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« Your Honor » vs « Un homme d’honneur » (2020-2021)

Les magnifiques comédiens Anglo-Saxons Hunter Doohan et Bryan Lee Cranston.

Les magnifiques comédiens Anglo-Saxons Hunter Doohan et Bryan Lee Cranston.

Quand une production audiovisuelle a du succès dans une aire culturelle donnée, on la voit réapparaître peu de temps après en un autre endroit de la sphère culturelle. C’est ce qui arrive avec une série israélienne qui a donné lieu a une version américaine, puis qui est maintenant adaptée pour les écrans français. Il s’agit de Kvodo (Israël, 2017), dont le remake américain s’appelle Your Honor (États-Unis, 2020-2021) et comporte 10 épisodes, et la version française qui est une création originale TF1 Productions se nomme Un homme d’honneur (France, 2021) et contient 6 épisodes.

De quoi s’agit-il ? Dans la version américaine comme dans la version française (je ne parlerai pas de la création originale israélienne dans la mesure où je ne l’ai pas encore visionnée) on assiste à la catastrophe accidentelle qui arrive à un magistrat en exercice et à son fils lycéen. Le père vit seul avec son fils depuis que son épouse est morte un an auparavant. Au commencement donc a lieu un terrible accident, entre un adolescent, le fils du magistrat, qui percute violemment au volant de sa voiture un autre adolescent du même âge qui roule en moto. En totale panique, le jeune garçon de 17 ans n’appelle pas les secours et prend la fuite. Très vite, dès l’épisode inaugural, on apprend que la victime est le fils benjamin d’un baron de la drogue, redouté et redoutable. Quand le magistrat, un juge fédéral de la Nouvelle-Orléans dans la version américaine, un procureur de la république parisien dans la version française, apprend l’identité de la victime que son fils vient de mortellement blesser, il va plonger dans l’envers du décor ; il va devenir parjure, créer de fausses preuves, utiliser l’outillage traditionnel des malfrats qu’il envoie en prison habituellement, tout cela pour sauvegarder la peau de son fils.

Une belle alchimie entre les comédiens Rod Paradot et Kad Merad.

Une belle alchimie entre les comédiens Rod Paradot et Kad Merad.

Évidemment il existe une nette différence entre les 2 versions, dans la mesure où, avant de parler de différences de principes en matière de narratologie et d’expression de la dramaturgie des 2 côtés de l’Atlantique, les systèmes judiciaires français et nord-américains sont aussi très différents. Bryan Cranston avait donné à son personnage du juge Michael Desiato une épaisseur extraordinaire, assez bouleversante. La grande maîtrise dramatique de cet acteur exceptionnel permettait d’adhérer à l’histoire rocambolesque qui nous était racontée ; son antagoniste Jimmy Baxter, le chef de la mafia de la Nouvelle-Orléans, interprété avec classe par le magnifique comédien Michael Stuhlbarg, n’y était pas pour rien non plus. on assistait en 10 épisodes à la réalisation sophistiquée, extrêmement maîtrisée en matière de grammaire cinématographique, à un duel épique au sommet.

Cependant il ne faut pas négliger l’adaptation française, car elle ne démérite pas. Kad Merad est parfaitement crédible en magistrat parisien qui se trouve impliqué dans une affaire qui dépasse l’entendement, et Rod Paradot, qui joue son fiston désemparé, offre une partition sobre et élégante. Ils sont particulièrement aidés par l’interprétation toute en finesse donnée par la grande actrice Zabou Breitman, qui dans son rôle de la commandante de police Laure Constantine, prouve une fois de plus qu’elle est actuellement une de nos plus délicates comédiennes.

À suivre… (avec grand intérêt !)

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Les films d’horreur contemporains : [#2] « The Hunt » (2020)

Betty Gilpin, impressionnante, dans "The Hunt" de Craig Zobel (2020)

Betty Gilpin, impressionnante, dans « The Hunt » de Craig Zobel (2020)

Depuis plus d’une dizaine d’années les Productions Jason Blum dominent en qualité le genre horrifique au cinéma. Même si les débuts furent laborieux (qui, parmi les amateurs de films d’horreur, aime vraiment, sans arrière pensée, la saga des Paranormal Activity – 5 films au total à ce jour), tout le monde s’accorde à dire que des franchises comme par exemple American Nightmare (4 films à ce jour) ou Happy Birthdead (2017) et Happy Birthdead 2 You (2019) ont renouvelé en profondeur les codes surannés du film d’horreur, basés sur les jump scares à répétition. Il faudra un jour prochain écrire un livre, qui se proposera d’analyser de quelles manières ce producteur américain a déjoué tous les pronostics, en remettant au goût du jour les formules qui firent le succès des Productions Roger Corman et Amblin Entertainment au siècle dernier.

En 2020 une production Blum remet les pendules à l’heure : il s’agit du film The Hunt, qui est réalisé par Craig Zobel, sur un scénario machiavélique de Nick Cuse et de Damon Lindelof, vous savez, le génial créateur de la série TV phénomène Lost.

Le film est une relecture ahurissante des Chasses du Comte Zaroff d’Irving Pichel & Ernest B. Schœdsack (The Most Dangerous Game, États-Unis, RKO Radio Pictures, 1932), porté de bout en bout par une actrice exceptionnelle, Betty Gilpin. Cette sublime actrice américaine de 34 ans nous scotche à notre canapé (faute de mieux car pour le moment, hélas, les salles ne sont toujours pas rouvertes, et c’est insupportable !), et ses mimiques qui ponctuent les purs moments d’adrénaline de la pellicule, nous font deviner une nature comique qu’une réalisatrice talentueuse devra vite exploiter. Pour moi, en 2021, le monde du cinéma de divertissement appartient à Betty Gilpin donc, et à Rebecca Ferguson ; d’ailleurs ces 2 actrices se ressemblent étrangement comme 2 gouttes d’eau… Mystères, mystères !

Ensuite je ne peux rien vous dire de plus car il faut absolument visionner The Hunt, vierge de tout préjugé. Cela vous permettra d’être réceptif aux péripéties et à l’enchainement des séquences, jusqu’au déroulé final, totalement inattendu et diablement bien mis en scène. Cela faisait longtemps qu’on ne m’avait pas offert un vrai morceau de bravoure dans un film de cinéma, disons depuis le beau duel entre Uma Thurman et Lucy Liu sous la neige dans Kill Bill, le 1 ou le 2, je ne sais plus.

Il va falloir compter désormais avec le cinéaste Craig Zobel dans les années à venir.

Jetez-vous avec gourmandise sur The Hunt, frissons de plaisir garantis !

 

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Enjoy « Phantom of the Paradise » de Brian De Palma (1974)

Phantom of the Paradise Commençons cette nouvelle année en nous plongeant dans les circonvolutions esthétiques d’un grand film de Brian de Palma, tout à fait unique dans sa filmographie. Il s’agit de Phantom of The Paradise (États-Unis, Harbor Productions), un film haut en couleurs sorti sur les écrans en 1974.

C’est effectivement un film unique dans l’œuvre de ce réalisateur, qui aimait, durant les années 1970, mettre en boîte des histoires policières tordues, ou bien des univers fantastiques extrêmement dérangeants. Les années 1970 furent pour De Palma l’apothéose de son travail filmique, de créateur de formes cinématographiques, audiovisuelles, qui continuent de faire sens aujourd’hui.

Mettre en scène en 1974, à travers la caméra 35 mm, l’histoire de Faust tenait du pari. Car il fallait s’entourer à la fois d’une équipe artistique et d’une équipe technique de haut vol. Et c’est ce qui arriva à De Palma, il bénéficia en outre de l’appui financier du producteur indépendant Edward R. Pressmann et le film, une fois tourné, reçut un budget de 2 millions de dollars pour être distribué par la 20th Century Fox. Ce qui n’empêcha malheureusement pas le film de faire un flop à sa sortie. 

Dérouter l’histoire du pacte de Faust avec le diable pour l’ancrer au beau milieu des seventies triomphantes aux États-Unis, dans le milieu du glam-rock et des groupes vocaux de doo-wop et de R&B, c’était chercher la bagarre. Surtout que le film fourmille d’innovations technologiques : ici, le split-screen (l’écran est partagé en 2 ou en 4 images, qui montrent simultanément ce qui se déroule dans la scène) est utilisé avec beaucoup d’à-propos ;  le travail sur le son est stupéfiant, et la musique et les chansons composées par l’auteur-compositeur de rock Paul Williams, qui interprète avec beaucoup de jubilation le rôle difficile de Swan, ce producteur machiavélique qui signera sa damnation en croyant entourlouper ce pauvre musicien Winslow Leach, sont à tomber.

L’histoire est toute simple : un producteur de musique à succès, Swan, qui va bientôt inaugurer son Paradise, qui fait office de salle de concert, de studios d’enregistrements dernier cri et d’usine à musique et à son, vole un opéra-rock, la cantate Faust, à un génie de la musique totalement inconnu, Winslow Leach.

Mortellement blessé et détruit dans son orgueil d’artiste maudit, ce dernier va tout faire pour se venger, et se faire aimer de la jeune chanteuse Phénix.

Ce film est devenu au fil des décennies un objet de fascination absolue, surtout auprès des musicien.ne.s qui s’y entendent quand même un peu en matière de musique (ça va sans dire) et d’émotions esthétiques, non ?

À noter que Phantom of the Paradise a reçu le Grand Prix du mythique Festival du film fantastique d’Avoriaz en 1975.

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Ciné 90 : (#4) « Le Silence des agneaux »

Le Silence des agneaux

Le silence des agneaux (The Silence of The Lambs, 1991) est un film produit par Orion Pictures Corporation pour le compte de la M.G.M. Il sort sur les écrans français le 10 avril 1991 et il devient très vite la parfaite illustration de la rencontre miraculeuse entre un réalisateur américain à son meilleur (Jonathan Demme), une histoire sensationnelle du romancier Thomas Harris, une actrice américaine surdouée (Jodie Foster) et un acteur britannique (Anthony Hopkins) au charisme terrifiant . Honnêtement, qui aurait misé, au tout début de la décennie 90, sur un réalisateur new-yorkais plutôt arty âgé de 47 ans au moment du tournage, pour ouvrir en majesté le bal des films horrifiques et de suspense qui allaient faire exploser le box-office mondial ?

Mais grâce à lui le grand public redécouvrait une ravissante comédienne de 29 ans, née à Los Angeles, Californie, le 19 novembre 1962 : Jodie Foster. Cette actrice était au cœur du métier et de la machinerie hollywoodienne depuis un certain temps déjà : elle n’avait que 14 ans quand elle interprétait le rôle polémique de la prostituée Iris Steensma dans la Palme d’Or du Festival de Cannes 1976 Taxi Driver (Taxi Driver, Martin Scorsese, États-Unis, 1976).

Pour Jodie Foster la consécration arrive avec son interprétation de l’agent spécial du F.B.I. Clarice Starling. En jouant cette jeune élève de l’Académie qui forme les futurs agents spéciaux du Federal Bureau of Investigation, Jodie Foster invente un personnage jamais vu à l’écran auparavant : celui d’une jeune femme déterminée à vaincre coûte que coûte ses peurs les plus primordiales, les plus originelles.

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Une fois au volant, attention les filles ! Ne croisez pas la route de l’enragé !

 

Russell Crowe en grande forme, dans un film haletant à la mesure de son immense talent.

Russell Crowe en grande forme, dans un film haletant à la mesure de son immense talent.

On le savait depuis belle lurette, une fois assis derrière leur volant, la plupart des automobilistes deviennent cinglés. Et les pétages de plomb en règle de personnages masculins perturbés sont monnaie courante au cinéma, depuis au moins 50 bonnes années.

Duel (États-Unis, 1971) de Steven Spielberg trône en majesté sur le podium de nos souvenirs cinéphiliques, suivi par The Hitcher (États-Unis, 1986) de Robert Harmon, et par le tout aussi impeccable Chute libre (Falling Down, France/États-Unis/Royaume-Uni, 1993) de Joel Schumacher, dans lequel un Michael Douglas à la coupe de cheveux en brosse du plus bel effet devient fou furieux à cause d’un embouteillage, par une journée caniculaire mémorable.

Enragé (Unhinged, États-Unis, 2020), le film de Derrick Borte, écrit par Carl Ellsworth, reprend cette antienne : une jeune mère de famille, qui amène son fiston à l’école en voiture, a le malheur de klaxonner un peu trop brutalement un automobiliste ; lequel ne redémarre pas son pick-up assez vite dès que le feu passe au vert. Rachel va alors très vite comprendre qu’elle vient de croiser la route de qui il ne fallait pas. [Attention = spoilers] Car un peu plus tôt dans la nuit, l’homme en question a occis son ex-femme et les membres de son nouveau foyer à coups de pieds de biche bien sentis, avant de faire flamber bien tranquillement toute la maisonnée.

Pendant 1h30 de pure montée d’adrénaline, sans aucun temps mort, le réalisateur Derrick Borte nous fait ressentir l’extrême panique qui gagne Rachel de minute en minute, au fur et à mesure que le personnage joué avec jubilation par l’immense Russell Crowe (en très grande forme) monte dans les tours-minutes (j’ose le jeu de mot idiot !). De plus, le travail effectué sur le son et sur les bruitages est sidérant d’audace et d’inventivité : on entend le bruit des soupapes des moteurs à chaque accélération anxiogène de la rutilante Volvo de couleur grenat conduite par la très expressive actrice Caren Pistorius (nous n’avons pas fini d’entendre parler d’elle au cinéma, croyez-moi, tant la demoiselle est talentueuse). Car ici, la berline familiale de la mère de famille esseulée, et le gros pick-up gris métallisé du prédateur-chauffard pantagruélique, sont le double exact de Rachel et de son antagoniste, qui n’est jamais nommé. Les séquences de poursuite entre la Volvo  qui prend la fuite et le SUV qui la pourchasse dans les rues d’une ville très photogénique de Louisiane (où le film a été tourné en extérieurs) sont de très haute tenue.

Vous y penserez maintenant à deux fois avant d’appuyer machinalement sur le volant, la prochaine fois qu’un malotru vous grillera la priorité. Non, mais ?!

 

 

 

 

 

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Ciné 90 : (#3) « Le Parrain, 3e partie »

Parrain3

« Le vrai pouvoir ne se donne pas, il se prend. »

Cette phrase ornait toutes les affiches françaises du Parrain, 3e partie (The Godfather Part III) sur les façades de nos salles fétiches en 1990. Et cette phrase disait vrai. Michael Corleone, avait repris le flambeau de son père, le Don venu de Sicile, et avait fait prospérer son empire du crime. Mais en 1979, à New-York, où débute cette troisième et dernière partie de cet opéra baroque, complexe, avec des niveaux de lecture différents, des entrelacs d’arcs narratifs complexes et passionnants à suivre et à interpréter, les temps ont changé, et les mafiosi d’autrefois cherchent maintenant la respectabilité. C’est cette reconnaissance d’entrepreneur dans des affaires licites qui vont mener Michael jusqu’aux terres originelles, en Italie, dans le village de Bagheria, ensuite dans les jardins de l’évêché de Palerme, puis ceux du Vatican.

Mais il faut voir ce film puissant, sombre et beau, tourné en 70 mm, l’objectif préféré du maestro Francis Ford Coppola, en saisir tous les raffinements, voir évoluer sur l’écran les couleurs chatoyantes du Sud de l’Italie, apprécier à sa juste mesure les performances éblouissantes d’Al Pacino, de Diane Keaton, d’Andy Garcia, et de tous les autres… Il faut mesurer le génie mis à l’oeuvre par les équipes artistiques et techniques pour parfaire cette beauté cinématographique là, quand filmer une confession à travers un treillis de roses vaut mille films contemporains d’aujourd’hui.

En 1990 le film fut mal reçu par la critique mais plébiscité pars le public, et aujourd’hui il est un écrin superbe, résistant aux outrages du temps, qui nous parle de la fuite du temps et de l’inanité de toute ambition politique, criminelle ou religieuse. Puis qu’à la fin on meurt seul, sur sa chaise, à côté de ses plants de tomates pendant que les jeunes chiens continuent de batifoler autour de nous.

Ce film est un viatique qui nous fait comprendre pourquoi aujourd’hui on continue d’aller au cinéma, en attendant qu’un nouveau miracle cinématographique se produise.

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« Le Pont des espions » (Steven Spielberg, 2015)

Le Pont des espions À l’heure où des vaisseaux spatiaux gigantesques, des hordes de stormtroopers et des sabres laser viennent déferler sur nos écrans, il est surprenant de constater la différence de parcours de certains cinéastes du « Nouvel Hollywood » des Seventies.

Finalement, malgré ce qui les identifie aux yeux des cinéphiles du monde entier, il n’y a pas plus dissemblables que Steven Spielberg et Georges Lucas. L’un aura passé sa vie à parfaire son univers cinématographique intersidéral, peaufinant années après années les images sensorielles d’un univers en extension, à l’image du nôtre finalement, c’est-à-dire chaud et dense à sa naissance (la trilogie originelle de Star Wars, de 1977 à 1983) puis de plus en plus froid et étendu à mesure que le temps passe (la prélogie numérique qui court de 1999 à 2005) ; tandis que l’autre n’aura eu de cesse d’affirmer de plus en plus sa maturité et son devenir classique en laissant peu à peu tomber les ingrédients du divertissement de luxe (la série des Indiana Jones, E.T) et de la farce (1941 par exemple), pour se diriger vers un cinéma qui autrefois faisait toute la grandeur d’Hollywood, quand on prenait vraiment les films de l’usine à rêves au sérieux : en traitant de vrais sujets adultes, en questionnant le sens civique et la posture morale de chacun, cf. Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer (1961) ou encore Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (1957).

Depuis La Couleur pourpre (1985) et Empire du soleil (1987) Steven Spielberg a toujours alterné blockbusters de grande maîtrise et films un peu plus intimistes, même si dans ceux-là également la mise en scène est à chaque fois éblouissante.

En cette fin d’année il nous revient avec un film magnifique, intitulé Le Pont des espions. Il croise le film d’espionnage avec le drame intimiste, et nous plonge dans les rues de Brooklyn, de Washington et de Berlin Est et Ouest aux lendemains de la seconde guerre, pendant la construction du Mur, alors que la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS bat son plein. Ayant capturé un espion soviétique, le colonel Abel, le gouvernement américain décide de lui faire un procès équitable ; pour cela il mandate un avocat d’assurances joué par Tom Hanks, toujours aussi impeccable, qui va prendre l’affaire au sérieux et va permettre à l’espion d’éviter la chaise électrique lors de son procès. Ce qui devait être une affaire unique va cependant prendre un tour inattendu avec la capture d’un pilote américain, prisonnier des russes. On va demander une fois de plus à notre ami avocat, d’intervenir au nom du gouvernement américain, mais sans être couvert pour autant.

Voici le point de départ d’un film brillant, ensorcelant, qui nous promène de salons d’ambassades à Berlin Est, en chambres d’hôtel mal chauffées, on sent alors le froid polaire qui saisit notre personnage une fois à Berlin, et la reconstitution historique opérée dans le film est d’une grande beauté plastique : la neige sale qui s’accumule le long des trottoirs et de la chaussée, le métro berlinois aérien qui passe par dessus le mur en construction, la lumière bleutée qui scande chaque déambulation de Tom Hanks, tout cela concourt à faire de ce nouveau film de Steven Spielberg un modèle d’élégance, d’intelligence et de raffinement esthétique, sans oublier une interprétation irréprochable de la part de tous les acteurs.

Bref si vous êtes lassés des combats homériques dans l’espace, pourquoi ne pas déambuler dans les rues et les avenues d’un monde qui n’existe plus ?

Un film idéal pour les fêtes de fin d’années.

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« Gone Girl » (David Fincher, 2014)

Gone-Girl_612x380_0 Depuis maintenant plus d’une vingtaine d’années le réalisateur américain David Fincher propose un cinéma séduisant, intelligent et racé. Œuvrant à l’intérieur du système hollywoodien, il s’en accommode très bien et ne cesse d’explorer de nouvelles manières d’interroger son sujet et ses personnages.

Ayant depuis quelque temps abandonné le genre qui fit son succès des deux côtés de l’atlantique, la science-fiction herculéenne (Alien 3 et Fight Club), on sent une vraie passion chez lui pour le thriller haut de gamme (de Seven en 1995, en passant par The Game l’année suivante, jusqu’à Panic RoomZodiac et Millenium). Mais à mon sens c’est avec Gone Girl (2014) que ce réalisateur entre vraiment dans la cour des grands et devient une référence incontournable du cinéma mondial.

Adapté d’un roman Gone Girl nous livre la lutte acharnée entre un époux et sa femme au bout de quelques années de mariage. Car qui épouse-t-on vraiment ? Vivre sous le même toit est-il un gage d’harmonie, de tendresse et de bienveillance ? Non, évidemment, nous répond le cinéaste à travers une singulière histoire de disparition.

Au début du film le personnage incarné par Ben Affleck (pour une fois impeccable, comme quoi tout est possible à Hollywood) constate un 5 juillet la disparition de sa femme. Il prévient la police, et très vite on s’oriente vers l’idée d’un rapt violent. Alors s’organise une conférence de presse le lendemain de la disparition, afin de faciliter les recherches en y mêlant la population locale…

Sur cette trame très classique David Fincher déroule une mécanique implacable, retrouvant la maestria avec laquelle il rendait Michael Douglas totalement cinglé dans le mésestimé The Game, premier vrai chef d’oeuvre de Fincher. Mais avec Gone Girl on est vraiment un ton au-dessus, car le spectateur ne sait jamais s’il doit prendre pour argent comptant les indices distillés tout au long du film. Et puis il y a la sublime Rosamund Pike qui gagne dans ce film ses galons d’actrice ; sa performance, hallucinante, est digne des plus grandes stars féminines dirigées par Alfred Hitchcok ou Stanley Donen. Reprenant le cours du cinéma américain classique là où l’ont laissé tomber (par fatigue ? Par dépit ?) Brian De Palma et Francis Ford Coppola, David Fincher est un des rares aujourd’hui à Hollywood à maintenir un haut niveau d’exigence. Pour notre plus grand plaisir. Un film splendide à découvrir absolument.

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« Séptimo » (Patxi Amezcua, 2013)

Séptimo Séptimo nous vient d’Argentine. Il raconte les pérégrinations d’un père pour retrouver ses enfants qui ont mystérieusement disparu de l’immeuble résidentiel dans lequel ils habitent, à Buenos Aires.

Le film commence sur un ton de comédie familiale, on y fait la connaissance d’un avocat prospère qui doit se rendre à une audience au tribunal extrêmement importante. En chemin il doit amener ses deux enfants à l’école, et leur mère, qui travaille dans une banque, en instance de divorce, donne les dernières recommandations avant que tout ce petit monde ne quitte l’immeuble. Mais voilà, tandis que leur père préfère prendre l’ascenseur, les enfants dévalent les escaliers et les 7 étages en s’amusant. Une fois au rez-de-chaussée, il ne les retrouve pas. Alors commence à sourdre l’angoisse, et on se met à la place de cet homme si sûr de lui, on éprouve peu à peu les mêmes angoisses, les mêmes sueurs qui coulent le long de la nuque.

Comment est-ce possible ? Comment deux enfants adorables peuvent ils disparaître en à peine 5 minutes. Sur cette trame anxiogène le réalisateur espagnol Patxi Amezcua construit une histoire diabolique, qui se dénouera dans les ultimes minutes du film : c’est un coup de maître, et ça fait un bien fou de se retrouver avec des personnages extrêmement attachants dans les rues de Buenos Aires, et  même si on a très vite la certitude que rien de grave n’est arrivé aux enfants, on est quand même subjugué par la qualité de la mise en scène et par le charisme des deux interprètes principaux du film : l’élégant  Ricardo Darin et la très convaincante Belen Rueda.

Ce thriller a un charme fou et nous éloigne de tous ces polars alambiqués qui copient sans talent le cinéma américain, et dont nous nous sommes faits une spécialité dans l’hexagone. Chaudement recommandé !

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