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Quand les chiens de l’enfer attaquent : c’est le « Project Silence »

Project Silence Sur un tronçon d’autoroute qui relie Séoul à l’aéroport, suspendu entre le ciel et l’eau, un épais brouillard va causer un gigantesque embouteillage. Malheureusement un convoi militaire top-secret, roulant à vive allure, ne pourra pas éviter le collision. Alors la brume, de plus en plus opaque, va devenir le terrain de chasse de…

Il ne faut pas en dire plus, car ce film sud-coréen d’anticipation est contenu tout entier dans cette traque désespérée qui, par un concours de circonstances, va unir des citoyens coréens dissemblables l’espace d’une nuit cauchemardesque. La réalisation, efficace de bout en bout, nous prouve une fois de plus que les cinéastes du Pays du Matin calme sont aujourd’hui les meilleurs en matière de cinéma de genre, car ils ne prennent jamais le public à rebrousse-poil. Ils respectent énormément le matériau cinématographique, si bien que chaque scène d’exposition (un père professionnellement accaparé, veuf, a du mal à communiquer avec son unique fille adolescente ; un époux attentionné redouble de tendresse et de précautions envers sa femme atteinte de démence) préfigure avec éclat les séquences d’action à venir. Aucune rupture de ton ne vient déséquilibrer l’ensemble. La force de ce cinéma de la Corée du Sud réside dans sa capacité à rendre crédibles des situations assez délirantes, déjà vues ailleurs, mais jamais aussi bien filmées : par exemple toutes les scènes sur le pont suspendu envahi par le brouillard sont anxiogènes à souhait et retiennent toute notre attention.

Kim Tae-gon, le réalisateur, fait coïncider à merveille sens aiguisé de l’espace, axes de caméra judicieux, et interprétation mesurée de l’ensemble du cast. Ce Project Silence (Corée du Sud, 2024) vivifie un cinéma d’anticipation et d’aventures que les années 2020 remettent à l’honneur de la plus satisfaisante des manières. Sur les cartographies mondiales du cinéma la Corée du Sud, en septembre 2024, est toujours à la 1ère place du podium des actioners et des films d’anticipation. Mais gare : la relève arrive, et nous vient droit du sous-continent indien (nous en reparlerons d’ici peu, promis).

En attendant, Project Silence fait date, et après les prodigieux Dernier train pour Busan (Corée du Sud, 2016) et Peninsula (Corée du Sud, 2020) de Yeon Sang-ho, et le terrifiant et éprouvant (un conseil aux familles : à ne jamais mettre devant les yeux des enfants) Project Wolf Hunting (Corée du Sud, 2023) de Kim Hong-sun, il est d’ores et déjà une nouvelle référence de ce cinéma de genre qu’on aime tant.

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Embarquement immédiat pour « La Planète des singes: Le nouveau royaume »

©The Walt Disney Company

©The Walt Disney Company

56 ans déjà que la saga de la Planète des singes a été initiée. Le tout premier film date de 1968 et peut se revoir à l’infini, tant son propos comme la beauté plastique de ses scènes n’ont pas pris une ride. En adaptant le roman de Pierre Boulle les créatifs hollywoodiens n’avaient sans doute pas à l’esprit que près de 60 ans plus tard cet univers simiesque continuerait de nous proposer un émerveillement que son succès actuel ne fait que confirmer.

En effet, cette nouvelle Planète des singes: Le nouveau royaume (2024, 20th Century Studios) est déjà un très grand succès : au moment où j’écris ces lignes le film de l’américain Wes Ball avait regroupé en France métropolitaine 1 434 307 spectateurs et spectatrices en 2 semaines d’exploitation en salles (sources = www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/).

Cette saga nous accompagne depuis toujours. Résumons : en 10 films de cinéma et une série télévisée nous avons appris à aimer et à chérir les aventures de nos chimpanzés, bonobos, orang-outans et gorilles favoris. Nous aimons aussi à la folie les méchants singes, héros de cinéma charismatiques, qui comme Proximus veulent dominer le monde (ce qui en fait des méchants très james-bondiens).

Ce nouveau film, réalisé par le très talentueux Wes Ball, qui a réalisé la trilogie pour adolescent.es Le Labyrinthe en 3 volets, a eu les coudées franches pour nous offrir une aventure haut de gamme, aux images tout bonnement époustouflantes. Les artistes et ingénieurs de WETA ont fait un travail bluffant : les singes du film sont hallucinants de réalisme et de vraisemblance, et les plans panoramiques de ce monde dévasté (le nôtre dans pas trop longtemps si on ne fait pas plus attention que ça à notre environnement) sont d’une beauté à couper le souffle. 

Trois cents ans après l’avènement de César le chimpanzé génétiquement modifié qui mena la révolte des singes, trois jeunes chimpanzés, deux mâles et une femelle, qui appartiennent au Clan des Aigles, constitué de singes pacifiques vivant en harmonie avec leur environnement naturel, vont subir les assauts de cohortes menées par le bonobo Proximus ; ce dernier rêve d’un empire des singes tout-puissants. Pour Noa, le jeune chimpanzé le plus dégourdi du Clan, la grande aventure va alors commencer. En s’alliant à un orang-outan philosophe et bienveillant, Raka, et à une jeune humaine énigmatique, Mae, Noa va sonner l’heure de la révolte.

Ce film à grand spectacle à la fois érudit, spectaculaire et familial, continue la belle aventure de la saga de la meilleure des façons. Laquelle, avec Wes Ball aux manettes, est en de bonnes mains. Nul doute que deux prochains long-métrages de cinéma viendront compléter ce qui s’annonce comme une nouvelle trilogie, aussi belle et spectaculaire que celle de Rupert Wyatt et Matt Reeves de 2011 à 2014.

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United States on fire : « Civil War » d’Alex Garland

Kirsten Dunst nous offre une interprétation époustouflante, dans la peau de la coriace photographe de guerre Lee.

Kirsten Dunst nous offre une interprétation époustouflante, dans la peau de la coriace photographe de guerre Lee.

Le cinéma US possède cette capacité déconcertante à traiter l’actualité la plus chaude au moment opportun. Même si celui qui dirige cette superproduction pleine de bruit et de fureur est anglais (Alex Garland est né à Londres en 1970), le sujet du film renvoie immanquablement aux points les plus chauds de la planète : le front entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, la bande de Gaza, le Yémen, pour ne citer que les plus médiatisés. D’ailleurs, dans Civil War (2024) on suit à la trace des journalistes de guerre (reporters photo et de la presse écrite) qui suivent le conflit qui se déroule entre une armée sécessioniste (celle de la Californie et du Texas, rejointes par celle de Floride) aux prises avec les troupes loyalistes fidèles au président des États-Unis à cravate rouge (vous voyez à qui on fait explicitement référence ? Mais ils furent nombreux les présidents des États-Unis à porter des cravates de cette couleur, non ?).

En regardant ce film de politique-fiction dystopique, on ne peut s’empêcher de penser aux mouvements de protestation et de révolte qui embrasent la démocratie américaine au moment où le film sort dans nos salles de cinéma. Alex Garland, réalisateur total freak à la manière de Stanley Kubrick, de David Fincher et de Christopher Nolan, doté d’un budget hollywoodien confortable (A24 et Metropolitan Films se sont associés pour le financer), livre sa vision des événements : quand on s’affronte sévèrement sur le terrain (les scènes de fusillades entre factions armées sont traumatiques et restent longtemps en bouche) l’inhumanité règne ; et les femmes photographes de guerre (l’une toute jeune, qui débute dans le métier, et l’autre qui est une référence dans la profession) vont devoir s’armer de courage pour affronter ensemble des faits et gestes qui neutralisent toute compréhension de ce qui se passe.

Les enjeux sont terribles pourtant : car à chaque décision qu’on prend, comme s’arrêter pour faire le plein d’essence, ou bien bifurquer ou non à un carrefour en rase campagne, il s’agit ni plus ni moins de continuer à vivre pour témoigner, ou de mourir violemment. Civil War est un film impressionnant, maîtrisé de bout en bout, car il respecte scrupuleusement le cadre spatio-temporel dans lequel évoluent du mieux qu’ils peuvent ses personnages attachants et désemparés. On n’oubliera pas de sitôt Lee, Joel, Jessie et Sammy tant les quatre interprètes qui leur donnent vie nous offrent une magistrale leçon de jeu au cinéma, au plus près de la vie et de la souffrance qui l’accompagne parfois.

Alex Garland a fait œuvre salutaire en nous proposant en salles ce film qui fera date : Civil War est une œuvre marquante de l’année cinéma 2024, qui devrait figurer en bonne place dans nos listes à venir des meilleurs films de cette année.

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