Dans la famille Lupin, prenons par exemple le petit-fils, lequel a repris le flambeau de papy pour faire de la haute voltige en cambriolant. On sait depuis longtemps que les créateurs d’animés japonais adorent puiser leur inspiration dans les feuilletons d’aventures européens, et notamment français. Attention, cela dit, ils ont aussi leur propre univers culturel, qui n’a absolument rien à envier au nôtre. Et pour un Hayao Miyazaki qui mêle à la perfection références nippones et références européennes dans certains de ses films (par exemple la culture italienne dans le sublime Porco Rosso qui date de 1992), la plupart des réalisateurs d’animés inventent à chaque fois leurs paradigmes fictionnels.
Dans Lupin III : The First (Japon, 2019) du réalisateur Takashi Yamazaki, l’histoire commence en France, dans la campagne de la banlieue parisienne, pendant la seconde guerre mondiale. Dans la demeure du professeur Bresson, un célèbre archéologue, celui-ci confie à son fils et à sa belle-fille son journal secret dans lequel est répertorié l’emplacement exact d’une puissance énigmatique qui pourrait bien modifier le cours de la guerre en cours. Bien entendu les nazis sont à ses trousses. Le fils et la belle-fille et leur charmant bébé ont juste le temps de prendre la fuite avant l’arrivée du convoi nazi. Le journal du professeur Bresson est caché à l’intérieur d’un mécanisme ingénieux, inviolable, fabriqué par son ami… devinez qui ?
Pour le savoir, emmenez vite vos enfants découvrir ce somptueux film d’aventures qui est un hommage décomplexé aux Indiana Jones que nous avons tant aimés. On sent que Takashi Yamazaki est un amoureux éperdu de tous ces films admirables qui mêlent l’action échevelée, les cascades délirantes et les relations humaines qui se nouent à l’intérieur de sa petite bande d’aventuriers, tous plus attachants les uns que les autres ; mention spéciale pour la délicieuse Laetitia, pour la complice de Lupin, qui est aussi une cambrioleuse de haut rang, et pour le duo formé par le samouraï qui ne se sépare jamais de son sabre et pour son acolyte nonchalant avec chapeau et mégot. Et dire que tout cela a été pensé au début avec seulement des encres colorées et des feuilles Canson de format grand aigle. Le génie de l’animation est français, ça d’accord, on nous le rabâche depuis assez longtemps maintenant, mais il y a quand même une poésie toute particulière qui est propre à l’animation japonaise.
Lupin III : The First est tout simplement une merveille d’aventures pour tous les âges et d’ingéniosité technique et artistique d’un très, très haut niveau.
Et puis aussi il faut aller au cinéma, il faut sauver le cinéma.