Texas Chainsaw Massacre, premier du nom, réalisé par Tobe Hooper en 1974, reste le film matriciel du genre horrifique contemporain au cinéma. Alors, réinvestir le mythe du tueur motivé Leatherface au début des années 2020, sous la houlette de Fede Alvarez à la production pour le compte de Legendary Pictures et de Netflix, était un pari risqué. Car les fans absolus de cette franchise, qui aiment regrouper cet ensemble de films sous le vocable Leatherface, comme un cri de ralliement à un cinéma d’horreur organique à l’ancienne, allaient montrer de quel bois on se chauffe, et de ce qu’on avait dans l’estomac… Non, mais !
Prenez deux sœurs, Lila, une rescapée de la tuerie du lycée de Stonebrook, et sa grande sœur Melody, qui veille sur elle, et qui décide d’investir ses économies dans la ville fantôme de Harlow, au Texas, pour la faire revivre en mode « attention, les bobos prennent goût à la campagne ! » Elles sont accompagnées dans leur aventure par un couple d’amis et par un bus rempli à ras bord de jeunes investisseurs friqués et branchés. Tout se passerait pour le mieux si les choses étaient faites dans les règles de l’art ; mais voilà, une irréductible vieille dame a volontairement oublié de quitter les lieux. Elle a dirigé pendant cinquante ans l’orphelinat de Harlow et a redonné du sens à la vie cabossé de ses petit.es pensionnaires. Melody et ses ami.es, depuis Austin, et avec l’aide des banquiers, ont acté l’expropriation de cette vieille dame impotente. Mais cette dernière s’accroche désespérément à sa vieille bâtisse. Elle ne veut pas partir…
Ne réveillez surtout pas le monstre endormi, et qui sommeille depuis trop longtemps sous le masque tragique de la Mort Rouge. Car il a passé les dernières années de sa vie à s’occuper du mieux qu’il pouvait de celle qui lui a accordé de l’attention. Bientôt, très bientôt les startuppers trentenaires autosatisfaits vont mordre la poussière au son de la musique abrasive d’une antédiluvienne tronçonneuse à la chaîne rouillée.
On va entendre à nouveau crier, hurler, gémir, haleter, dans ce coin de Texas aux couchers de soleil flamboyants. Et Leatherface de danser, danser, danser, dans l’aube ou au crépuscule, accompagné par le chant de la tronçonneuse, avec cette envie folle de poétiser les engins agricoles.
Ce Massacre à la tronçonneuse cuvée 2022, réalisé pour Netflix par David Blue Garcia, est un film d’horreur graphique millimétrée, dans lequel même les plus vaillantes Texas Rangers finissent par succomber, un sourire aux lèvres. Welcome into the Lone Star State !