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Un séjour au Texas : « Texas Chainsaw Massacre » (2022)

Massacre à la tronçonneuse Texas Chainsaw Massacre, premier du nom, réalisé par Tobe Hooper en 1974, reste le film matriciel du genre horrifique contemporain au cinéma. Alors, réinvestir le mythe du tueur motivé Leatherface au début des années 2020, sous la houlette de Fede Alvarez à la production pour le compte de Legendary Pictures et de Netflix, était un pari risqué. Car les fans absolus de cette franchise, qui aiment regrouper cet ensemble de films sous le vocable Leatherface, comme un cri de ralliement à un cinéma d’horreur organique à l’ancienne, allaient montrer de quel bois on se chauffe, et de ce qu’on avait dans l’estomac… Non, mais !

Prenez deux sœurs, Lila, une rescapée de la tuerie du lycée de Stonebrook, et sa grande sœur Melody, qui veille sur elle, et qui décide d’investir ses économies dans la ville fantôme de Harlow, au Texas, pour la faire revivre en mode « attention, les bobos prennent goût à la campagne ! » Elles sont accompagnées dans leur aventure par un couple d’amis et par un bus rempli à ras bord de jeunes investisseurs friqués et branchés. Tout se passerait pour le mieux si les choses étaient faites dans les règles de l’art ; mais voilà, une irréductible vieille dame a volontairement oublié de quitter les lieux. Elle a dirigé pendant cinquante ans l’orphelinat de Harlow et a redonné du sens à la vie cabossé de ses petit.es pensionnaires. Melody et ses ami.es, depuis Austin, et avec l’aide des banquiers, ont acté l’expropriation de cette vieille dame impotente. Mais cette dernière s’accroche désespérément à sa vieille bâtisse. Elle ne veut pas partir…

Ne réveillez surtout pas le monstre endormi, et qui sommeille depuis trop longtemps sous le masque tragique de la Mort Rouge. Car il a passé les dernières années de sa vie à s’occuper du mieux qu’il pouvait de celle qui lui a accordé de l’attention. Bientôt, très bientôt les startuppers trentenaires autosatisfaits vont mordre la poussière au son de la musique abrasive d’une antédiluvienne tronçonneuse à la chaîne rouillée.

On va entendre à nouveau crier, hurler, gémir, haleter, dans ce coin de Texas aux couchers de soleil flamboyants. Et Leatherface de danser, danser, danser, dans l’aube ou au crépuscule, accompagné par le chant de la tronçonneuse, avec cette envie folle de poétiser les engins agricoles.

Ce Massacre à la tronçonneuse cuvée 2022, réalisé pour Netflix par David Blue Garcia, est un film d’horreur graphique millimétrée, dans lequel même les plus vaillantes Texas Rangers finissent par succomber, un sourire aux lèvres. Welcome into the Lone Star State !

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« Hôtel Rêverie » : l’un des plus beaux « films » de 2025 ?

Hôtel Rêverie Les actrices de cinéma sont l’incarnation la plus absolue, la plus parfaite, de ce qui fait sens et qui se déroule sur l’écran d’une salle obscure. Elles donnent corps et langue (à partir du cinéma parlant) à des personnages qui enrichissent le monde de la fiction filmée avec les instruments qui capturent la lumière et les ombres. Toute une pléiade d’actrices formidables prend place au firmament de nos imaginaires cinématographiques. En des temps actuels qui privilégient les histoires racontées sur le petit écran, dans les séries télévisuelles, les actrices continuent de satisfaire notre besoin d’admiration artistique.

La jeune actrice britannique Emma Corrin, qui incarne une star du cinéma d’autrefois dans l’épisode Hôtel Rêverie de la saison 7 de la série anthologique Black Mirror, ne dépareille pas aux côtés de Lilian Gish et de Greta Garbo. Cela elle le doit à la perfection de son interprétation. Son jeu d’actrice est investi de la même autorité, de la même exigence que celui de ses consœurs du passé. Son jeu relève lui aussi de l’Art illusionniste qui nous fait aimer à la folie les interprétations en mode majeur ou mineur, qu’importe, mais qui sont teintées de touches mélancoliques, de celles qui nous font venir les larmes aux yeux dans les moments les plus émouvants de l’épisode.

La jeune actrice de l’épisode est un personnage réinventé, généré par une IA, coincé dans un univers de fiction en noir et blanc qui a l’apparence d’un hôtel. Son monde s’arrête aux contours de la fiction que les informaticiens ont imaginé pour elle. L’actrice de 2025, incarnée par Issa Rae, qui doit à tout prix relancer sa carrière menacée par les plus jeunes interprètes sur le marché, est bien réelle, et se retrouve coincée dans la matrice de cette boucle fictionnelle, qui s’autonomise de seconde en seconde. Cela peut-il empêcher une délicate histoire d’amour de se produire entre les deux comédiennes ?

Hôtel Rêverie réussit là où de nombreux films pensés et réalisés pour le cinéma ont échoué ces dernières années. Il nous fait aimer deux personnages féminins attachants et réellement consistants. Ce qui est rendu possible grâce à la richesse de la palette émotionnelle d’Emma Corrin et d’issa Rae. Ironie du sort : cela se déroule dans un univers de fiction exclusivement généra par les IA.

Le titre même de l’épisode, en français, réalisé par Haolu Wang, une cinéaste britannique, fait référence aux films des années 1930 et 1940. Beaucoup d’entre eux contenaient une intrigue qui se déroulait dans un hôtel (et le plus célèbre d’entre eux reste Casablanca de Michael Curtiz en 1942, et je vous invite aussi à découvrir l’admirable Casbah de John Berry avec Yvonne de Carlo et Peter Lorre, qui date de 1948) ou dans un palace. Les endroits clos, hermétiques, qui contiennent un microcosme humain fascinant à scruter, recèlent une quantité infini de ressorts dramatiques. En permettant au personnage incarné par Issa Rae de voyager en conscience dans les entrelacs numériques d’un monde entièrement reconstitué, la société de high-tech ReDream va aussi lui permettre, bien malgré elle, de renouer avec le sentiment amoureux. Alors la question se pose aujourd’hui : si on aime dans la vraie vie, pourquoi ne pourrions nous pas aimer dans un monde fictif, reconstitué, reconfiguré ? Les sentiments, eux, n’ont pas l’air de vouloir devenir des équations.

Les actrices sont les garantes de ce principe invariable : on aime qui on veut, dans la vraie vie comme au cinéma ou dans une série télévisuelle de haute volée (encore bravo au showrunner anglais Charlie Brooker, à qui nous devons la tenue impeccable de ces 7 saisons magistrales de Black Mirror). Et on ne se justifie pas. Jamais.

Hôtel Rêverie demeurera à tout jamais ce petit film merveilleux d’1h16 pour la télé, qui remet les pendules (quantiques) à l’heure. Et ça nous fait un bien fou.

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Une nouvelle héroïne pour les kids : « Wednesday » de Tim Burton (2022)

L'incandescente Jenna Ortega incarne à la perfection Wednesday Addams.

L’incandescente Jenna Ortega incarne à la perfection Wednesday Addams.

Une lycéenne est inadaptée au monde d’aujourd’hui : pendant que son petit frère est enfermé dans son casier par les brutes de l’établissement, elle le venge en lâchant des piranhas dans la piscine où ces abrutis s’entraînent. Ni une, ni deux la jeune fille, qui se prénomme Wednesday, est virée du lycée ; alors ses parents, Morticia Addams et Guzman, décident qu’elle ira elle aussi dans la pension Nevermore, dans laquelle ils furent éduqués étant jeunes. Bien entendu, Wednesday, au début, rechigne, puis finalement, elle va se rendre compte qu’il y a tellement d’énigmes à résoudre à Nevermore.

C’est sur ce postulat – celui de l’enfance aux prises avec une normalité monstrueuse – que Tim Burton tresse avec la maestria qu’on lui connaît un entrelac de filets narratifs qui pose l’éternelle question : en quoi suis-je différent, et pourquoi ? Car à force de revendiquer son étrangeté n’en vient-on pas à ressembler un peu à tout le monde, dans une époque où la singularité de chacun est portée fièrement en étendard ?

Dans le 1er épisode Wednesday est fière de se comporter comme une chipie arrogante, fière de ses attributs gothiques, car elle a des visions, comme sa maman Morticia au même âge ; mais comme elle est aussi une adolescente rebelle, elle ne veut surtout pas lui ressembler. Et au début, la pension Nevermore est beaucoup trop connotée : Morticia y était trente ans auparavant la championne d’escrime et la figure de proue de la société secrète des Belladones. Wednesday demande plus à la vie qu’être une pâle imitation de maman. Alors, dans les tréfonds de sa conscience, elle va puiser la matière noire qui lui fera supporter le chaos, le désordre, l’angoisse des temps qui redistribuent une histoire éternelle : celle de la domination des plus faibles, des plus petits par les dominants, les fous religieux, ceux qui pensent pouvoir dicter aux autres ce qu’il faut dire et ce qu’il faut faire.

400 ans auparavant un massacre a eu lieu : des pèlerins du nouveau monde ont fait brûler vif dans un sanctuaire celles et ceux qui s’écartaient du dogme monothéiste. Wednesday (mercredi en français – quel joli prénom) découvre tout cela et elle trouve sa quête par la même occasion : elle veut réparer le monde blessé, elle va utiliser ses dons païens pour soigner les blessures profondes.

Tim Burton, génie de l’image et de la composition picturale au cinéma, dresse un monument télévisuel réconfortant pour apaiser les âmes blessées par la brutalité du monde.

En cela, il est à sa manière le Père Noël dont nous avons besoin aujourd’hui.

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The Movie Hunter présente : « Interceptor » (2022)

Interceptor En ces temps mouvementés de menaces nucléaires entre puissances possédant des ogives atomiques, et qui veulent en découdre (Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni), quoi de mieux, pour affronter sa peur de l’Apocalypse, que de se laisser prendre par les circonvolutions de Matthew Reilly, un réalisateur australien de 48 ans.

Dans Interceptor (Australie/États-Unis, Netflix, 2022), huis-clos à haute-tension  qui se déroule entièrement sur une plateforme maritime de silos nucléaires, le suspense est à son comble 1h39 durant : Elsa Pataky, en vaillante capitaine spécialiste en armes stratégiques de l’US Army, se retrouve coincée dans la salle des opérations face à des terroristes qui veulent lancer 16 ogives nucléaires sur les 16 plus grandes villes des États-Unis. Seul en mesure de l’aider, la caporal Raoul, un intellectuel à lunettes qui n’a plus utilisé la moindre arme depuis ses  classes, nous laisse penser que notre vaillante capitaine J.J. passe effectivement une sale journée.

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Bon, eh bien, ce sont sur les plateformes désormais, qu’on peut visionner tous ces films d’action géniaux qu’on aimait jadis et qui faisaient les délices des salles de cinéma de quartier et des zones rurales. Aujourd’hui, en 2022, ces films ne sont plus distribués au cinéma – du moins en France. Avant que la publicité ne vienne faire son apparition et jouer les trouble-fêtes sur Netflix dès 2023, il faut profiter de ces séries B d’action. Elles rejouent l’éternel combat entre un héros ou une héroïne défendant les dernières valeurs chères à notre social-démocratie et des fous-furieux qui provoquent le chaos.

Ici, il s’agit de mettre hors d’état de nuire des Américains cinglés qui ont passé un pacte avec des Russes belliqueux. On y apprend aussi de bien bonnes choses propres à l’ingénierie nucléaire militaire, et puis Elsa Pataky, fort convaincante, reprend le rôle laissé vacant par Sigourney Weaver depuis l’abandon des aventures du Lieutenant Ellen Ripley dans l’espace.

Ce film de Matthew Reilly, judicieusement titré Interceptor (du nom des missiles défensifs appelés à neutraliser les ogives ennemies qui voudraient nous réduire en poussière), est à rapprocher d’une autre production Netflix du moment ; qui elle aussi est un huis-clos mettant aux prises un agent de la DEA amnésique avec les membres ultra-violents d’un Cartel de Sonora, au Mexique, dans une clinique. L’impeccable Josh Duhamel, accompagné par une agente de la CIA (interprétée avec beaucoup de classe par la stupéfiante Abbie Cornish), reprend, lui aussi, le flambeau des Action-Heroes des années 1980, pour notre plus grand plaisir.

Nous reparlerons, bien entendu, de Blackout (États-Unis, Patriot Pictures/Netflix, 2022) de Sam Marconi au prochain épisode.

To be continued…

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Les films Netflix : [#2] « End of the Road » (2022)

End of the Road Une mère de famille, Brenda, se retrouve veuve, avec ses deux enfants à charge, une adolescente et un garçon d’une dizaine d’années très éveillé. Son mari est mort trois mois auparavant, emporté par un cancer. La chimiothérapie utilisée pour essayer de le guérir a englouti les économies du foyer, et ne l’a pas sauvé. Brenda est par conséquent contrainte de vendre leur maison de Los Angeles, et de venir se réfugier chez sa mère avec ses enfants et son frère immature. Le voyage de L.A. à Houston, au Texas, s’effectuera en 3 jours. C’est ce que dit Brenda à sa mère au téléphone dès les premières minutes du film. Cette dernière leur souhaite bon voyage et de ne surtout pas hésiter à l’appeler si quelque chose clochait. Et bien entendu, ça va clocher. Sévèrement.

Nous sommes en 2022, aux États-Unis, entre Los Angeles et Houston, quelque part sur les routes en Arizona, et une famille de la classe moyenne qui est en train de faire son deuil, va vivre en une poignée de jours et de nuits la désolation et la furie. Il s’agit d’un vigilante movie dans lequel sont retournés les arguments terrifiants qui étaient exposés dans les films de ce genre des années 1970. Les vigilante movies des années 1970 mettaient en scène des personnages WASP violentés par des individus peu recommandables, souvent ethnicisés.

Mais aujourd’hui une famille afro-américaine se fait violenter par ces mêmes personnages WASP qui ne sont plus les modèles sociaux qu’on érigeait en modèle 40 à 50 ans auparavant. Depuis la présidence Nixon, le monde, et les États-Unis en premier lieu, ont changé. Une classe moyenne afro-américaine s’est insérée dans les cadres civiques de l’Union, et c’est heureux. Mais celles et ceux qui ont refusé l’évolution de leur société (le shérif et son épouse, encore plus cinglée que lui) se sont réfugiés dans la violence la plus sourde et dans l’extrémisme sauvage le plus abject. Pour combattre cette gangrène sociale, une mère de famille aimante, paisible, va devoir se transformer en Foxy Brown (Jack Hill, American International Pictures, États-Unis, 1974) pour sauver ses enfants, son frère, et pour survivre au deuil qui l’étreint.

Foxy Brown

End of the Road (Millicent Shelton, 42/Edmonds Entertainment/Flavor Unit Entertainment, États-Unis, 2022) reprend les cadres thématiques posés il y a quelques années déjà par le génial cinéaste Jordan Peele. Et les renforce avec une image léchée, une composition du cadre aux petits oignons et ce sens de la répartie (les dialogues sont amusants et permettent de respirer au milieu d’une atmosphère anxiogène) qui nous fait suivre les péripéties de cette famille attachante jusqu’au bout.

Le vigilante movie, quand c’est bien pensé, bien posé et bien dosé, c’est quand même autre chose que nos sempiternelles comédies françaises de l’été, non ?

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