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Quand « Les Maîtres de l’Air » prennent leur envol

Austin Butler et Callum Turner profitent d'une accalmie avant de lancer leurs bombardiers dans les cieux guerriers.

Austin Butler et Callum Turner profitent d’une accalmie avant de lancer leurs bombardiers dans les cieux guerriers.

En 2024 Amblin, la boîte de production cinématographique et télévisuelle de Steven Spielberg, nous offre une mini-série de luxe de toute beauté.

Chaque épisode (au nombre de 9) de cette première saison regorge d’un luxe de détails que pourraient lui envier les trois-quarts de la production cinématographique actuelle. Mais bon, c’est entendu, Steven Spielberg est un nabab, un vrai, d’Hollywood ; à lui seul il est à la fois David O. Selznick, Irving Thalberg et Robert Evans. Il règne incontestablement en maître des bienséances à Hollywood, aux côtés d’un autre monstre sacré à qui on fiche royalement la paix : Clint Eastwood, et sa compagnie de production Malpaso. Qu’on ne s’y trompe pas, Amblin et Malpaso, grâce à un modèle économique performant, sont aujourd’hui de véritables studios de cinéma, qui non seulement financent des films, mais les accompagnent aussi jusqu’à leur sortie en salles ou sur les plateformes. En outre, ce sont de véritables créateurs qui œuvrent aux commandes de ces structures de production. Il n’est pas question de faire n’importe quoi.

La série Masters of the Air (1 saison – 2024) se déroule en 1943, au plus dur de la guerre aérienne que se livrent les Alliés et les Nazis ; il s’agit de suivre quelques têtes brûlées d’une Compagnie d’aviateurs (pilotes, navigateurs, mitrailleurs, mécaniciens, opérateurs radio) intégrée à la 8e Armée de l’U. S. Army. L’Air Force, installée dans des bases sur le sol anglais, fourmille de jeunes mâles qui rêvent d’en découdre dans le ciel avec les chasseurs allemands. Mais la guerre aérienne, cruelle, et son champ de bataille en plein ciel au-dessus de la France, de la Belgique, de la Hollande et de l’Allemagne, n’offre aucun répit.

À chaque retour de mission de bombardement plus d’un aviateur manque à l’appel. Les deux jeunes Majors qui pilotent des bombardiers américains, qui deviennent amis quand ils sont encore sur le sol américain, nouent une relation de camaraderie militaire tout feu tout flamme, mais ne sont jamais dupes à propos de ces missions à haut risque que le commandement leur confie, et qu’ils doivent exécuter en plein jour. La braise de leur vingt ans couve, en sourdine, et même si on réchappe aux flaks des DCA ennemies, qu’adviendra-t-il lors de la prochaine sortie aérienne ? Qui restera sain et sauf ? Et qui reviendra en un seul morceau ?

Masters of the Air, mini-série magnifiquement photographiée, mise en scène et interprétée (merveilleux Austin Butler et Callum Turner), est un bijou télévisuel qui a trouvé refuge sur Apple tv+.

À voir toutes affaires cessantes, tant ce spectacle prodigieux pose, de manière nuancée et délicate, bon nombre de questions qui font mal aujourd’hui encore (en Ukraine, en Arménie, dans la Bande de Gaza, en Israël, au Yémen,…).

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Une nouvelle héroïne pour les kids : « Wednesday » de Tim Burton (2022)

L'incandescente Jenna Ortega incarne à la perfection Wednesday Addams.

L’incandescente Jenna Ortega incarne à la perfection Wednesday Addams.

Une lycéenne est inadaptée au monde d’aujourd’hui : pendant que son petit frère est enfermé dans son casier par les brutes de l’établissement, elle le venge en lâchant des piranhas dans la piscine où ces abrutis s’entraînent. Ni une, ni deux la jeune fille, qui se prénomme Wednesday, est virée du lycée ; alors ses parents, Morticia Addams et Guzman, décident qu’elle ira elle aussi dans la pension Nevermore, dans laquelle ils furent éduqués étant jeunes. Bien entendu, Wednesday, au début, rechigne, puis finalement, elle va se rendre compte qu’il y a tellement d’énigmes à résoudre à Nevermore.

C’est sur ce postulat – celui de l’enfance aux prises avec une normalité monstrueuse – que Tim Burton tresse avec la maestria qu’on lui connaît un entrelac de filets narratifs qui pose l’éternelle question : en quoi suis-je différent, et pourquoi ? Car à force de revendiquer son étrangeté n’en vient-on pas à ressembler un peu à tout le monde, dans une époque où la singularité de chacun est portée fièrement en étendard ?

Dans le 1er épisode Wednesday est fière de se comporter comme une chipie arrogante, fière de ses attributs gothiques, car elle a des visions, comme sa maman Morticia au même âge ; mais comme elle est aussi une adolescente rebelle, elle ne veut surtout pas lui ressembler. Et au début, la pension Nevermore est beaucoup trop connotée : Morticia y était trente ans auparavant la championne d’escrime et la figure de proue de la société secrète des Belladones. Wednesday demande plus à la vie qu’être une pâle imitation de maman. Alors, dans les tréfonds de sa conscience, elle va puiser la matière noire qui lui fera supporter le chaos, le désordre, l’angoisse des temps qui redistribuent une histoire éternelle : celle de la domination des plus faibles, des plus petits par les dominants, les fous religieux, ceux qui pensent pouvoir dicter aux autres ce qu’il faut dire et ce qu’il faut faire.

400 ans auparavant un massacre a eu lieu : des pèlerins du nouveau monde ont fait brûler vif dans un sanctuaire celles et ceux qui s’écartaient du dogme monothéiste. Wednesday (mercredi en français – quel joli prénom) découvre tout cela et elle trouve sa quête par la même occasion : elle veut réparer le monde blessé, elle va utiliser ses dons païens pour soigner les blessures profondes.

Tim Burton, génie de l’image et de la composition picturale au cinéma, dresse un monument télévisuel réconfortant pour apaiser les âmes blessées par la brutalité du monde.

En cela, il est à sa manière le Père Noël dont nous avons besoin aujourd’hui.

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Quand l’anarchie se matérialisait en musique : « Pistol » (2022)

Le quatuor à ses débuts, vers 1976, quand Sid n'avait pas encore rejoint la formation.

Le quatuor à ses débuts, vers 1976, quand Sid n’avait pas encore rejoint la formation.

Pour s’attaquer à un monument de la musique populaire anglaise de la fin des années 1970, il fallait avant tout réunir une brochette de comédiennes et de comédiens exceptionnels. Pour la production, diligentée par la chaîne FX Network, il ne fallait pas se louper : car pour interpréter Sid Vicious, John Lydon, Steve Jones, Paul Cook, Glen Matlock et Chrissie Hynde il fallait des jeunes gens à la hauteur. Et la première chose que l’on constate en visionnant les 6 épisodes de Pistol c’est que chacun d’entre eux incarne avec justesse – et un charisme fou – cette pléiade de jeunes voyous qui révolutionnèrent l’espace musical anglo-saxon en une poignée d’années seulement (de 1976 à 1979 environ, pour faire court).

Assister, bien que de manière fictive, à l’audition d’un John Lydon pour le poste de chanteur, qu’on croirait tout droit sorti d’un centre de redressement, alors qu’il n’y a pas plus fils à maman que ce charmant garçon, ou encore voir se nouer une relation d’estime réciproque entre le voyou au grand cœur Steve Jones et la future reine de la rock music Chrissie Hynde, qui n’a pas encore rencontré ses Pretenders, donne le tempo d’une série qui reprend le flambeau là où l’avait laissé choir Martin Scorsese à la fin du dernier épisode de la première et ultime saison de Vinyl (États-Unis, HBO, 2016).

Pistol (États-Unis, FX Productions, 2022) est une mini-série en 6 épisodes qui retrace le parcours fulgurant des Sex Pistols, le groupe de punk définitif diront certains. Mouais, diront certaines autres qui préfèrent assurément The Clash, The Damned ou The Stranglers.

Question de goût et d’éducation aussi, assurément. Car suivre tous ces groupes en concert, entre 1976 et 1980, à Londres puis dans le nord de l’Angleterre, quand ils partaient en tournée, relevait du sport de combat, tant les anti-punks et anti-punkettes étaient légion en Albion.

C’est de cela que parle Pistol, cette série réalisée par Danny Boyle basée sur les mémoires du guitariste Steve Jones (vous pensez qu’il est objectif le bougre, mouais, allons donc mes ladies !), qui règle quelques comptes quand même avec le milieu sordide de la musique qui vend beaucoup de disques à des kids qui n’ont tout simplement pas les moyens de se les acheter.

Mais ne boudez pas votre plaisir : one, two, three, four… Here’s the Sex Pistols !

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The Movie Hunter présente : « American Rust » (2021)

Jeff Daniels interprète avec maestria le shérif Del Harris dans la sublime série "American Rust".

Jeff Daniels interprète avec maestria le shérif Del Harris dans la sublime série « American Rust ».

Jeff Daniels est un comédien exceptionnel. Et pour celles et ceux qui ne le savaient pas encore, il est temps de voir de quoi le garçon est capable dans la série en 9 épisodes American Rust (États-Unis, Showtime, 2021). 

Il y interprète le shérif Del Harris d’une petite bourgade de Pennsylvanie, baptisée Buell, dans laquelle tout le monde se connaît. Comme la mondialisation est passée par là, Buell est économiquement sinistrée, le taux de chômage y est de 25 % et tout le monde a du mal à joindre les deux bouts. Deux jeunes hommes, dont les années lycées sont derrière eux, Billy Poe et Isaac English, aimeraient s’échapper car leur condition sociale n’est pas reluisante ; mais ils n’ont nulle part où aller. Et quand il s’agit de prendre le train pour quitter la ville, c’est de train de marchandises qu’il s’agit.

À Buell chacune et chacun a mille raisons de s’enfuir, pour aller où exactement, dans l’Ouest ? Mais cet Ouest mythique possède-t-il les vertes prairies dont on parle dans les légendes américaines ? N’arrive-t-il pas parfois qu’on en revienne, encore plus cabossé qu’avant ? Souvenez-vous du Motorcycle Boy dans l’élégiaque Rusty James (Rumble Fish, États-Unis, Zoetrope Studios, 1983) du Maître Francis Ford Coppola, un film maudit dans lequel les âmes blessées s’affrontaient à coups de lames de rasoir. On se souvient aussi de Tom Cruise dans ses jeunes années d’Outsiders (Francis Ford Coppola, The Outsiders, États-Unis/France, Zoetrope Studios/AMLF, 1983) qui n’étaient pas encore abîmées par l’Église de Scientologie. Il fut un temps où l’Amérique respirait, bougeait, dansait sur les scores originaux de La Fièvre du samedi soir (Saturday Night Fever, États-Unis, Paramount Pictures, 1977) de John Badham, et de Flashdance (États-Unis, Paramount Pictures, 1983) d’Adrian Lyne.

Aujourd’hui, en Pennsylvanie, on se force un peu pour se rendre au mariage de Jimbo et de Katy, parce qu’on sait que la suite sera un long chemin semé d’embûches, et la mariée a beau être jolie, un meurtrier rôde dans la ville. Il a lâchement assassiné l’ex-adjoint du Shérif Harris, et même s’il s’agissait d’un salaud qui violentait sa femme… eh bien ces choses-là ne se font pas.

American Rust n’est en aucune manière une série misérabiliste. Car ses créateurs ont une véritable empathie pour chacun des personnages qu’on voit à l’écran. Il ne s’agit pas ici d’un trip télévisuel putassier orchestré par des merdeux qui se donneraient bonne conscience en proposant une vision déformée de l’Amérique au temps de Trump, de Bannon et de Qanon. Non. Au contraire, le show-runner Dan Futterman, fait preuve de beaucoup de délicatesse sur l’ensemble de la série (9 épisodes en tout). Né le 8 juin 1967 à Silver Spring, dans le Maryland, Daniel Paul Futterman n’est pas un néophyte qui découvrirait l’univers emphatique des créations télévisuelles sérielles en découvrant les scores d’audience de Squid Game (Ojing-eo geim, Corée du Sud, Netflix/Siren Pictures, 1 saison en 10 épisodes : 2021) dans la dernière édition en date du Wall Street Journal ou de Variety. Diplômé en 1989 de l’Université Columbia à New York, il a écrit le scénario du film Truman Capote (Capote, États-Unis/Canada, Sonny Classics, 2005) pour ses deux amis d’enfance le réalisateur Bennet Miller, et le comédien Philip Seymour Hoffman. 

American Rust nous plonge au cœur d’une enquête criminelle particulièrement perturbante, dans la mesure où tous les protagonistes du drame sont liés entre eux. En quelque sorte il s’agit d’un anti-Twin Peaks (États-Unis, Lynch/Frost Productions, 2 saisons : 1990-1991), car ici l’effet de naturalisme est immédiat, et nous ne sommes jamais emportés dans des tourbillons ni des spirales autoréférentielles qui entretiendraient le mystère. Dès les premières minutes nous savons, nous avons la certitude, qu’on nous amènera vers la résolution de l’énigme, pas à pas, en prenant son temps, et en ne cessant jamais de filmer le désarroi qui nous assaille tous, à hauteur de femmes et d’hommes qui cherchent désespérément à s’en sortir. Mais qui ne peuvent.

American Rust met en scène, avec sobriété, en 9 épisodes merveilleusement équilibrés, ce que nous sommes devenus, à notre corps défendant.

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Cette année (2021) amusez-vous en compagnie de Steve Martin, Selena Gomez et Martin Short !

Le légendaire acteur comique et dramatique américain Steve Martin en pleine réflexion.

Le légendaire acteur comique et dramatique américain Steve Martin en pleine réflexion.

Only Murders in the Building (2021) est une série télévisée de Steve Martin et John Hoffman, diffusée aux États-Unis sur Hulu, et en France sur la plateforme Star de Disney+ France.

Dans cette série formidable, dont chaque épisode n’excède pas 40 minutes, on s’attache à trois personnages qui vivent dans le même immeuble, l’Arconia, situé à Manhattan, et qui décident de créer un podcast sur les crimes irrésolus, suite à la mort d’un de leurs voisins. Les deux acteurs américains Steve Martin et Martin Short – qui sont des génies comiques, dont la carrière cinématographique inventorie le genre comique américain porté à son point de perfection – font équipe avec la jeune comédienne Selena Gomez, qui trouve dans cette production son premier vrai rôle important.

L’enquête que mènent l’acteur de télévision Charles-Haden Savage, le producteur off-Broadway Oliver Putnam et la mystérieuse Mabel Mora, pour savoir qui a éliminé leur très antipathique voisin Tim Kono, donne lieu à une succession de scènes irrésistibles de drôlerie et de malices. Le duo formé par Martin & Short est un condensé de ce que la comédie américaine apporta de sang neuf dans les films comiques des années 1980 et 1990 ; ajouté à cela, la performance de Selena Gomez constitue un apport de poids, et le duo devient trio, et ce trio comique relance la veine américaine qui jusqu’alors était la chasse-gardée de Woody Allen. Mais depuis maintenant quelques années, le new-yorkais à lunettes le plus célèbre se débat avec des affaires judiciaires et des accusations en pagaille qui ne lui permettent plus de se mesurer à celles et à ceux qui réinventent la comédie à la télé ou au cinéma aujourd’hui.

Only Murders in the Building est un rafraichissant spectacle qui mêle intelligemment enquête sur le fil du rasoir à la Agatha Christie, vaudeville malicieux et tranche de vie de quelques spécimens new-yorkais pourris gâtés qu’on adore détester. 

En plus, dans l’épisode 4 de la 1ère saison, sobrement baptisé The Sting (et qui à mon humble avis est appelé à devenir un classique de la production télévisuelle des années 2020) on a droit à une très belle performance, délicate et émouvante, de la part d’un Steve Martin dont je n’hésite pas à dire ici qu’il demeure un des plus merveilleux acteurs américains en activité.

Si ce n’est pas encore fait, précipitez-vous vers cette série qui contient 1 saison en 10 épisodes pour le moment. Vous ne le regretterez vraiment pas.

Parole de Movie Hunter !!!

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« Your Honor » vs « Un homme d’honneur » (2020-2021)

Les magnifiques comédiens Anglo-Saxons Hunter Doohan et Bryan Lee Cranston.

Les magnifiques comédiens Anglo-Saxons Hunter Doohan et Bryan Lee Cranston.

Quand une production audiovisuelle a du succès dans une aire culturelle donnée, on la voit réapparaître peu de temps après en un autre endroit de la sphère culturelle. C’est ce qui arrive avec une série israélienne qui a donné lieu a une version américaine, puis qui est maintenant adaptée pour les écrans français. Il s’agit de Kvodo (Israël, 2017), dont le remake américain s’appelle Your Honor (États-Unis, 2020-2021) et comporte 10 épisodes, et la version française qui est une création originale TF1 Productions se nomme Un homme d’honneur (France, 2021) et contient 6 épisodes.

De quoi s’agit-il ? Dans la version américaine comme dans la version française (je ne parlerai pas de la création originale israélienne dans la mesure où je ne l’ai pas encore visionnée) on assiste à la catastrophe accidentelle qui arrive à un magistrat en exercice et à son fils lycéen. Le père vit seul avec son fils depuis que son épouse est morte un an auparavant. Au commencement donc a lieu un terrible accident, entre un adolescent, le fils du magistrat, qui percute violemment au volant de sa voiture un autre adolescent du même âge qui roule en moto. En totale panique, le jeune garçon de 17 ans n’appelle pas les secours et prend la fuite. Très vite, dès l’épisode inaugural, on apprend que la victime est le fils benjamin d’un baron de la drogue, redouté et redoutable. Quand le magistrat, un juge fédéral de la Nouvelle-Orléans dans la version américaine, un procureur de la république parisien dans la version française, apprend l’identité de la victime que son fils vient de mortellement blesser, il va plonger dans l’envers du décor ; il va devenir parjure, créer de fausses preuves, utiliser l’outillage traditionnel des malfrats qu’il envoie en prison habituellement, tout cela pour sauvegarder la peau de son fils.

Une belle alchimie entre les comédiens Rod Paradot et Kad Merad.

Une belle alchimie entre les comédiens Rod Paradot et Kad Merad.

Évidemment il existe une nette différence entre les 2 versions, dans la mesure où, avant de parler de différences de principes en matière de narratologie et d’expression de la dramaturgie des 2 côtés de l’Atlantique, les systèmes judiciaires français et nord-américains sont aussi très différents. Bryan Cranston avait donné à son personnage du juge Michael Desiato une épaisseur extraordinaire, assez bouleversante. La grande maîtrise dramatique de cet acteur exceptionnel permettait d’adhérer à l’histoire rocambolesque qui nous était racontée ; son antagoniste Jimmy Baxter, le chef de la mafia de la Nouvelle-Orléans, interprété avec classe par le magnifique comédien Michael Stuhlbarg, n’y était pas pour rien non plus. on assistait en 10 épisodes à la réalisation sophistiquée, extrêmement maîtrisée en matière de grammaire cinématographique, à un duel épique au sommet.

Cependant il ne faut pas négliger l’adaptation française, car elle ne démérite pas. Kad Merad est parfaitement crédible en magistrat parisien qui se trouve impliqué dans une affaire qui dépasse l’entendement, et Rod Paradot, qui joue son fiston désemparé, offre une partition sobre et élégante. Ils sont particulièrement aidés par l’interprétation toute en finesse donnée par la grande actrice Zabou Breitman, qui dans son rôle de la commandante de police Laure Constantine, prouve une fois de plus qu’elle est actuellement une de nos plus délicates comédiennes.

À suivre… (avec grand intérêt !)

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Les colonies humaines dans l’espace sauveront-elles le genre humain ?

Raised by Wolves C’est, entre autres, de cela dont il est question dans la série de science-fiction du moment, Raised by Wolves (États-Unis, HBO Max/Warner TV/Scott Free Productions, 1 saison, 2020- ) d’Aaron Guzikowski.

Le voyage dans l’espace, afin de trouver une planète viable pour la coloniser, est la marotte principale des auteurs de S.-F. d’aujourd’hui. Depuis que le regretté astrophysicien Stephen Hawking a exprimé l’idée, selon laquelle la seule chance de salut de l’Humanité pour les siècles à venir, résidait dans la colonisation humaine d’une planète hors du système solaire, les créatifs de la S.-F. s’en donnent à cœur joie, et nous proposent à chaque fois leur vision de toute cette affaire.

Et Ridley Scott n’est pas en reste, dans la mesure où il n’est pas près de remettre en jeu sa ceinture de champion poids lourd des catégories des arts de l’imaginaire. Alors il hybride à tout va les différents univers qu’il filme depuis 1979 et la sortie mondiale d’Alien, le 8e passager (Ridley Scott, Royaume-Uni/États-Unis, Brandywine Productions, 1979) : des bestioles xénomorphes sacrément hostiles et agressives, des androïdes doué.e.s de sentiments  humains et de capacités cognitives hors du commun, des civilisations extra-terrestres extrêmement évoluées mais qui n’en peuvent…

Depuis quelques années le réalisateur anglais revisite les fondements de sa rêverie spatiale cinématographique. Non content d’avoir relancé la machinerie Alien sur grand écran avec le succès que l’on sait, le père Scott tente le tout pour le tout : la réunification dramaturgique des différents arcs narratifs qui constituent les 3 matrices, celle d’Alien, celle de Blade Runner (Ridley Scott, États-Unis, Warner Bros., 1982), et celle de Prometheus et de Covenant : où les androïdes doué.e.s de raison, celles et ceux qui les traquent (chasseurs de primes première manière à la Rick Deckard ou à la Gaff), et nouveaux chevaliers croisés de la Nouvelle Alliance de l’espace, les Mithraïques, ainsi que les méchantes bestioles baveuses qui en veulent à tout le monde, sans oublier les Ingénieurs, ces êtres païens cosmiques qui savent mesurer la vie là où pourtant tout est noir, et terriblement hostile, tout ce petit monde se rejoint pour signifier le but suprême de l’existence.

En matière de S.-F. existe-t-il des prophéties auto-réalisatrices ?

À suivre…

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Apprendre les rouages de l’économie de marché en 8 leçons !

Les actrices Marisa Abela et Myha'la Herrold, figures de proue de la première saison de la série "Industry".

Les actrices Marisa Abela et Myha’la Herrold, figures de proue de la première saison de la série « Industry ».

Industry (2020- , Royaume-Uni/États-Unis, 1 saison de 8 épisodes, BBC/HBO) est une série qui ausculte les rouages d’une entreprise de capitalisation boursière, Pierpoint & Co, située dans la City de Londres, à l’aune de ses nouvelles recrues.

Ces jeunes gens ont décroché le graal : ils viennent d’être embauchés pour la première fois de leur vie dans la haute finance, après avoir obtenu leur diplôme en économie. La série s’intéresse à une poignée d’entre eux, des jeunes filles et des jeunes garçons qui découvrent en même temps que nous, à l’intérieur de la machinerie capitalistique contemporaine, ce que faire du fric veut dire. Et ce que ça fait à l’intérieur de soi-même de vouer son existence aux mânes du dieu vert et de ses corollaires : la livre sterling, l’euro et le yen.

Dans ces 8 épisodes sobrement filmés, la caméra portraiture ces jeunes gens qui font connaissance avec l’aliénation, la vraie, celle qui ne laisse aucune place, ni aux sentiments, ni à la sensibilité, encore moins à l’empathie. Il n’y a qu’à voir de quelle manière on accueille la nouvelle du décès d’une de ces nouvelles recrues, Hari, retrouvé sans vie dans les toilettes du Desk.

Des jeunes gens, hommes et femmes d’une vingtaine d’années à peine, apprennent à pactiser avec le démon. Celles et ceux qui ont des soupçons seront brutalement écarté.e.s.

La finance internationale, le marché obligataire, les graphiques de variation des taux de change, les fluctuations des index et des indices, les méandres de variabilité des bons du Trésor ne font pas de sentiment.

Dès leur premier jour dans la boîte, on convoque les nouveaux arrivants dans un amphithéâtre pour leur annoncer qu’en l’espace de 6 mois la moitié d’entre eux se fera éjectée. Celles et ceux qui resteront n’auront même pas le temps de se poser la question de savoir si ça valait le coup. Car les super-datas d’analyses en surchauffe ne souffrent aucun retard, aucune négociation. 

Bienvenue dans un univers au-delà même de la cruauté la plus élémentaire !

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For the lovers, for the beginners, for the pranksters : « Vinyl » (2016)

Vinyl En 2016 Martin Scorsese s’associait à Mick Jagger et à Rich Cohen pour créer une série sur le rock’n’roll circus et sur New-York. En inscrivant les protagonistes durant l’année 1973, et en les faisant évoluer au sommet de la hype qui agite la grosse pomme (la toile de fond de l’époque est orchestrée par la musique du Velvet Underground, de David Bowie, de Grand Funk Railroad et des New-York Dolls), les créateurs de cette série grand luxe avaient pour ambition de retranscrire le son, la couleur et les affects de cette époque créative hors du commun.

En inventant des musiciens (Hannibal) et des groupes de punk-rock (The Nasty Bits) et en les mélangeant aux légendes de la scène des seventies, Martin Scorsese et Mick Jagger revenaient sur les traces de leur passé fulgurant. De plus, en réalisant le pilote de la série, Marty prouvait qu’il était resté ce génial réalisateur, dont on pensait qu’il avait fini par dételer après les échecs cuisants de ces derniers films pour le cinéma (Silence en 2016 et The Irish Man en 2019, ce dernier n’étant même pas distribué au cinéma – la faute à Netflix, évidemment).

Mais dans Vinyl (États-Unis, 2016, 1 saison de 10 épisodes), accompagné pour les 9 épisodes qui suivent le pilote par la crème de la crème américaine en matière de réalisation de vrais long-métrages de cinéma qui vous tiennent en haleine de la première minute à la dernière (Carl Franklin aka Le Diable en robe bleue, 1995 ; Mark Romanek aka Photo Obsession, 2002 ; ou encore Allen Coulter aka Hollywoodland, 2006) on associe l’univers de la pègre new-yorkaise à celui de la scène musicale rock, et le résultat est totalement décoiffant.

N’en déplaise aux âmes chagrines qui n’ont vu dans cette série, dont n’existe pour l’heure qu’une unique saison comprenant 10 épisodes, lesquels se répondent de bout en bout à un rythme ininterrompu pendant plus de 10 heures d’anicroches narratives, visuelles, sonores et musicales, Vinyl nous plonge au plein cœur de la marmite bouillonnante dans laquelle se fabrique la bande-son des vies tumultueuses. En suivant ces aventures hautes en couleurs d’un patron de label (génialement interprété par l’immense Bobby Cannavale) et de ses associés et de quelques employé.e.s, on revisite toute l’histoire du rock et de la pop de la décennie seventies. Ça fait un bien fou aux yeux et surtout aux oreilles.

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« The Head » : mystères en pagaille sous la glace

The Head est une production espagnole de The Mediapro Studio (en association avec HBO Asia et Hulu Japan), comprenant 6 épisodes réalisés par Jorge Dorado.

The Head

Dans cette série assez courte on se retrouve immergé dans une station scientifique polaire en Antarctique. Elle est baptisée Polaris VI et son équipe de recherches est composée d’hommes et de femmes, des cherch.eur.euse.s chevronné.e.s de différentes nationalités : on y trouve la jeune médecin écossaise qui paraît timorée, le commandant allemand un brin autoritaire (incarné avec maestria par l’excellent comédien Richard Sammel, enfin loin de ses rôles de nazis qui finissaient par lasser), ou encore le grand savant biologiste génial qui manque cruellement d’empathie pour ses semblables, sans oublier le technicien en transmission et le cuistot un peu rustauds…

Bref, ce vivier que constitue l’équipe d’hiver (et sur Polaris VI l’hiver polaire dure six mois, avec des températures extérieures avoisinant les -100° Celsius, bonjour l’ambiance !) va être confronté à une terrible épreuve : car quelqu’un – ou quelque chose – leur veut du mal. Et très vite, on va se retrouver avec une tête coupée sur les bras ! Et cette tête, découpée minutieusement à la scie égoïne, est celle d’un membre de l’équipe. Les 6 mois à venir dans la station vont être longs, très longs pour les survivants !

Placée sous les bons auspices de The Thing (États-Unis, 1982) de John Carpenter, modèle insurpassable de huis-clos polaire, glacial et flippant à souhait [le meilleur rôle de Kurt Russel à ce jour ? Non ? Oui ? Si, allez quoi !], cette série est une merveille de mise en scène et de direction dramatique : d’ailleurs l’acteur danois Alexandre Willaume, qui incarne le protagoniste, membre de l’équipe d’été, tentant de résoudre les énigmes abyssales de ces tueries incompréhensibles en paysage glacé, s’en sort plutôt bien ; car il faut être un acteur diablement charismatique pour porter à bout de bras le moteur narratif d’une telle entreprise.

C’est aussi ce que réussit très bien un acteur comme Jude Law, dans l’épatante série The Third Day (Royaume-Uni/États-Unis, 6 épisodes, 2020).

Affaires à suivre, donc.

To be continued…

 

 

 

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