargnée par les événements. Toute la force du film réside dans cette inévitable prise de conscience, chez les femmes du juge, que la société civile iranienne change, inexorablement. Mais les caciques du régime ne l’entendent pas de cette oreille. Alors on se dirige vers la tragédie, non pas grecque, mais perse.

Le cinéma iranien (ou persan) est un des plus beaux du monde car, même si ses films ont partie liée avec la réalité la plus brûlante, ils ne perdent jamais de vue ce qui fait le sel de la narration : la qualité remarquable de l’interprétation, et la beauté de chaque plan. Sans aucun doute possible Les Graines du figuier sauvage, qui était en Compétition officielle au Festival de Cannes cette année (2024) méritait la Palme d’Or tant convoitée. Il ne l’a pas obtenu, et à la place le jury présidé cette année par la réalisatrice américaine Greta Gerwig l’a récompensé du Prix spécial du jury.

Mais pour moi Les Graines du figuier sauvage est le premier chef d’œuvre incontestable de l’année cinéma 2024. Il figurera en très bonne place dans de nombreuses listes des 10 ou 12 meilleurs films de l’année écoulée, à n’en pas douter.

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Quand les chiens de l’enfer attaquent : c’est le « Project Silence »

Project Silence Sur un tronçon d’autoroute qui relie Séoul à l’aéroport, suspendu entre le ciel et l’eau, un épais brouillard va causer un gigantesque embouteillage. Malheureusement un convoi militaire top-secret, roulant à vive allure, ne pourra pas éviter le collision. Alors la brume, de plus en plus opaque, va devenir le terrain de chasse de…

Il ne faut pas en dire plus, car ce film sud-coréen d’anticipation est contenu tout entier dans cette traque désespérée qui, par un concours de circonstances, va unir des citoyens coréens dissemblables l’espace d’une nuit cauchemardesque. La réalisation, efficace de bout en bout, nous prouve une fois de plus que les cinéastes du Pays du Matin calme sont aujourd’hui les meilleurs en matière de cinéma de genre, car ils ne prennent jamais le public à rebrousse-poil. Ils respectent énormément le matériau cinématographique, si bien que chaque scène d’exposition (un père professionnellement accaparé, veuf, a du mal à communiquer avec son unique fille adolescente ; un époux attentionné redouble de tendresse et de précautions envers sa femme atteinte de démence) préfigure avec éclat les séquences d’action à venir. Aucune rupture de ton ne vient déséquilibrer l’ensemble. La force de ce cinéma de la Corée du Sud réside dans sa capacité à rendre crédibles des situations assez délirantes, déjà vues ailleurs, mais jamais aussi bien filmées : par exemple toutes les scènes sur le pont suspendu envahi par le brouillard sont anxiogènes à souhait et retiennent toute notre attention.

Kim Tae-gon, le réalisateur, fait coïncider à merveille sens aiguisé de l’espace, axes de caméra judicieux, et interprétation mesurée de l’ensemble du cast. Ce Project Silence (Corée du Sud, 2024) vivifie un cinéma d’anticipation et d’aventures que les années 2020 remettent à l’honneur de la plus satisfaisante des manières. Sur les cartographies mondiales du cinéma la Corée du Sud, en septembre 2024, est toujours à la 1ère place du podium des actioners et des films d’anticipation. Mais gare : la relève arrive, et nous vient droit du sous-continent indien (nous en reparlerons d’ici peu, promis).

En attendant, Project Silence fait date, et après les prodigieux Dernier train pour Busan (Corée du Sud, 2016) et Peninsula (Corée du Sud, 2020) de Yeon Sang-ho, et le terrifiant et éprouvant (un conseil aux familles : à ne jamais mettre devant les yeux des enfants) Project Wolf Hunting (Corée du Sud, 2023) de Kim Hong-sun, il est d’ores et déjà une nouvelle référence de ce cinéma de genre qu’on aime tant.

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Entrez dans la ronde avec « Twisters »

Twisters Chaque été amène son lot de films qui ont pour mission de nous faire oublier, le temps d’une séance, les tracas des mois écoulés. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un bon film-catastrophe, comme on en produisait dans les années 1970 : mais à l’heure du réchauffement climatique et de l’éco anxiété, tout ça est en train de tourner au vinaigre. Et pas sûr qu’en Californie on ait très envie de se réfugier dans une salle climatisée pour contempler des tornades destructrices pendant que 300 000 hectares sont en train de brûler dans la vraie vie. Cependant, au niveau spectaculaire et scènes ébouriffantes, ce nouveau film de tornades, Twisters (Lee Isaac Chung, 2024), comme on les aime – c’est-à-dire filmé à l’ancienne, avec des effets sonores Dolby Atmos stratosphériques - remplit le contrat. Le réalisateur Lee Chung rend terriblement oppressantes ces masses d’air dévastatrices qui ne laissent rien sur leur passage, sinon des morts par dizaines et de la désolation.

Bien calé dans son fauteuil de cinéma on joue à se faire peur devant ces images d’une nature indomptable. Et puis ce blockbuster de l’été est un écrin idéal pour présenter en tête d’affiche celui qui va régner dorénavant sur le star-système hollywoodien : Glen Powell. Oubliez une fois pour toutes les bellâtres des vingt dernières années, car sont appelés sur le trône : Glen Powell donc, et Miles Teller (ils s’affrontaient dans Top Gun: Maverick en 2022), et puis Austin Butler (qui lui embrasait les écrans la même année 2022 dans Elvis de Baz Luhrmann) ; vous y ajoutez Timothée Chalamet (qui a mis tout le monde d’accord dans le sublime diptyque Dune et Dune : deuxième partie, 2021 et 2024, de Denis Villeneuve), et vous avez le Quinté gagnant (en 5e position vous pouvez mettre qui bon vous semble).

Les 4 cités sont de toute façon appelés à régner sur Hollywood pour les 10 prochaines années. Comme autrefois Gary Cooper, Clark Gable, Spencer Tracy et James Stewart quand ils se partageaient le gâteau dans les années 1940, nos nouveaux mousquetaires masculins du circuit ont atomisé la concurrence. Un film comme Twisters, qu’on peut aller voir en famille (aucune scène du film ne mettra personne dans l’embarras), est un véhicule calibré pour tester les amortisseurs de sa vedette masculine. D’accord, le monde brûle un peu partout, mais… The Show Must Go On les ami.es.

Le blockbuster de l’été est là pour nous réconcilier avec ce que nous aimions au cinéma auparavant : visualiser en super grand format des personnages charismatiques toujours enclins à aider son prochain, en traversant des épreuves auxquelles nous autres ne survivrions pas ; puis ils s’en vont à la fin dans le soleil couchant (ou presque, on se contentera ici d’une salle d’embarquement d’un aéroport de l’Oklahoma, et c’est bien aussi), main dans la main vers des lendemains qui chantent.

Par les temps qui courent, ce n’est pas si mal.

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Embarquement immédiat pour « La Planète des singes: Le nouveau royaume »

©The Walt Disney Company

©The Walt Disney Company

56 ans déjà que la saga de la Planète des singes a été initiée. Le tout premier film date de 1968 et peut se revoir à l’infini, tant son propos comme la beauté plastique de ses scènes n’ont pas pris une ride. En adaptant le roman de Pierre Boulle les créatifs hollywoodiens n’avaient sans doute pas à l’esprit que près de 60 ans plus tard cet univers simiesque continuerait de nous proposer un émerveillement que son succès actuel ne fait que confirmer.

En effet, cette nouvelle Planète des singes: Le nouveau royaume (2024, 20th Century Studios) est déjà un très grand succès : au moment où j’écris ces lignes le film de l’américain Wes Ball avait regroupé en France métropolitaine 1 434 307 spectateurs et spectatrices en 2 semaines d’exploitation en salles (sources = www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/).

Cette saga nous accompagne depuis toujours. Résumons : en 10 films de cinéma et une série télévisée nous avons appris à aimer et à chérir les aventures de nos chimpanzés, bonobos, orang-outans et gorilles favoris. Nous aimons aussi à la folie les méchants singes, héros de cinéma charismatiques, qui comme Proximus veulent dominer le monde (ce qui en fait des méchants très james-bondiens).

Ce nouveau film, réalisé par le très talentueux Wes Ball, qui a réalisé la trilogie pour adolescent.es Le Labyrinthe en 3 volets, a eu les coudées franches pour nous offrir une aventure haut de gamme, aux images tout bonnement époustouflantes. Les artistes et ingénieurs de WETA ont fait un travail bluffant : les singes du film sont hallucinants de réalisme et de vraisemblance, et les plans panoramiques de ce monde dévasté (le nôtre dans pas trop longtemps si on ne fait pas plus attention que ça à notre environnement) sont d’une beauté à couper le souffle. 

Trois cents ans après l’avènement de César le chimpanzé génétiquement modifié qui mena la révolte des singes, trois jeunes chimpanzés, deux mâles et une femelle, qui appartiennent au Clan des Aigles, constitué de singes pacifiques vivant en harmonie avec leur environnement naturel, vont subir les assauts de cohortes menées par le bonobo Proximus ; ce dernier rêve d’un empire des singes tout-puissants. Pour Noa, le jeune chimpanzé le plus dégourdi du Clan, la grande aventure va alors commencer. En s’alliant à un orang-outan philosophe et bienveillant, Raka, et à une jeune humaine énigmatique, Mae, Noa va sonner l’heure de la révolte.

Ce film à grand spectacle à la fois érudit, spectaculaire et familial, continue la belle aventure de la saga de la meilleure des façons. Laquelle, avec Wes Ball aux manettes, est en de bonnes mains. Nul doute que deux prochains long-métrages de cinéma viendront compléter ce qui s’annonce comme une nouvelle trilogie, aussi belle et spectaculaire que celle de Rupert Wyatt et Matt Reeves de 2011 à 2014.

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United States on fire : « Civil War » d’Alex Garland

Kirsten Dunst nous offre une interprétation époustouflante, dans la peau de la coriace photographe de guerre Lee.

Kirsten Dunst nous offre une interprétation époustouflante, dans la peau de la coriace photographe de guerre Lee.

Le cinéma US possède cette capacité déconcertante à traiter l’actualité la plus chaude au moment opportun. Même si celui qui dirige cette superproduction pleine de bruit et de fureur est anglais (Alex Garland est né à Londres en 1970), le sujet du film renvoie immanquablement aux points les plus chauds de la planète : le front entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, la bande de Gaza, le Yémen, pour ne citer que les plus médiatisés. D’ailleurs, dans Civil War (2024) on suit à la trace des journalistes de guerre (reporters photo et de la presse écrite) qui suivent le conflit qui se déroule entre une armée sécessioniste (celle de la Californie et du Texas, rejointes par celle de Floride) aux prises avec les troupes loyalistes fidèles au président des États-Unis à cravate rouge (vous voyez à qui on fait explicitement référence ? Mais ils furent nombreux les présidents des États-Unis à porter des cravates de cette couleur, non ?).

En regardant ce film de politique-fiction dystopique, on ne peut s’empêcher de penser aux mouvements de protestation et de révolte qui embrasent la démocratie américaine au moment où le film sort dans nos salles de cinéma. Alex Garland, réalisateur total freak à la manière de Stanley Kubrick, de David Fincher et de Christopher Nolan, doté d’un budget hollywoodien confortable (A24 et Metropolitan Films se sont associés pour le financer), livre sa vision des événements : quand on s’affronte sévèrement sur le terrain (les scènes de fusillades entre factions armées sont traumatiques et restent longtemps en bouche) l’inhumanité règne ; et les femmes photographes de guerre (l’une toute jeune, qui débute dans le métier, et l’autre qui est une référence dans la profession) vont devoir s’armer de courage pour affronter ensemble des faits et gestes qui neutralisent toute compréhension de ce qui se passe.

Les enjeux sont terribles pourtant : car à chaque décision qu’on prend, comme s’arrêter pour faire le plein d’essence, ou bien bifurquer ou non à un carrefour en rase campagne, il s’agit ni plus ni moins de continuer à vivre pour témoigner, ou de mourir violemment. Civil War est un film impressionnant, maîtrisé de bout en bout, car il respecte scrupuleusement le cadre spatio-temporel dans lequel évoluent du mieux qu’ils peuvent ses personnages attachants et désemparés. On n’oubliera pas de sitôt Lee, Joel, Jessie et Sammy tant les quatre interprètes qui leur donnent vie nous offrent une magistrale leçon de jeu au cinéma, au plus près de la vie et de la souffrance qui l’accompagne parfois.

Alex Garland a fait œuvre salutaire en nous proposant en salles ce film qui fera date : Civil War est une œuvre marquante de l’année cinéma 2024, qui devrait figurer en bonne place dans nos listes à venir des meilleurs films de cette année.

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« La Honte et l’oubli. Travailleuses françaises en Allemagne nazie ».

France 5 diffusera dimanche 31 mars 2024 à 22h35 un film documentaire exceptionnel co-réalisé par l’historienne Camille Fauroux, intitulé : La honte et l’oubli. Travailleuses françaises en Allemagne nazie.

Voici la bande-annonce :

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Quand tu souris : « Smile » de Parker Finn

Inquiétant ce joli sourire, non ?

Inquiétant ce joli sourire, non ?

Une psychiatre, Rose Cotter, travaille dans un service d’urgences à l’hôpital, dans le New Jersey.  Elle y reçoit une jeune patiente en état de choc. Pendant qu’elle lui parle et qu’elle commence à établir un diagnostic, la jeune femme, de plus en plus instable, finit par se suicider devant elle. En mourant, elle affiche sur son visage un sourire à jamais figé, même jusqu’à la morgue de l’hôpital. À partir de cette situation traumatique, notre jeune psy va être confrontée à de plus en plus de situations anxiogènes. Lesquelles vont avoir un impact néfaste sur son existence : délitement de son couple, suspicion de ses confrères, incompréhension de ses proches. Seul son ex petit ami, un policier bienveillant, semble lui prêter une oreille attentive.

Sur cette trame archi-rebattue de film d’horreur (la malédiction qui fait de votre vie quotidienne un enfer), cette production Paramount Pictures de 2022 propose une relecture passionnante du genre, car elle possède deux éléments de poids : d’abord une actrice géniale, Sosie Bacon, qui porte entièrement Smile (2022) sur ses épaules. Son interprétation d’une psychiatre brillante dépassée par les événements est absolument convaincante. Ensuite une mise en images innovante, avec une caméra fluide qui colle au plus près du sentiment de déliquescence qui envahit notre héroïne : on fait siens les tourments qui l’assaillent, et on compatit. D’ailleurs, les adolescent.es ont fait un triomphe au film en salles (environ 1 200 000 spectateurs et spectatrices se sont reendu.es au cinéma lors de son exploitation au cinéma en France entre octobre 2022 et début janvier 2023).

Quand on filme son histoire avec gourmandise et intelligence, généralement le public suit et le bouche-à-oreille fonctionne, même à l’ère des plateformes. Depuis quelques années le genre horrifique se porte bien , car il est tenu à bout de bras par des équipes talentueuses, au professionnalisme indéniable. Quand on respecte le matériau premier ça finit bien souvent par payer. 

Smile, à travers son portrait d’une psy en prise avec une entité maléfique d’origine inconnue, redore le blason de l’horreur et du fantastique au cinéma, là où Evil Dead Rise (2023 – Lee Cronin) a en partie échoué par exemple. On ne peut pas réussir à chaque fois. Et puis se confronter à une franchise à succès est le plus casse-gueule des exercices, c’est bien connu. En partant d’une histoire originale l’équipe du film a évité des potentiels désagréments, et des désillusions difficiles à effacer, quand il s’agit de proposer aux studios un nouveau projet de long-métrage.

Smile est une belle réussite. Mais faites attention aux sourires enjôleurs et insistants. Trop insistants pour êtres honnêtes.

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Bienvenue dans la ronde des « Hypnotics »

L'impeccable acteur américain William Fichtner offre dans "Hypnotic" une prestation de haute volée.

L’impeccable acteur américain William Fichtner offre dans « Hypnotic » une prestation de haute volée.

Un inspecteur de la police d’Austin, au Texas, est reçu par une psychologue du travail pour savoir s’il est apte à exercer ses fonctions. Depuis l’enlèvement de sa fille dans un parc de la ville, le policier, incarné par Ben Affleck (qui hérite une fois de plus d’un rôle sur mesure), est un peu à côté de ses pompes. Seul le travail lui permet de tenir encore le coup. Comme une information anonyme les prévient, lui et son coéquipier, d’un braquage à venir, ils décident de se rendre sur les lieux où se trouve la banque visée, et d’y monter une planque.

Sur cette trame scénaristique archi-rebattue, le réalisateur hollywoodien Robert Rodriguez, autrefois complice de Quentin Tarantino, nous emmène à la rencontre de personnages étonnants, les « Hypnotics », qui maîtrisent l’hypnose et la manipulation mentale au-delà même de ce qu’il est possible d’imaginer. Par certains côtés, le film fait penser au génial Scanners (1981) de David Cronenberg. On a droit aussi, chez Rodriguez, à des duels psychiques entre êtres humains qui manipulent à loisir la conscience de chacun.

En inventant « La Cellule », cette mystérieuse organisation secrète, boîte privée qui travaille pour la Défense des États-Unis, le cinéaste joue avec les thèses complotistes qui illustrent de nombreuses fictions ciné et télé en Amérique du Nord. Alice Braga (divine), William Fichtner (toujours aussi classe) et Ben Affleck, s’amusent eux et elle aussi énormément en interprétant des personnages rois et reine de l’illusion, mais qui arrivent aussi à se faire berner.

Hypnotic (2023, sur MyCanal) est aussi une œuvre de cinéma ultra référentielle, qui cite au long de ses 1h33 de métrage Le Prestige (2006) et Inception (2010) de Christopher Nolan (récompensé en février 2024 en France d’un César d’honneur pour l’ensemble de sa filmographie), la photographie dorée des films nineties de David Fincher, ou encore Paycheck (2003) de John Woo, avec déjà Ben Affleck dans le rôle masculin principal (accompagné par l’extraordinaire Uma Thurman).

Hypnotic a été présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2023. On comprend pourquoi, tant ce pur objet de divertissement, d’une facture irréprochable, nous emmène en terrain familier, au cœur de ce cinéma américain que nous aimons tant.

Oui, à Hollywood, les films du milieu, même s’ils sont moins nombreux qu’avant, existent toujours. Pour notre plus grand plaisir !

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Quand « Les Maîtres de l’Air » prennent leur envol

Austin Butler et Callum Turner profitent d'une accalmie avant de lancer leurs bombardiers dans les cieux guerriers.

Austin Butler et Callum Turner profitent d’une accalmie avant de lancer leurs bombardiers dans les cieux guerriers.

En 2024 Amblin, la boîte de production cinématographique et télévisuelle de Steven Spielberg, nous offre une mini-série de luxe de toute beauté.

Chaque épisode (au nombre de 9) de cette première saison regorge d’un luxe de détails que pourraient lui envier les trois-quarts de la production cinématographique actuelle. Mais bon, c’est entendu, Steven Spielberg est un nabab, un vrai, d’Hollywood ; à lui seul il est à la fois David O. Selznick, Irving Thalberg et Robert Evans. Il règne incontestablement en maître des bienséances à Hollywood, aux côtés d’un autre monstre sacré à qui on fiche royalement la paix : Clint Eastwood, et sa compagnie de production Malpaso. Qu’on ne s’y trompe pas, Amblin et Malpaso, grâce à un modèle économique performant, sont aujourd’hui de véritables studios de cinéma, qui non seulement financent des films, mais les accompagnent aussi jusqu’à leur sortie en salles ou sur les plateformes. En outre, ce sont de véritables créateurs qui œuvrent aux commandes de ces structures de production. Il n’est pas question de faire n’importe quoi.

La série Masters of the Air (1 saison – 2024) se déroule en 1943, au plus dur de la guerre aérienne que se livrent les Alliés et les Nazis ; il s’agit de suivre quelques têtes brûlées d’une Compagnie d’aviateurs (pilotes, navigateurs, mitrailleurs, mécaniciens, opérateurs radio) intégrée à la 8e Armée de l’U. S. Army. L’Air Force, installée dans des bases sur le sol anglais, fourmille de jeunes mâles qui rêvent d’en découdre dans le ciel avec les chasseurs allemands. Mais la guerre aérienne, cruelle, et son champ de bataille en plein ciel au-dessus de la France, de la Belgique, de la Hollande et de l’Allemagne, n’offre aucun répit.

À chaque retour de mission de bombardement plus d’un aviateur manque à l’appel. Les deux jeunes Majors qui pilotent des bombardiers américains, qui deviennent amis quand ils sont encore sur le sol américain, nouent une relation de camaraderie militaire tout feu tout flamme, mais ne sont jamais dupes à propos de ces missions à haut risque que le commandement leur confie, et qu’ils doivent exécuter en plein jour. La braise de leur vingt ans couve, en sourdine, et même si on réchappe aux flaks des DCA ennemies, qu’adviendra-t-il lors de la prochaine sortie aérienne ? Qui restera sain et sauf ? Et qui reviendra en un seul morceau ?

Masters of the Air, mini-série magnifiquement photographiée, mise en scène et interprétée (merveilleux Austin Butler et Callum Turner), est un bijou télévisuel qui a trouvé refuge sur Apple tv+.

À voir toutes affaires cessantes, tant ce spectacle prodigieux pose, de manière nuancée et délicate, bon nombre de questions qui font mal aujourd’hui encore (en Ukraine, en Arménie, dans la Bande de Gaza, en Israël, au Yémen,…).

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En mai fais-ce qu’il te plaît…ou pas : « May December » de Todd Haynes

 

Natalie Portman, notre nouvelle Audrey Hepburn, en miroir de Julianne Moore, la réincarnation du glamour Garbo/Tierney.

Natalie Portman, notre nouvelle Audrey Hepburn, en miroir de Julianne Moore, la réincarnation du glamour Garbo/Tierney.

Dans le nouveau film de Todd Haynes , le chouchou de la critique parisienne et provinciale bobo-centrée, on ausculte la vie d’une famille cellulaire états-unienne (le père, la mère, le fils et les deux filles, sans oublier les chenilles d’élevage), installée à Savannah en Géorgie, à l’aune du scandale qui défraya la chronique une vingtaine d’années auparavant.

May December (2024) nous raconte l’histoire d’une femme au foyer, mariée avec des enfants, qui, lorsqu’elle avait 36 ans, a vécu une relation sentimentale et sexuelle avec un gamin âgé de seulement 13 ans (il était scolarisé au moment des faits dans ce qui est l’équivalent d’une classe de 5ème en France). En 2015, une actrice californienne vient rencontrer la femme en question, car elle a été choisie pour l’incarner sur grand écran très prochainement.

La rencontre entre l’actrice hollywoodienne, qui a l’âge qu’avait celle qui détournait le gosse vingt ans auparavant, et cette dernière, promet de sulfureuses étincelles. Qui ne viendront pourtant pas.

Qu’est-il arrivé à tous ces cinéastes américains issus du cinéma indépendant U.S. (qui avait autrefois sa Mecque au Festival de Sundance dans l’Utah – tiens, bonjour le Sundance Kid : clin d’œil au héros de mon enfance, le toujours impeccable Robert Redford) ?

Bon, je digresse, je digresse. Reprenons : ces réalisateurs indé donc, aiment tellement se regarder filmer (ça, il faut avouer, les gros-plans en macro-photo de chenilles, de papillons, et même d’une chrysalide – sublime – qui éclot, sont de toute beauté !), qu’on veut nous en mettre plein les mirettes en nous faisant croire qu’on peut faire beaucoup mieux que la série de 2020 qui avait déjà tout exprimé sur le sujet : A Teacher (1 saison de 10 épisodes à ce jour, visible en SVOD sur Disney+).

Pourtant Natalie Portman est convaincante, elle joue à la perfection le rôle de cette actrice californienne-vampire qui veut s’approprier le mojo d’une Julianne Moore irrésistible, seul véritable personnage de cinéma totalement control-freak ; ainsi lorsque Julianne apparaît à l’écran, se dessine devant nos yeux éblouis toutes les fêlures béantes d’un personnage de femme esseulée, autrefois Reine majestueuse d’apparat en son Royaume de toc, qui veut continuer à vivre dans le déni, et qui ne pardonnera jamais rien à personne si on se met en travers de son chemin. La performance de Julianne Moore est encore une fois étourdissante, et le plan de la comédienne qui erre dans les bois avec un fusil de chasse dans les mains au petit matin, sauve à lui seul ce film bien trop élevé pour être totalement abouti.

Je veux revoir Natalie Portman dans un prochain Star Wars au cinéma, nom de nom. Et revoir également Julianne Moore, un flingue à la main, dans un vrai Vigilante Movie, pour une fois (Jodie Foster l’a bien fait, elle).

Allez Hollywood ! Exaucez nos vœux une fois encore pour cette nouvelle année qui démarre, quoi !!!

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