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Ciné 70 : (#2) « Star Wars »

Star Wars 1977 Avant d’attaquer la rentrée ciné, séquence nostalgie, pour se motiver à bloc : que reste-t-il de l’émerveillement de l’enfance face au tout premier Star Wars (1977) de George Lucas, 40 ans après sa sortie sur les écrans ?

En 1997, vingt ans après sa réalisation et son exploitation triomphale dans le monde, le réalisateur George Lucas propose une version augmentée du premier épisode de sa trilogie La Guerre des étoiles. Avant de mettre en chantier quelques années plus tard une nouvelle trilogie (en 1999 précisément). Profitant de la révolution numérique qui innerve tout le cinéma de divertissement hollywoodien (à partir de Jurassic Park de Steven Spielberg en 1993), George Lucas, avant de se jeter dans la bataille, et après un silence filmique qui dura 20 ans, revisite son film inaugural, qu’il retitre Un nouvel espoir. Cette nouvelle version propose des scènes augmentées et des incrustations numériques dans l’image, par rapport au film original de 1977. Mais dans l’ensemble, il reste le même film, et la magie opère toujours aussi efficacement. Car à la vision de cet Episode IV on redevient illico un enfant émerveillé ; et la vision du patrouilleur de l’Empire voguant dans l’espace intersidéral en entrant lentement dans le champ dès les premières secondes du film, reste aussi saisissante 39 ans ans plus tard.

En posant les jalons de son Space opéra George Lucas est entré à jamais dans les annales de l’Histoire du Cinéma. En compilant, puis en synthétisant plusieurs récits initiatiques et archétypiques de la tradition littéraire occidentale (le jeune Luke Skywalker en David Copperfield de l’espace par exemple) le réalisateur donne à voir, et à mesurer, les étapes structurelles de tout accomplissement : l’enfant orphelin, perdu, puis sauvé par son maître et soumis à une rude initiation, doit accomplir la mission rédemptrice qui lui est dévolue depuis sa naissance, à savoir… tuer le père (bonjour Sophocle, bonjour Sigmund Freud). Ainsi le jeune George Lucas s’affirme comme un solide conteur, mais aussi comme un créateur de formes : cf. la saisissante et mortifère beauté de l’Etoile de la Mort, symbole absolu du Profanateur, du Destructeur des mondes ; les épées lasers d’Obi Wan Kenobi, le dernier chevalier Jedi, et de son ancien disciple voué au Mal et à la destruction, le très charismatique Dark Vador, devenu au fil du temps une icône absolue de la pop culture ; la bataille finale dans l’espace entre les pilotes aguerris de la Rébellion et les sbires de l’Empire ; la beauté et le charisme de tous les personnages du film, les créatures (Chewbacca), les droïdes (C3PO et R2D2), et le trio majeur adopté par toute une génération : le candide Luke, le mâle alpha Han Solo, et l’Amazone Princesse Leïa.

Je crois qu’en matière de space opéra  et de pur divertissement familial intelligent ce film de George Lucas ne fut jamais égalé. Et ne le sera sans doute jamais.

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Saison cinéma 2016/2017 : enfin la rentrée !

comancheria-affiche-660x330Maintenant qu’il ne reste plus grand chose des blockbusters de l’été (un Independence Day Resurgence indigent, un nouveau Tarzan oubliable, une resucée des Jaws, un Suicide Squad m’ouais… pourquoi pas) les choses sérieuses reprennent avec la rentrée de septembre, et plusieurs films alléchants vont mériter qu’on s’attarde un peu sur eux : par exemple Frantz de François Ozon, un réalisateur français d’envergure, qui prend de plus en plus d’épaisseur, Comancheria de David Mackenzie, avec l’extraordinaire Jeff Bridges, Infiltrator de Brad Furman, avec le non moins extraordinaire Bryan Cranston, Eternité de Tran Anh Hung, avec les 3 grâces Audrey Tautou, Bérénice Béjo et Mélanie Laurent, Victoria de Justine Triet, avec l’impeccable Virginie Efira… Nous reparlerons de tous ces films très bientôt, en plus ample détail dans ces colonnes… Ce qui est sûr c’est qu’on a droit à une rentrée ciné de haute tenue, nous attaquons donc la nouvelles saison automne/hiver 2016/2017 dans les meilleures conditions. Et puis une surprise à venir : la nouvelle édition du festival de cinéma Indépendance(s) & Création se tiendra du 5 au 9 octobre 2016 à Auch, j’en profiterai pour réaliser des entretiens exclusifs avec des réalisateurs, des acteurs, des producteurs et des distributeurs invités. Donc c’est pas le boulot qui manque ! Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour ces rencontres inédites. Enjoy !!

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L’air du temps : « While We’re Young »

While we're youngDans While We’re Young de Noah Baumbach (2014) un couple de quadras, formé par Ben Stiller et Naomi Watts, en rencontre un autre, formé d’Adam Driver (la nouvelle coqueluche du cinéma américain, indé et mainstream confondus) et d’Amanda Seyfried. Mais le hic c’est qu’ils ont vingt ans de moins que Ben et Naomi, et ce qui est amusant au début (retrouver ses vingt ans et sa spontanéité, s’habiller de la même façon et avoir l’air cool quand on commence à mettre des cheveux blancs et à avoir de l’arthrite aux genoux, flirter en toute légèreté, …) devient vite un problème quand ses propres amis du même âge mettent un coup de frein et prennent du recul. Ce qui démarre comme une comédie douce amère sur les similitudes et les différences de deux générations bien distinctes (en gros ceux qui sont nés avant l’apparition d’internet, et ceux qui sont nés après) prend un tour inattendu et plaisant lorsqu’on se rend compte que le film traite en réalité de la rivalité de deux hommes sur le plan professionnel : le plus âgé des deux est un documentariste qui eut du succès au début de sa carrière, mais qui depuis huit ans travaille sur le même projet, tandis que sa femme a fait depuis une croix sur la maternité. Le plus jeune veut devenir rapidement un documentariste célèbre et ne perd pas de temps avec des notions comme projet mûrement réfléchi, éthique du travail, véracité des sources, droit moral de l’image. Non, il veut vite appartenir à cette caste à qui on rend hommage parfois au Lincoln Center de New-York, quitte à s’arranger avec la réalité et avec la vérité.

C’est de cela que parle While We’re Young, de la difficulté communicationnelle entre deux générations qui ne se comprennent plus, qui ne vivent pas dans la même réalité, qui n’ont plus du tout la même perception du monde qui les entoure. Et ce qui est le plus triste c’est quand le personnage du beau-père de Ben Stiller (incarné avec classe par Charles Grodin, qu’on a plaisir à revoir), à qui le Lincoln Center rend hommage à la fin du film, donne raison à ce merdeux incarné par Adam Driver, et dit à son gendre que le monde a changé et qu’il faut bien s’adapter, qu’en fin de compte tricher un peu avec les faits n’est pas si grave dans un documentaire. Ben Stiller, éberlué, va se consoler avec une bouteille de bourbon à la main, seul dans la nuit profonde, rejoint bientôt par sa femme, compatissante.

Mais il ne faut pas oublier l’autre personnage important du film, qui est la ville de New-York elle-même, magnifiée par la superbe photographie de Sam Levy et le très beau score du compositeur James Murphy.

En vérité cette comédie dramatique de Noah Baumbach est une petite merveille d’intelligence et de poésie.

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Saisissante « Elle »

ElleDans Elle de Paul Verhoeven (2016) Isabelle Huppert incarne une femme à qui il arrive un nombre invraisemblable de choses, en très peu de temps. Et filme de manière clinique la montée en puissance d’un caractère. En adaptant pour l’écran un roman de Philippe Djian, le cinéaste hollandais se frotte pour la première fois avec la culture française, et surtout avec un genre bien défini : le film bourgeois français, qui possède ses figures imposées (la scène de repas entre amis, la scène à l’hôpital, les traditionnelles scènes de baise), mais ici on les redécouvre ; car la maîtrise impressionnante de l’outil cinématographique par Verhoeven irradie sa mise en scène de toutes parts, aidée par une Isabelle Huppert éblouissante, bien accompagnée par une distribution de premier ordre (Laurent Laffitte, inquiétant à souhait, Charles Berling, pour une fois émouvant dans un film, Virginie Efira, Anne Consigny, Vimala Pons et Judith Magre… toutes très émouvantes). Mais c’est surtout dans la montée insidieuse de l’inquiétude et de la peur, mêlée à l’assouvissement du désir et à la réalisation mortifère des fantasmes, que nous sommes conviés, dans un joyeux jeu de massacre orchestrée subtilement par ce très grand réalisateur. Son film français est un chef-d’oeuvre de maîtrise et d’ambiguïté, et pour le moment un des plus beaux films de cette année 2016.

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Le cinéma d’effroi revient en force !

Image de prévisualisation YouTubeSortent sur nos écrans à peu près en même temps The Witch de Robert Eggers (le 15 juin 2016), dont c’est le premier long, et Conjuring 2 : Le cas Enfield de James Wan deux semaines plus tard (le 29 juin 2016 donc). Cette coïncidence de programmation permet de s’interroger : qu’en est-il de la trouille au cinéma aujourd’hui ? A l’heure de la mondialisation des conflits sur tout le pourtour de la planète, d’actes terroristes ou d’actes de terreur isolés, de tueries de masse, dans nos propres sociétés occidentales que nous pensions à l’abri (naïfs que nous étions) des soubresauts du monde, nul besoin d’aller voir un film d’épouvante pour se faire flipper : la vie et ses incertitudes fera le reste. Oui mais voilà, quel autre art cinétique permet de panser ses plaies, de mettre à distance ses terreurs et ses échecs, quel autre art permet de visualiser au mieux la figure du mal qui nous accompagne dans chacun de nos déplacement ? En un temps qui préfigure la préhistoire pour les teenagers d’aujourd’hui (je parle du début des années 90) certains films faisaient office d’apprentissage avec la figure du Malin : Le Silence des agneaux de Jonathan Demme (sorti en France le 10 avril 1991) permettait de regarder bien en face, les yeux dans les yeux, la quintessence du mal à l’époque, le docteur en psychiatrie Hannibal Lecter, qui depuis sa cage faisait du gringue à la sublime Jodie Foster, laquelle ne s’en laissait pas compter puisqu’elle n’hésitait pas trop longtemps avant de vider son chargeur dans la gueule de n’importe quel cinglé. Dans un autre registre Le Parrain, 3e partie de Francis Ford Coppola (sorti chez nous le 27 mars 1991), nous révélait que le mal, tapi au plus profond de nous, ne demandait qu’une chose pour resurgir à la face du monde : l’attrait du pouvoir, le vrai, celui qui ne se donne pas, mais qui se prend, celui que les élites des démocraties ont confisqué aux électeurs, aux citoyens, depuis 1947 en Europe occidentale. Sur les autres continents (Afrique, Asie, Amérique) ce sont les politiques de terreurs et de tueries massives (appuyées par nos dirigeants, tous sans exception) qui permirent la main mise sur les âmes et sur les richesses ; et cela commença en 1492. Le Parrain, 3e partie raconte tout cela en filigrane, et en 2h40 de film on en apprend plus sur les politiques industrielles et financières des administrations Bush et consorts que lors d’un séminaire à Sciences Po. Je pense que ces 2 films-là ont déniaisé les adolescents que nous étions à l’époque, et donna un sens civique à notre futur parcours. Car avoir peur permet ensuite de se préparer, pour affronter le mal, de face, sans jamais baisser la garde. Et cela nous l’avons appris dans les films, pas dans les cours inconsistants d’éducation civique obligatoires…

à suivre

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Délicieuse Sabrina

SabrinaPendant l’âge d’or d’Hollywood, disons des années 30 au milieu des années 60, les films mis en chantier devaient être les garants de l’excellence technique et artistique de tous les collaborateurs  d’une firme. Même si chaque major avait ses spécialités (le flm noir pour la Warner, le mélodrame pour la MGM ou le film fantastique pour la Universal par exemple), chacun redoublait d’audace pour se hisser au sommet de l’art cinématographique. Bien sûr les réalisateurs n’étaient pas en reste, et quelqu’un comme Billy Wilder n’était pas n’importe qui. Avec la toute confiance du patron de la Paramount Billy met en scène Sabrina pour l’écran, d’après l’adaptation d’une pièce de théâtre à succès de Samuel A. Taylor (d’ailleurs ce dernier participe à son adaptation au cinéma, avec Ernest Lehman et Billy Wilder). Il choisit pour les principaux rôles William Holden, Audrey Hepburn, et enfin Humprey Bogart (qui remplace Cary Grant, premier choix du réalisateur, au pied levé). Dans cette histoire sentimentale qui échafaude avec maestria et une classe indescriptible un triangle amoureux (une jeune ingénue, fille du chauffeur des Larrabee, une riche famille d’industriels, se pique d’amour pour le play-boy David, avant de finalement lui préférer son frère aîné Linus, plus raisonnable mais non moins séduisant), le réalisateur déploie une mise en scène fastueuse (richesse et foisonnement des détails dans l’intérieur des appartements, des bureaux, du garage de voitures de collection…) et vigoureuse, sans aucun temps mort, avec une agilité indépassable, même aujourd’hui (à l’heure des agités de la caméra, de plus en plus nombreux). En outre l’excellence de la distribution et la modernité des dialogues génèrent toujours le même plaisir, le même ravissement.

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Le film sortit sur les écrans fin 1954, et fit d’Audrey Hepburn une star absolue, mythique. Mais ce qu’il faut souligner à la vision de Sabrina, 62 ans plus tard, c’est la modernité étourdissante du jeu d’Audrey Hepburn, qui, non contente d’être une jeune femme sublime, devint une des meilleures actrices à Hollywood, sans se départir d’une élégance folle, et d’une générosité et d’une gentillesse à toute épreuve (elle fut d’ailleurs ambassadrice de l’Unicef tout au long de sa vie). Rentrer dans la ronde menée par Audrey, en compagnie de William Hoden (un sacré acteur celui-là aussi !) et de Bogie (pour moi le plus grand acteur américain de tous les temps ex-aequo avec Cary Grant et Gary Cooper), sous la caméra lumineuse de ce bon vieux Billy (la photographie en noir et blanc de l’immense Charles Lang Jr est stupéfiante de beauté), c’est être assuré de voyager en toute quiétude en excellente compagnie. Sabrina est peut-être bien une des meilleures comédies romantiques de l’histoire du cinéma. Pas moins !

Enfin, pour rester des gens dignes, civilisés et polis, nous passerons sous silence le triste remake réalisé en 1995 par Sidney Pollack, sous le même titre, avec Harrison Ford et Julia Ormond.

Précipitez-vous voir le vrai, l’original, et vous m’en direz des nouvelles !!

Excellent été à vous toutes et à vous tous !!

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Rendez-vous au « Café Society » en excellente compagnie

AMAZON_CafeSoc_OneSheet_042016_Final.inddDans son nouveau film Café Society (2016) qui fait l’ouverture du Festival de Cannes 2016 le maestro Woody Allen prouve encore une fois qu’il est sans aucun doute possible un des derniers grands cinéastes classiques encore en activité. Même s’il s’en défend depuis au moins 30 ans, il n’est pas du tout incongru de le considérer à l’égal des Lubitsch, des Wilder, des Willer… car il maîtrise aujourd’hui à la perfection la grammaire cinématographique, comme d’ailleurs les deux autres monstres sacrés qui le côtoient cette année en compétition : Pedro Almodovar et Paul Verhoeven. Car ces 3 lascars savent mieux que personne restituer une ambiance, un tempo, un angle de prise de vue, en toute quiétude, sans jamais forcer le trait, et c’est à cela qu’on reconnaît les vrais grands, très grands cinéastes. Leur film est d’une amplitude sans commune mesure avec le reste de la production, d’une minutie toute kubrickienne, et puis leurs interprètes y sont bouleversants d’humanité blessée, mais jamais retorse (quoique chez Verhoeven ça se discute). Mais enfin dans son dernier film Woody nous transporte à Hollywood et à New-York pendant l’âge d’or du cinéma américain. Le film est difficile à situer précisément dans le temps (sommes-nous dans les années 30, 40 ?) et quelques allusions permettent de régler la mire : on y nomme Spencer Tracy, Irene Dunne, Robert Taylor, etc., on voit les empreintes de mains de Gloria Swanson sur le Walk of Fame d’Hollywood Boulevard, on déambule dans une voiture décapotable dans les allées ombragées de la luxueuse et ostentatoire Beverley Hills, on y va voir voir des films au Grauman Chinese Theatre… Enfin tout cela nous permet de bien saisir le contraste entre le soleil de l’illusion permanente (à la manière du candide Jesse Eisenberg, prodigieux, qui tombe amoureux de la maîtresse de son oncle, l’exquise Kristen Stewart) et la dure réalité de New-York, une ville impitoyable qui ne fait de cadeaux à personne (voisins revêches et violents, haute société liée à la pègre et finalement bien plus frelatée et corruptible que celle d’Hollywood). En comparant deux univers totalement opposés, à la fois sur la carte et dans les moeurs, le cinéaste nous fait comprendre que l’un ne peut exister sans l’autre : et l’attrait de notre jeune héros pour tout ce qui brille et virevolte ne l’empêche nullement de gagner en profondeur au fur et à mesure que le film avance. Et la relation qu’il entretient tout du long avec son amoureuse du début (la secrétaire de son oncle) teintée de feintes mais aussi d’un immense respect, définit l’art de vivre et d’aimer chez notre réalisateur new-yorkais préféré (avec aussi Matin Scorsese et Brian de Palma, n’exagérons-rien !). A savoir : il est parfaitement possible d’aimer deux êtres à la fois !

Alors êtes-vous plutôt thé ou café ? Ou les deux ?

Café Society

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Hacker, de Michael Mann

hackerLe dernier film à ce jour de Michael Mann (sorti sur nos écrans l’an dernier) raconte la traque par un ex-taulard, ancien hacker de haut vol, d’un criminel technologique qui a décidé de mettre le monde à genoux en faisant exploser un réacteur nucléaire, et en modifiant le cours du soja sur le marché à terme. Bref, en lançant des virus indestructibles menaçant le fragile équilibre de notre monde. Faisant équipe avec son vieux condisciple du Massachussets Institute Of Technology avant de choisir la voie beaucoup plus lucrative du piratage de banques, notre héros s’envole bientôt pour la Chine et constitue une équipe de charme et de choc : une agent du FBI coriace, un US Marshall calibré, son ami chinois qui est la figure montante de la lutte contre la cybercriminalité, sa soeur belle à tomber, avec laquelle notre bel américain finira au lit, évidemment.

Cet éloge de la fuite en milieu urbain ré-assemble toutes les propositions esthétiques de Mann déjà à l’oeuvre dans Collateral (2004) et dans Miami Vice, le film (2005) ; c’est-à-dire : filmage en HD numérique (au poil), mouvements liquides des caméras qui fluidifient au maximum les séquences filmées avec de nombreux plans de ciel et de crêtes de buildings (à Hong-Kong, à Jakarta) saisis à l’aube ou au crépuscule, musique lancinante undercover, interprétation minimaliste des acteurs principaux (Chris Hemsworth, beau comme un dieu, Wei Tang, sublime, …) dont on scrute les visages en gros plan, dont on filme la réaction à la douleur (mais on se culbute aussi dans la pénombre). Bref, on retrouve tout ce qui fait le sel des meilleurs métrages de Mann, depuis Le Solitaire (1981) et Le Sixième sens (1986) jusqu’à aujourd’hui. En quelques plans, au bout de quelques minutes, on reconnaît immédiatement la signature du cinéaste. En plus le film est prenant, et on y a hâte de voir Chris Hemsworth faire la peau (de la plus sauvage des manières, jubilatoire !) à cette ordure de cyber-terroriste . Et puis on est heureux de voir Chris et Wei Tang finir enlacés au bout de toutes ces épreuves infernales !

Car  c’est aussi pour cela que le cinéma existe, non : pour voir le chic type se lover dans les bras de la fille. Ou bien l’inverse ?

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Si tu entends des voix, méfiance !

Ryan Reynolds et mon nouvel ami, Monsieur Moustache

Ryan Reynolds et mon nouvel ami, Monsieur Moustache

Dans The Voices (2014), premier film américain de Marjane Satrapi, l’irrésistible auteure de Persépolis et de Poulet aux prunes, Jerry est un employé qui travaille dans une fabrique de baignoires, dans une petite ville des Etats-Unis, Milton. Considéré comme bizarros par ses collègues de boulot, on voit que le garçon a des retards à l’allumage dès les premières minutes du film. Au début on est déconcerté par la façon de parler des personnages, quand ils sont à l’usine, dans leurs salopettes roses. On se rend compte que quelque chose cloche, oui mais quoi ? On est entre Twin Peaks et Steak de Quentin Dupieux. Alors on s’intéresse à Jerry, qui n’est pas trop à l’aise dans sa relation aux autres, et une fois arrivés chez lui, on se rend compte que le mec parle à ses deux animaux domestiques : un chien sympathique qui s’appelle Bosco, et un chat roux, genre ultra dominant et agressif comme je les aime, qui lui s’appelle Monsieur Moustache. Et c’est à partir de ce moment que ça va partir en vrille… Car Jerry a quand même un problème, et de taille, il entend des voix, et ce n’est pas ses visites chez sa psy qui vont l’aider. A partir de ce postulat (on voit le monde environnant à travers les yeux innocents et candides de Jerry) on attend avec jubilation que ça dérape, et quand les scènes macabres déboulent, tout cela est tellement bien mis en place, qu’on prend un plaisir sadique à voir ce pauvre Jerry, sociopathe de première bourre quand même, faire du mal sans le faire exprès. Les séquences avec Monsieur Moustache et Bosco sont drolatiques à souhait, et puis surtout le cast est phénoménal : Ryan Reynolds n’a jamais été aussi bon, et Gemma Aterton et Anna Kendrick (mon dieu que j’aime cette actrice !) sont à tomber ! Marjane Satrapi, en nous offrant sa vision très caustique mais non dénuée d’humour de l’Amérique profonde (les laissés pour compte du miracle économique), a parfaitement réussi son film. C’est à la fois drôle, méchant et attachant. Oh comme j’aimerai qu’on arrive à faire des films comme celui-là ici aussi, et non pas toutes ces comédies dramatiques prétentieuses ou ces conneries populaires qui n’ont pour seul intérêt qu’alimenter la pompe à fric. Alors qu’est-ce que vous attendez, vous, les étudiants de l’ESAV à Toulouse, de Louis-Lumière, de la Femis, de la cité du Cinéma ou de l’ESRA à Paris ? Remuez-vous bon sang, on attend vos films avec impatience !!

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Ciné 90 : (#1) « Créatures féroces »

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Créatures féroces (1997) de Robert Young et Fred Schepisi, met à nouveau en scène la fine équipe du carton planétaire Un poisson nommé Wanda (1988), heureux mélange entre humour Monthy Pythons et comédie américaine à la Mel Brooks. C’est pourquoi neuf ans plus tard le studio Universal a mis en chantier une fausse suite, car si quelques protagonistes, et pas des moindres, restent les mêmes, l’histoire change du tout au tout par rapport au premier opus. Ce qui fait à la fois la force du film (on plonge Jamie Lee Curtis, John Cleese, Michael Palin et Kevin Kline dans un nouvel environnement, un zoo) mais aussi sa faiblesse (pas facile d’imaginer une histoire terriblement drôle dans ce contexte). Si les tribulations de cambrioleurs qui cherchent à se doubler les uns les autres est une des figures narratives que les scénaristes et réalisateurs anglo-saxons affectionnent (les Ocean Eleven et consorts par exemple), raconter les tribulations d’une équipe de gardiens de zoos, de son directeur, et des dirigeants d’une boîte à qui appartient ce même zoo, jouant sur le clivage américains bourrins pleins aux as et gentils hurluberlus britanniques, cela ne donne pas assez de relief pour en faire une comédie vraiment drôle ; en plus les scènes avec les animaux ne fonctionnent pas la plupart du temps, sauf une fois : quand le nouveau directeur du zoo interprété par John Cleese, planque les cinq animaux adorables dans sa chambre et dans sa salle de bains. D’ailleurs, à mon avis, la vrais star du film, reste le lémurien Rollo !

Par ailleurs, même si la composition de John Cleese reste de bon aloi, et si Jamie Lee Curtis est tout aussi séduisante et sexy que dans Un poisson nommé Wanda de Charles Crichton, le double numéro de Kevin Kline (par ailleurs acteur absolument génial) ne fonctionne pas ici, car trop caricatural, le magnat qu’il interprète est trop vulgaire (n’empêche que Trump doit ressembler plus ou moins à ça), et son fils trop niais pour être vraisemblable. Finalement, le film est une demi-réussite, même s’il laisse un agréable souvenir : celui d’une comédie qui donne le dernier mot (mais de manière amorale) aux employés face aux tenants du libéralisme le plus dégueulasse et aux représentants de l’ordre qui pour le coup passent pour de gentils neuneus !

Mais en ces temps indéfinissables, noirs comme une nuit de Walpurgis, même une comédie pas follement drôle comme celle-ci, arrive quand même à faire un bien fou. Et c’est déjà beaucoup !

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