C’est entendu : quand on aime à la folie les films de vampires, on se précipite dans sa salle de cinéma la plus proche et, sans demander son reste, on jubile. Car les créatures de la nuit reviennent en force au cinéma cette année ! Alors, qu’on se rassure tout de suite : ce Nosferatu 2024 est un grand cru, un très grand cru même. Et nous allons essayer de comprendre pourquoi.
Pour Lily-Rose Depp : Pas de grand film sans grande actrice à l’intérieur. L’incarnation d’un personnage reste l’élément fondamental pour que l’œuvre cinématographique imprime durablement nos rétines. Et dans le rôle de la belle Ellen Hutter, qui est fraîchement mariée au falot clerc de notaire Thomas Hutter, Lily-Rose Depp est parfaite. Elle sait rendre à merveille les contrariétés de sa personnalité mélancolique qui vont permettre au cruel Strigoï (un vampire en roumain) de venir chambouler la psyché de cette épouse corsetée, qui étouffe sous le poids des conventions bourgeoises. Mais, comme dans le remarquable Bram Stoker’s Dracula de Coppola, l’amour cherche à triompher du mal.
Pour la mise en scène au cordeau : On reconnaît les maîtres et les maîtresses du cinéma contemporain à leur capacité à bâtir un univers fictionnel tangible, solide, opératique. La ville de Wisburg en 1838, reconstituée en République Tchèque, est aussi un des personnages principaux du film. La reconstitution historique est somptueuse. La photographie de Jarin Blaschke est tellement belle dans son monochrome qui tire vers le noir et blanc, qu’on peut espérer pour lui une nomination dans la catégorie du meilleur directeur de la photographie cette année aux Oscars.
Pour les variations subtiles autour du mythe du vampire : Dans ce Nosferatu le comte Orlok, cet aristocrate déchu des Carpathes, autrefois puissant, fait vraiment peur à l’écran. Car on est en présence d’un non-mort, d’une créature éternellement en putréfaction, qui ne peut subsister sur la surface de la terre qu’en propageant le mal. Qu’y-a t’il de pire que de s’attaquer à des fillettes à la veille de Noël ? Bill Skarsgård offre une interprétation remarquable de ce vampire tyrannique, en ne copiant personne dans sa façon de jouer cet être surnaturel orgueilleux et démoniaque.
Pour le sound-design : La qualité du son couplé à une musique de Robin Carolan entêtante, ensorcelante et mélancolique à souhait, souligne chaque intonation de la mise en scène orchestrée par un véritable génie de la réalisation : Robert Eggers.
Pour le réalisateur : Nosferatu est seulement le 4e film pour le cinéma de Robert Eggers, et il nous offre encore une fois un chef-d’œuvre de poésie macabre, dont la beauté des plans va nous accompagner une bonne partie de cette nouvelle année 2025 qui commence à peine. Il signe un remake respectueux de son matériau originel (le roman de Bram Stoker et le premier Nosferatu de l’histoire du cinéma du génie allemand Murnau). Après The Witch (2015), The Lighthouse (2019) et The Northman (2022) son Nosferatu (2024) finit de nous convaincre : avec Robert Eggers nous sommes en présence d’un merveilleux réalisateur de cinéma, qui, en quelques films, a complètement renouvelé les genres horrifiques et fantastiques.
Pendant nos soirées et nos nuits hivernales le Nosferatu de Robert Eggers avec Lily-Rose Depp va réchauffer longtemps nos petits cœurs transis. Pour notre plus grand plaisir d’amoureuses et d’amoureux fous des créatures de la nuit.