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Mon royaume pour un trident (2/2)

5491205_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx Dans ce type de film on sait d’avance, avant même que ça commence, qui deviendra le roi légitime, digne de confiance et respecté par son peuple. D’ailleurs le prénom choisi par le père pour le nourrisson issu des 2 mondes antagonistes n’est-il pas Arthur, en référence directe et assumée au preux chevalier et Maître de la Table Ronde ? On a pensé la même chose dès le début de Black Panther, et ça a plutôt bien marché pour son réalisateur Ryan Coogler, aux manettes quelque temps auparavant sur l’audacieux Creed (2015) qui ressuscite la saga Rocky de la plus belle des manières. Non, l’essentiel n’est pas là.

Ce qui  est intéressant à regarder en revanche, c’est l’enchainement des séquences, toutes plus étourdissantes les unes que les autres ; et extrêmement bien découpées. Et pour une fois au moins dans une production de cette envergure, les scènes d’action y sont lisibles de bout en bout. On arrive à bien situer chaque personnage dans l’espace du cadre. Ce qui a dû être coton à réaliser, dans la mesure où la plupart des personnages du film , mi humains, mi amphibiens, passent le plus clair de leur temps à plonger, à nager, à voler et à se cogner dessus avec un entrain considérable. Le film est par conséquent parsemé de scènes d’anthologie, qu’il faudra visionner plusieurs fois pour bien les comprendre, et mieux les apprécier. Notons par exemple la scène magistrale de baston entre Aquaman et Black Manta d’une part, et celle tout aussi remarquable entre Mira et les sbires du pirate voltigeant d’autre part. Tout cela se passant en majeure partie sur les toits rustiques d’un village de Sicile situé tout au bord de la belle bleue.

Autre séquence mémorable : celle du saut depuis un avion au-dessus du Sahara occidental, suivi de l’engloutissement de nos deux futurs tourtereaux dans les profondeurs du désert, en hommage appuyé à la séquence finale d’Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg (1989).

Le film de James Wan est truffé de clins d’œil de ce genre. Qui aura remarqué par exemple le livre posé en haut de la pile sur la table basse du salon du gardien de phare, au début du film ? Quel est son titre et quel est le nom de son auteur ?

Réponse dans le prochain post, le dernier de cette année 2018 qui fut riche et belle en jolis moments de cinéma.

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Mon Royaume pour un trident [1/2]

edfiszkb2q1nsa5jve7q Aquaman (2018) est le film idéal pour les fêtes de fin d’année. Car il peut plaire aussi bien aux fanas de films de super-héros qu’à celles et à ceux qui ont besoin d’un pur divertissement, aux multiples scènes d’action savamment orchestrées. On ne demande pas beaucoup plus à un film de ce genre. Alors, quand le travail collectif est bien fait, eh bien en général le public est content, et ressort de la salle avec le sourire.

L’histoire d’Aquaman est archi rebattue, car quand il s’agit de raconter les origines d’un super-héros, il faut s’en référer aux modèles filmiques qui ont fait leurs preuves. El le modèle insurpassable en l’occurrence reste le Superman premier du nom, réalisé par Richard Donner en 1978. Ça tombe bien car c’est un personnage DC, déjà produit par la Warner à l’époque. Depuis, de nombreux films de super-héros ont été tournés, et les canons narratifs inhérents à ce genre ont évolué. Quitte à devenir de nos jours le seul modèle du blockbuster à plus de 100 millions de dollars en coûts de fabrication. Dès lors on ne compte plus les différentes familles qui cohabitent bon an mal an dans cet univers cinématographique complexe : il existe les films Marvel, les films DC, les films Fox, les films Disney, la galaxie Star Wars, les différentes épopées de fantasy,.. Bref, il est difficile de tout recenser depuis une dizaine d’années, lorsque l’on n’est pas un geek de la première heure, s’entend.

Pour ce que j’en comprends je dirai que cet Aquaman du réalisateur doué James Wan, ressort de la Techno Fantasy, une catégorie à la mode en ce moment ; dans laquelle je glisserai volontiers Black Panther (Ryan Coogler, 2018) du concurrent direct Marvel Studios, et bien sûr les spin off de Star Wars comme Rogue One (Gareth Edwards, 2016) et Solo (Ron Howard, 2018), sans oublier Les Animaux fantastiques Volume 1 (David Yates, 2016) et Volume 2 : Les Crimes de Grindelwald (David Yates, 2018), ou encore le Mortal Engines de Christian Rivers (2018). Et tant d’autres films, comme ceux adaptés des sagas romanesques pour ados et jeunes adultes par exemple, qui font aussi le succès de l’industrie du divertissement mondialisé.

L’histoire d’Aquaman reprend en gros celle de la saga Thor : il s’agit ni plus ni moins de la lutte pour le trône convoité de Roi de l’Atlantide ( ou des 7 mers si on est pointilleux), entre 2 demi-frères que tout oppose (Jason Momoa et Patrick Wilson), qui sont issus de la même mère (Nicole Kidman, toujours aussi charismatique) mais qui n’ont pas le même père. L’aîné est un sang mêlé qui a été élevé par un surfacien (c’est ainsi que nous nomment les atlantes), gardien de phare dans le Maine, USA ; et le cadet est un jeune homme fougueux dont le père fut roi des atlantes, et qui voudrait donner à son Royaume marin le lustre d’antan. Pour cela il est prêt à déclarer la guerre à ceux qui vivent à la surface. Deux rivaux pour un même trône, donc, comme dans tout film hollywoodien à caractère initiatique qui se respecte, calqué sur la dramaturgie shakespearienne du meilleur effet.

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Allez, viens prendre le train, quoi ! [2/2]

Image-1024-1024-3696932 Dans un train couchette on fait aussi parfois l’amour, et peu nous chaut alors les frimas de l’hiver, les dévaluations monétaires et les contestations, ou même l’encombrement des voies. La CGT/Cheminots peut bien faire grève à longueur d’intersaison, pour défendre une profession dont nous avons besoin, dormir dans une couchette de la Société des wagons-lits, et y faire des galipettes, reste une expérience inoubliable qu’il faut s’offrir au moins une fois. Ce ne sont pas les différents interprètes de James bond qui diront le contraire. D’ailleurs un film de l’agent double zéro est totalement réussi quand sa scène de train l’est tout autant.

Mais l’autre versant, beaucoup moins attractif, est celui de la manière noire de l’embarquement : quand prendre le train s’apparente à une descente aux enfers. On peut faire des rencontres déplaisantes dans un compartiment, être coincé sur la banquette entre des individus patibulaires qui fomentent un mauvais coup. Si, du reste, un wagon postal est attaché au vôtre, il y a de quoi vous faire du mauvais sang, car les attaques de train qui convoient de l’argent sont monnaie courante au cinéma (oh le vilain jeu de mots !). Par contre, il suffit de regarder La Grande Attaque du train d’or (The First Great Train Robbery, 1978) pour mesurer ce qu’a de terriblement ciné-génique un train qui roule à vive allure dans la campagne, surtout quand on marche sur le toit des wagons, en équilibre instable, en même temps.

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Dans ce film génial qui se déroule à Londres en 1855, un train est affrété tous les mois pour acheminer la solde des soldats britanniques qui se battent sur le front de Crimée. Il s’agit de 25 000 livres sterlings en lingots d’or. Un escroc, Pierce, s’associe à sa maîtresse Miriam et à un autre malfrat nommé Agar, pour tenter l’impossible, qui n’a encore jamais été réalisé : voler le magot à bord du train en marche. Mais bon, pour Sean, quand on lui demande « Jamais plus ? » il rétorque « Jamais plus jamais » (Never Say Never Again, Irvin Kershner, 1983) et revient par conséquent aux affaires courantes 5 ans plus tard dans ce remake rutilant et bondissant d’Opération Tonnerre (Thunderball, Terence Young, 1965), qui en soi était déjà un chef d’œuvre absolu. Mais bon, là je m’égare un peu, non ?

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Bref, à la fin du film de Michael Crichton, pendant le procès de Peirce, qui a été arrêté auparavant à la gare de Folkstone, quand le juge lui demande pourquoi il a décidé de voler les 25 000 livres sterlings, ce dernier répond : « Je voulais l’argent. » Et cette réplique sibylline fait éclater de rire les spectateurs du tribunal ; et font sur le champ de Peirce, le malfrat uniquement motivé par l’appât du gain, avec ses complices Miriam et Agar, les héros du peuple révolté contre l’oppression (celle de le société victorienne corsetée de 1855) et la bienséance de classe.

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Ciné 90 : (#3) « Le Parrain, 3e partie »

La passation des pouvoirs ténébreux se déroule dans les jardins du Vatican.

La passation des pouvoirs ténébreux se déroule dans les jardins du Vatican.

« Le vrai pouvoir ne se donne pas, il se prend. »

Cette phrase ornait toutes les affiches françaises du Parrain, 3e partie (The Godfather Part III) sur les façades de nos salles fétiches en 1990. Et cette phrase disait vrai. Michael Corleone, avait repris le flambeau de son père, le Don venu de Sicile, et avait fait prospérer son empire du crime. Mais en 1979, à New-York, où débute cette troisième et dernière partie de cet opéra baroque, complexe, avec des niveaux de lecture différents, des entrelacs d’arcs narratifs complexes et passionnants à suivre et à interpréter, les temps ont changé, et les mafiosi d’autrefois cherchent maintenant la respectabilité. C’est cette reconnaissance d’entrepreneur dans des affaires licites qui vont mener Michael jusqu’aux terres originelles, en Italie, dans le village de Bagheria, ensuite dans les jardins de l’évêché de Palerme, puis ceux du Vatican.

Mais il faut voir ce film puissant, sombre et beau, tourné en 70 mm, l’objectif préféré du maestro Francis Ford Coppola, en saisir tous les raffinements, voir évoluer sur l’écran les couleurs chatoyantes du Sud de l’Italie, apprécier à sa juste mesure les performances éblouissantes d’Al Pacino, de Diane Keaton, d’Andy Garcia, et de tous les autres… Il faut mesurer le génie mis à l’oeuvre par les équipes artistiques et techniques pour parfaire cette beauté cinématographique là, quand filmer une confession à travers un treillis de roses vaut mille films contemporains d’aujourd’hui.

En 1990 le film fut mal reçu par la critique mais plébiscité pars le public, et aujourd’hui il est un écrin superbe, résistant aux outrages du temps, qui nous parle de la fuite du temps et de l’inanité de toute ambition politique, criminelle ou religieuse. Puis qu’à la fin on meurt seul, sur sa chaise, à côté de ses plants de tomates pendant que les jeunes chiens continuent de batifoler autour de nous.

Ce film est un viatique qui nous fait comprendre pourquoi aujourd’hui on continue d’aller au cinéma, en attendant qu’un nouveau miracle cinématographique se produise.

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Ciné 70 : (#3) « Voyage au bout de l’enfer »

The Deer Hunter Voir Voyage au bout de l’enfer (1978) de Michael Cimino au cinéma, dans une copie restaurée, est une expérience incroyable ; car toute la beauté du film, ses paysages incroyables, ses gros plans d’acteurs, sa musique mélancolique (les notes de guitare en arpège qui ponctuent l’état d’esprit de l’ouvrier métallurgiste Michael Vronsky, joué à la perfection par Robert de Niro), explosent sur l’écran large, dans une farandole d’émotions qui nous submergent pendant les 3 heures de projection. Voir ce film là au cinéma c’est faire un voyage dans le passé, quand les films tournés à cette époque témoignaient d’une réelle ambition artistique, et luttaient à armes égales avec la littérature et la musique. Dans les années 70 de jeunes réalisateurs inventaient un nouveau langage cinématographique en interrogeant l’état du monde dans lequel ils vivaient, mais aussi dans lequel ils avaient grandi ; Michael Cimino en faisait partie. Italo-américain comme Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, et Brian de Palma, il s’ouvrit une voie royale à Hollywood en mettant en scène Clint Eastwood et le jeune Jeff Bridges dans Le Canardeur (1974).Et 4 ans plus tard il mit le monde à ses pieds en lui offrant ce Voyage au bout de l’enfer, qui fut sa Chapelle Sixtine, alors que ce n’était que son 2eme long métrage.

En nous racontant la vie quotidienne d’une bande d’amis, des ouvriers métallos d’une petite ville de Pennsylvanie, juste avant le départ de trois d’entre eux pour la guerre du Viêt Nam, Michael Cimino met en images une saga aussi flamboyante que celle du Parrain de Coppola (1972 et 1974 pour les 2 premiers épisodes). En structurant son film en plusieurs parties comme on découpe en chapitres un roman (la sortie d’usine ; le mariage de Steven ; la partie de chasse ; au coeur de l’enfer viêtnamien ; la capture des 3 amis ; à Hanoi ; retour de Michael décoré en Pennsylvanie ; retour de Michael à Hanoi, pendant sa chute, pour sauver Nick ; les funérailles de Nick ; et enfin, dernier repas partagé ensemble) le réalisateur prouve que le cinéma est un art d’une amplitude sans commune mesure avec les autres arts, car la maîtrise formelle conjuguée à l’audace de la narration stricto sensu délimite un film-monde, totalisant, qui ouvre sur une nouvelles façon d’envisager la lumière et le son, le souffle romanesque avec l’intimité la plus stricte. Chacun des acteurs incarnant cette bande d’amis, et bien sûr la divine Meryl Streep, auraient chacun et chacune mérité un prix d’interprétation ou un Oscar ; Et pour moi, dans la peau de l’ouvrier Michael Vronsky, Robert de Niro y trouve le rôle de sa vie.

Un chef d’oeuvre absolu, à voir nécessairement sur un grand écran de cinéma !

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Ciné 70 : (#2) « Star Wars »

Star Wars 1977 Avant d’attaquer la rentrée ciné, séquence nostalgie, pour se motiver à bloc : que reste-t-il de l’émerveillement de l’enfance face au tout premier Star Wars (1977) de George Lucas, 40 ans après sa sortie sur les écrans ?

En 1997, vingt ans après sa réalisation et son exploitation triomphale dans le monde, le réalisateur George Lucas propose une version augmentée du premier épisode de sa trilogie La Guerre des étoiles. Avant de mettre en chantier quelques années plus tard une nouvelle trilogie (en 1999 précisément). Profitant de la révolution numérique qui innerve tout le cinéma de divertissement hollywoodien (à partir de Jurassic Park de Steven Spielberg en 1993), George Lucas, avant de se jeter dans la bataille, et après un silence filmique qui dura 20 ans, revisite son film inaugural, qu’il retitre Un nouvel espoir. Cette nouvelle version propose des scènes augmentées et des incrustations numériques dans l’image, par rapport au film original de 1977. Mais dans l’ensemble, il reste le même film, et la magie opère toujours aussi efficacement. Car à la vision de cet Episode IV on redevient illico un enfant émerveillé ; et la vision du patrouilleur de l’Empire voguant dans l’espace intersidéral en entrant lentement dans le champ dès les premières secondes du film, reste aussi saisissante 39 ans ans plus tard.

En posant les jalons de son Space opéra George Lucas est entré à jamais dans les annales de l’Histoire du Cinéma. En compilant, puis en synthétisant plusieurs récits initiatiques et archétypiques de la tradition littéraire occidentale (le jeune Luke Skywalker en David Copperfield de l’espace par exemple) le réalisateur donne à voir, et à mesurer, les étapes structurelles de tout accomplissement : l’enfant orphelin, perdu, puis sauvé par son maître et soumis à une rude initiation, doit accomplir la mission rédemptrice qui lui est dévolue depuis sa naissance, à savoir… tuer le père (bonjour Sophocle, bonjour Sigmund Freud). Ainsi le jeune George Lucas s’affirme comme un solide conteur, mais aussi comme un créateur de formes : cf. la saisissante et mortifère beauté de l’Etoile de la Mort, symbole absolu du Profanateur, du Destructeur des mondes ; les épées lasers d’Obi Wan Kenobi, le dernier chevalier Jedi, et de son ancien disciple voué au Mal et à la destruction, le très charismatique Dark Vador, devenu au fil du temps une icône absolue de la pop culture ; la bataille finale dans l’espace entre les pilotes aguerris de la Rébellion et les sbires de l’Empire ; la beauté et le charisme de tous les personnages du film, les créatures (Chewbacca), les droïdes (C3PO et R2D2), et le trio majeur adopté par toute une génération : le candide Luke, le mâle alpha Han Solo, et l’Amazone Princesse Leïa.

Je crois qu’en matière de space opéra  et de pur divertissement familial intelligent ce film de George Lucas ne fut jamais égalé. Et ne le sera sans doute jamais.

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Ciné 70 : (#1) « Sorcerer : Le convoi de la peur »

Le_Convoi_de_la_peur Pas moins de 38 ans auront été nécessaires pour découvrir enfin la beauté stupéfiante du master piece de William Friedkin : Sorcerer (titre français à sa sortie : Le Convoi de la peur) sorti en 1977 dans l’indifférence générale. Il resta seulement 2 semaines à l’affiche aux Etats-Unis, et Paramount et Universal, coproducteurs du film, le remisèrent au placard. Et Friedkin perdit du jour au lendemain son statut de super cinéaste cinglé à la manière d’un autre grand allumé notoire : ce vieux brigand de Sam Peckinpah. Car, pas de chance, ou ironie du sort, Sorcerer sortit sur les écrans en même temps qu’un petit film de S.-F. dont on n’attendait pas grand chose : Star Wars, d’un dénommé Georges Lucas…

Le reste appartient à l’histoire du cinéma.

Cependant, découvrir ce fameux Convoi de la peur aujourd’hui, grâce au très beau travail de l’éditeur La Rabbia, est une expérience dont il ne faut pas se priver, car le résultat est stupéfiant : car dans le film, tout est vrai, la moiteur étouffante dans ce coin déglingué d’Amérique du Sud, les trognes des habitants, l’intensité des regards et la prestation hallucinée des 4 comédiens principaux, magistraux, la puissante armature métallique des camions, roulant à toute berzingue dans la jungle hostile. On sait que Friedkin avait proposé les rôles à Steve McQueen, à Lino Ventura et à Marcello Mastroianni au début, et qu’il se résolut (à contre coeur) à prendre Roy Scheider, Bruno Crémer (impérial !) et Francisco Rabal à la place. Et c’est sans doute ce qui est arrivé de mieux tant le magnétisme et le charisme qui se dégagent de ces acteurs (n’oublions pas Amidou, cet acteur franco-marocain qui réalise la prouesse de nous rendre sympathique et attachant un terroriste palestinien) fait entrer le film dans une nouvelle dimension : celle d’un opéra plein de bruit et de fureur, exaltant l’engagement dérisoire, voire stupide, de l’homme face aux forces surnaturelles de la nature en furie. A cet égard la séquence de la traversée du pont suspendu par les 2 camions, réalisée sans aucun trucage, est tout bonnement stupéfiante. C’est sans aucun doute une des scènes les plus puissantes de tout le cinéma contemporain (disons de ces 40 dernières années), et les deux camions choisis pour le film, sont aussi de véritables personnages, bien plus vivants et attachants que nombre de comédiens insipides que nous devons nous farcir à longueur d’années dans des navets de première bourre qui font des millions d’entrée.

Mais Sorcerer a marqué, à sa manière, le cinéma américain des seventies, et au fil des décennies est devenu le porte-drapeau de ces films inclassables dont la dangerosité des tournages en extérieurs devait sonner l’hallali. Le revoir aujourd’hui dans des conditions optimales, dans une superbe copie restaurée, reste un plaisir à nul autre pareil. A découvrir toutes affaires cessantes !

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« 007 Spectre » (Sam Mendes, 2015)

007 Spectre 007 Spectre de Sam Mendes recèle tous les ingrédients pour en faire dès à présent un  film culte de la saga James Bond : acteur principal au meilleur de sa forme, James Bond Girls épatantes, scènes d’action à couper le souffle, bande son incandescente, photographie irréprochable, et un méchant d’anthologie (aka Christoph Waltz, loin des années Derrick) qui englobe tous ses prédécesseurs dans les arcanes du mal.

Daniel Craig incarne à la perfection ce super agent, as du MI6, mais pourtant de plus en plus enclin à la mélancolie, car en quatre films il laisse derrière lui une longue liste de morts (Verper Lynd, morte noyée dans Casino Royale, M, morte dans ses bras dans Skyfall, Mister White, mort par contrainte dans ce dernier film…), la liste est démesurément longue. Alors on ne s’étonne pas de la teneur rétro et nostalgique du long métrage, car tout concourt à en faire la conclusion d’un parcours du combattant à travers les mailles du SPECTRE.

James Bond n’a jamais été aussi élégant (le superbe smoking blanc dans la séquence anthologique du train lancé à toute allure dans les paysages d’Afrique du Sud), il n’a jamais été aussi sauvage au combat à mains nues (derechef la violente séquence de baston contre le tueur du SPECTRE incarné avec une classe tueuse par l’acteur Dave Bautista, clin d’oeil cool et référencé à Bons baisers de Russie), il n’a jamais été aussi séduisant, et Monica Bellucci et Léa Seydoux ne mettent pas longtemps à s’embraser. Et puis il y a un méchant véritablement effrayant, car derrière les manières onctueuses du chef du SPECTRE, on sent la plus folle des rages criminelles jamais mise en exergue dans un film de pur divertissement ; l’interprétation tout en nuances du génial Christoph Waltz n’y est évidemment pas pour rien.

Alors on peut se poser la question : les producteurs d’EON Pictures vont-ils aller dans une nouvelle direction la prochaine fois, totalement inédite, avec un nouvel acteur, de nouvelles perspectives de récit ? Car il semble difficile de faire mieux que 007 Spectre qui, je pense, est le plus beau Bond de la saga avec GoldfingerL’Espion qui m’aimait et Skyfall.

Auront-ils le courage de choisir Idris Elba pour le prochain, étant donné que Daniel Craig ne semble pas presser de rempiler ? Et puis je fais une suggestion : pourquoi ne pas donner le rôle à … Ben Wishaw, le fameux Q, ce qui donnerait des perspectives complètement inédites pour la suite : un James Bond intello, un peu pleutre, un peu timide avec les filles… bref, un peu comme nous tous quoi !!

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« All Is Lost » (J.C. Chandor, 2013)

Robert Redford à la manœuvre sur son voilier.

Robert Redford à la manœuvre sur son voilier.

Pour son deuxième long métrage le réalisateur américain J.C. Chandor a complètement bouleversé son approche du cinéma, après le film choral Margin Call (2011), dans lequel s’entre-dévorait les requins de Wall Street : dans All Is Lost (2013), élégie des tempêtes maritimes, il n’y a qu’un seul personnage, et nous n’en verrons pas d’autres durant tout le film. Il n’a même pas de nom, il est crédité au générique du pronom personnel him ; rien de plus, si ce n’est, dès les premières images du film, la certitude de vivre un grand moment de cinéma. Car l’acteur vedette du film c’est Robert Redford himself. Et bien évidemment le cinéphile ne peut s’empêcher de penser aux multiples personnages incarnés par cet immense comédien, une des dernières vraies stars d’Hollywood. Sur tous les plans, dans chaque émotion qui affleure sous la surface du cuir tannée par le sel et le vent, toute une gamme d’interprétations draine avec elle soixante années de cinéma américain, et du meilleur.

Ici, on ne se pose jamais la question de savoir si l’acteur choisi par le réalisateur arrivera à porter le film, tout seul, sur ses épaules. Redford dans ce rôle-là, à ce moment de sa carrière, relève juste de l’évidence dans ce récit des périls que doit affronter un navigateur solitaire, perdu au milieu de l’océan indien. Sans quasiment aucune ligne de dialogue Robert Redford incarne magistralement la figure de l’être en proie à la furie des éléments déchaînés, et montre que l’ingéniosité humaine, parfois, quand elle s’allie avec le courage et la détermination, peut  faire basculer le destin en sa faveur.

Une fois de plus un jeune cinéaste américain redonnait en 2013 ses lettres de noblesse à une certaine forme de cinéma, alliant avec maestria le sens du récit à une étude approfondie du courage, quand tout semble joué d’avance. Et offre au Redford dernière manière un rôle à la hauteur de sa légende.

All Is Lost de J.C. Chandor est un film hautement recommandable.

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