C’est la saison. Les films et téléfilms de Noël se bousculent au portillon. Chaque plateforme y va de ses propositions, toutes plus convenues les unes que les autres. Pourtant il existe un film récent qui relève du miracle : il s’agit de Winter Break d’Alexander Payne, sorti au cinéma en 2023. Canal + a l’excellente idée de le présenter en coup de cœur ces jours-ci.
Ce film est une bénédiction de Noël. Il raconte l’histoire d’un professeur de college américain (l’équivalent du lycée chez nous) sévère avec ses élèves (des jeunes garçons bien nés, qui domineront bientôt la société) et très à cheval sur le règlement intérieur de l’école, qui va devoir passer les 10 derniers jours de l’année 1970 au sein de l’établissement scolaire vide en compagnie de la cuisinière en chef et du seul élève qui n’a pas pu rejoindre sa famille pour les fêtes de Noël et de fin d’année. Ces 3 âmes en peine vont cohabiter pendant une dizaine de jours, apprendre à se connaître, à s’apprécier, à sortir de leur bulle protectrice et de leur zone de confort.
Dorénavant ce qui va compter c’est d’arrêter de se morfondre dans son coin et de se bâtir une nouvelle famille, beaucoup plus fraternelle et compréhensive que celle d’origine. Winter Break est une splendeur absolue, car la caméra prend son temps : elle filme le plus délicatement du monde chaque geste de ses trois comédiens prodigieux (le professeur Paul Hunham, l’élève difficile Angus Tilly et la chef-cuisinière Mary Lamb), avec la plus grande sincérité. Mention spéciale à Paul Giamatti, qui est prodigieux dans le rôle de ce professeur bougon et tellement humain : une pâte d’homme. Certaines séquences du film sont tout simplement bouleversantes et vous terrasseront d’émotion. La reconstitution des années 1970 est somptueuse, et dans la dernière bobine on est submergé par l’émotion. Ce film est appelé à faire date dans l’histoire du cinéma de notre siècle.