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Que penser de Midnight Special ?

midnight-special Le nouveau film de Jeff Nichols est le premier qu’il réalise pour un studio, en l’occurrence la Warner. Finies les balades sur le Mississippi, les longues chevauchées dans la nuit et les coups de fusils en pleine campagne : on pense à Mud, Sur les rives du Mississippi (2012), son plus beau film, ou encore à Shotgun Stories (2007), son premier long métrage qui révélait un nouveau cinéaste extraordinaire.

Mais voilà, on entre maintenant dans l’âge de raison, et travailler pour un studio avec des stars comme Sam Shepard ou Kirsten Dunst, c’est une autre paire de manches ; il ne suffit pas de rendre hommage au cinéma fantastique et de S.-F. des années 1980 tendance Spielberg ou Carpenter, on peut penser aussi au Joe Dante d’Explorers (1985), cela J.J. Abrams le fait mieux que personne (Super 8, 2011), non il faut faire coïncider le récit avec un état des lieux de l’Amérique contemporaine. Et c’est essentiellement à cela que le film s’emploie, cartographier les nouvelles lignes de force à l’oeuvre dans le traitement de la fuite en avant, en réactivant les figures singulières du road-movie depuis au moins le fameux Sugarland Express (1974) de Steven Spielberg.

Comment on fuit les autorités et les fous dangereux d’une sorte de secte évangélique terrifiante sous la normalité ? En cela, il m’est d’avis que la figure de l’immense acteur Sam Shepard est de loin la plus intéressante du film, mais hélas, abandonnée en cours de route, une fois que le cinéaste colle ses basques aux trousses de son couple de fugitifs (excellent Michael Shannon, comme d’habitude, et une parfaite Kirsten Dunst, dans un rôle à contre emploi, où elle y est particulièrement touchante) avec enfant lumière à la Shining (Kubrick, 1980).

Au bout d’une heure, finalement, on comprend que le point de ralliement au milieu des champs, donc au milieu de nulle part, est la recréation, en plein jour cette fois, des séquences finales à la fois de Rencontres du troisième type (1977) et d’E.T l’extraterrestre (1982) de Spielberg. Et le rôle d’Adam Driver, l’analyste de la NSA portant patronyme français : Paul Sevier, en hommage à François Truffaut dans Rencontres. Bon, c’est bien gentil tout cela, toutes ces citations au long du film, mais cela en fait-il pour autant un spectacle renversant ? Mmouais… c’est ici que le bât blesse, car au bout d’une heure on en vient à s’ennuyer ferme, car on devine le dénouement, et le mutisme de Michael Shannon devient vite lassant, et certains traits de personnages ne sont pas assez aiguisés. On ne sait finalement pas qui ils sont, d’où ils viennent, et certaines questions ne reçoivent pas la moindre réponse : pourquoi Alton, l’enfant, a-t-il été enlevé à ses parents pendant 2 ans, et est devenu le fils adoptif du patriarche du début, qui veut remettre la main sur lui en envoyant 2 tueurs aux trousses des fugitifs ? Quelles sont les véritables motivations du FBI et de l’armée dans cette course-poursuite ?

Mais c’est le genre de films qu’il faut voir plusieurs fois, à plusieurs années de distance, et c’est à ce moment-là qu’on le redécouvrira, dans une vision plus singulière, et comme les effluves qui s’échappent d’un bon vin d’arrière garde, Midnight Special n’a pas fini de nous hanter pendant longtemps, très longtemps. Un film de chevet pour plus tard, donc.

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Ciné 70 : (#1) « Sorcerer : Le convoi de la peur »

Le_Convoi_de_la_peur Pas moins de 38 ans auront été nécessaires pour découvrir enfin la beauté stupéfiante du master piece de William Friedkin : Sorcerer (titre français à sa sortie : Le Convoi de la peur) sorti en 1977 dans l’indifférence générale. Il resta seulement 2 semaines à l’affiche aux Etats-Unis, et Paramount et Universal, coproducteurs du film, le remisèrent au placard. Et Friedkin perdit du jour au lendemain son statut de super cinéaste cinglé à la manière d’un autre grand allumé notoire : ce vieux brigand de Sam Peckinpah. Car, pas de chance, ou ironie du sort, Sorcerer sortit sur les écrans en même temps qu’un petit film de S.-F. dont on n’attendait pas grand chose : Star Wars, d’un dénommé Georges Lucas…

Le reste appartient à l’histoire du cinéma.

Cependant, découvrir ce fameux Convoi de la peur aujourd’hui, grâce au très beau travail de l’éditeur La Rabbia, est une expérience dont il ne faut pas se priver, car le résultat est stupéfiant : car dans le film, tout est vrai, la moiteur étouffante dans ce coin déglingué d’Amérique du Sud, les trognes des habitants, l’intensité des regards et la prestation hallucinée des 4 comédiens principaux, magistraux, la puissante armature métallique des camions, roulant à toute berzingue dans la jungle hostile. On sait que Friedkin avait proposé les rôles à Steve McQueen, à Lino Ventura et à Marcello Mastroianni au début, et qu’il se résolut (à contre coeur) à prendre Roy Scheider, Bruno Crémer (impérial !) et Francisco Rabal à la place. Et c’est sans doute ce qui est arrivé de mieux tant le magnétisme et le charisme qui se dégagent de ces acteurs (n’oublions pas Amidou, cet acteur franco-marocain qui réalise la prouesse de nous rendre sympathique et attachant un terroriste palestinien) fait entrer le film dans une nouvelle dimension : celle d’un opéra plein de bruit et de fureur, exaltant l’engagement dérisoire, voire stupide, de l’homme face aux forces surnaturelles de la nature en furie. A cet égard la séquence de la traversée du pont suspendu par les 2 camions, réalisée sans aucun trucage, est tout bonnement stupéfiante. C’est sans aucun doute une des scènes les plus puissantes de tout le cinéma contemporain (disons de ces 40 dernières années), et les deux camions choisis pour le film, sont aussi de véritables personnages, bien plus vivants et attachants que nombre de comédiens insipides que nous devons nous farcir à longueur d’années dans des navets de première bourre qui font des millions d’entrée.

Mais Sorcerer a marqué, à sa manière, le cinéma américain des seventies, et au fil des décennies est devenu le porte-drapeau de ces films inclassables dont la dangerosité des tournages en extérieurs devait sonner l’hallali. Le revoir aujourd’hui dans des conditions optimales, dans une superbe copie restaurée, reste un plaisir à nul autre pareil. A découvrir toutes affaires cessantes !

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Le cinéma français a-t-il encore quelque chose à dire de pertinent ? [3/3]

amities-sinceres 2L’an dernier Les Cahiers du cinéma s’interrogeaient sur la pertinence politique du cinéma français, et proposaient par la même occasion quelques pistes à explorer. Cependant qu’apprend-on aux jeunes gens en école de cinéma (publique ou privée, qu’importe) ? Au-delà des cours d’analyse filmique, et d’histoire des formes au cinéma, comment donner l’envie farouche, déterminante, obsessionnelle, à une jeune femme ou à un jeune homme, de donner vie à ses ébauches de mise en scène ? Comment le guider sur les pas de ceux qui avant elle ou lui se confrontèrent à la dure réalité, au chemin de croix semé d’embûches, de la préparation d’un long-métrage ? Qui sont les professeurs d’art cinématographique aujourd’hui qui renseignent le désir des jeunes gens ? Dans son livre d’entretiens avec Chris Rodley (David Lynch : entretiens, Cahiers du cinéma, 1997) le réalisateur américain David Lynch n’oubliait pas de remercier son professeur de cinéma, qui l’éveilla au monde complexe des films quand il était étudiant en Arts ; de même, ce week-end, lorsqu’il reçut l’Oscar du meilleur acteur des mains de Julianne Moore pour son rôle dans The Revenant (Alejandro Gonzalez Iñarritu, 2016), Leonardo DiCaprio n’oublia pas de remercier le réalisateur Michael Caton-Jones qui fut le premier à lui donner un rôle important au tout début de sa carrière (dans Blessures secrètes, 1993). C’est simplement de la reconnaissance, et ça ne mange pas de pain ; cependant, en France, on est à mille lieux de tout ça, dans un pays où on apprend aux mômes qu’il suffit d’avoir une belle gueule et de la répartie pour réussir, pour le reste ce n’est pas grave, le talent viendra après, au bout de quelques années de métier pour les plus chanceux. Comment donner envie aux gens que nous sommes de donner un billet de 10 pour aller voir un film en salle ? Ce qui était autrefois le summum du plaisir est-il en train de devenir une contrainte ? Préférer rester enfoncé sur son canapé pour regarder un match à la con de La Ligue des Champions (dans la mesure où depuis dix ans les 5 clubs les plus friqués de la planète se partagent le trophée), plutôt qu’aller faire découvrir un Star Wars à son gosse de 8 ans, et retrouver devant ses yeux émerveillés l’enfant que nous étions nous aussi, dans une lointaine, très lointaine galaxie… Pourquoi la magie devrait-elle disparaître de notre monde, aujourd’hui où nous avons tellement besoin d’elle. Arrêtez de donner du fric à des ploucs qui ne méritent pas de toucher à une caméra de cinéma, et laissez leur chance à des jeunes gens passionnés, inconnus au bataillon, qui ne devront leurs futures récompenses, qu’à leur seul mérite,qu’à leur seul talent… ça c’est de la politique, mais est-ce trop demander ? A quoi peut bien servir l’argent public qui subventionne la culture alors ? A financer le prochain navet d’un réal qui a déjà 20 films à son actif et qui se permet d’adresser son scénario à l’Avances sur recettes ? De grâce, de qui se moque-t-on ? Et qui décide de quoi ?

Allez encore un effort pour nous faire croire que le cinéma français a encore un avenir…

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Life on Mars ?

the_last_days_on_mars_2Dans The last days on Mars de Ruairi Robinson (2013), un équipage international d’astronautes (canadiens, britanniques, russes, …) est basé sur la planète Mars depuis plusieurs mois, et attend la relève. Dans 19 heures exactement la navette Aurora viendra les récupérer pour qu’ils rentrent sur Terre. Evidemment rien ne va se passer comme prévu. Un des astronautes, sans rien dire aux autres, a découvert des bactéries sur le sol martien, la catastrophe guette… A partir de là le film oscille entre contemplation mélancolique des paysages rouges orangés (ballet des véhicules comme les Rover qui marchent à l’énergie solaire  et qui permettent de se déplacer facilement d’un point à un autre, longs plans sur la navette Aurora en approche) et film de trouille survitaminé quand le personnel infecté, droit sorti de World War Z, se jette sur les survivants de la station avec une belle santé ! Ce décalage peut prêter à sourire, mais il est difficile de rendre intéressant l’atmosphère d’une planète comme Mars au cinéma, dans la mesure où aucun d’entre nous n’y a jamais mis les pieds, n’est-ce-pas ? Sujet casse-gueule par excellence pour de nombreux cinéastes (on se rappelle le plantage de De Palma avec Mission to Mars) la planète rouge peine à trouver une histoire qui lui conviendrait, qui la mériterait ; mais non, on a droit à une invraisemblable découverte, celle de bactéries transformant en zombies les personnes contaminées. Cela suffit-il pour en faire un thriller de science-fiction à la hauteur ? Hmmm, pas si évident. Même la présence d’Elias Koteas et de Liev Schreiber ne suffit pas à faire passer la pilule, et l’ensemble laisse un goût d’inachevé. Même si dans l’ensemble le spectacle est plaisant à regarder.

Alors, y-a-t’il de la vie sur Mars ?

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Pour bien commencer l’année dans un grand éclat de rire

Dumb & DumberIl était hors de question que je commence l’année devant un film triste ou mélancolique. Pour remiser aux oubliettes cette année 2015 très éprouvante j’ai farfouillé dans ma collection de DVD et ai glissé dans mon lecteur Dumb & Dumber des Frères Farrelly (sorti en France en juin 1995). Il s’agit du tout premier long-métrage des 2 frangins, et avec la création de ce duo comique ils allaient taper fort, très fort. Effectivement, avant même la reconnaissance critique de la clique de Judd Apatow (que j’adore par ailleurs) quelques années après, il n’est pas malhonnête d’affirmer que les Farrelly ont essuyé les plâtres car c’était la première fois qu’on allait aussi loin dans une comédie américaine mainstream. Et pour cause : 2 idiots absolus vivant en colocation, Harry et Lloyd, décident d’aller s’installer à Aspen dans le Colorado après avoir perdu leur job respectif, mais surtout pour l’amour d’une riche héritière. Sur ce canevas d’une simplicité à toute épreuve les cinéastes nous font pénétrer dans l’intimité des 2 zigotos, aussi demeurés l’un que l’autre. Il faut voir la mine ahurie de l’excellentissime Jeff Daniels tout au long du film, qui réussit à ne pas se faire voler la vedette par un Jim Carrey déchaîné, alors au top de sa forme. Le duo fonctionne à merveille, car chacun à leur manière les 2 personnages orientent sans arrêt le film dans un sens (la traque amoureuse), puis dans l’autre (la mise en échec des tueurs à leurs trousses). Et c’est dans ce film qu’explose tout le génie comique de Jim Carrey, qui, à mon sens, fut la véritable révélation du cinéma américain des années 90 (je suis en train d’écrire un livre sur ces années fastes du cinéma américain, je vous en parlerai plus en détail au cours de l’année).

Dumb & Dumber 2

Ce qui n’était pas gagné dans la mesure où au départ aucun studio hollywoodien ne voulait financer le film, jugeant le script débile et pas marrant. Finalement New Line des Frères Weinstein (2 autres cintrés de première bourre) s’associèrent au projet ; ensuite il fallait convaincre 2 acteurs bankables. On donna aux Farrelly une liste de 25 acteurs à appeler en priorité, tous refusèrent, notamment Steve Martin et Martin Short, les as de la comédie US à ce moment-là. Quand le scénario échut à Jeff Daniels tout son entourage lui dit de refuser, pensant qu’il allait mettre en l’air sa carrière avec cette niaiserie. Mais Jeff Daniels est un mec tenace (voir la séquence hallucinante des toilettes pour s’en convaincre) et puis Jim arriva sur le projet, et tout pris une autre tournure. Le film fit un carton au box-office américain, mais pas chez nous, car les pisse-froids de la haute culture qui crient au génie dès qu’ils voient une merde télévisée en provenance de HBO dégoisèrent sur le film à qui mieux mieux ; les mêmes qui aujourd’hui vont parler à son sujet de film culte qu’il est indispensable d’avoir dans sa filmothèque. A mourir de rire, assurément.

Enfin, si vous vous voulez passer un moment de franche déconnade, seul, ou entre amis, n’hésitez plus, en ce début de nouvelle année, c’est le film qu’il vous faut !

Plus tard nous parlerons de la décennie prodigieuse de Jim Carrey, un homme comique ET séduisant, ce qui est plutôt rare de nos jours, vous en conviendrez.

Enjoy !

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Joyeuses fêtes !

The year 2016 written in vintage letterpress type Bonne année à tout le monde ! Le cinéma a 120 ans révolus depuis 2015, espérons qu’en 2016 il nous permettra d’accrocher toujours plus d’images en mouvement sur la permanence de nos rêves, même les plus fous, même les plus irréalisables. Joyeuses fêtes ! A l’année prochaine !

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« Le Pont des espions » (Steven Spielberg, 2015)

Le Pont des espions À l’heure où des vaisseaux spatiaux gigantesques, des hordes de stormtroopers et des sabres laser viennent déferler sur nos écrans, il est surprenant de constater la différence de parcours de certains cinéastes du « Nouvel Hollywood » des Seventies.

Finalement, malgré ce qui les identifie aux yeux des cinéphiles du monde entier, il n’y a pas plus dissemblables que Steven Spielberg et Georges Lucas. L’un aura passé sa vie à parfaire son univers cinématographique intersidéral, peaufinant années après années les images sensorielles d’un univers en extension, à l’image du nôtre finalement, c’est-à-dire chaud et dense à sa naissance (la trilogie originelle de Star Wars, de 1977 à 1983) puis de plus en plus froid et étendu à mesure que le temps passe (la prélogie numérique qui court de 1999 à 2005) ; tandis que l’autre n’aura eu de cesse d’affirmer de plus en plus sa maturité et son devenir classique en laissant peu à peu tomber les ingrédients du divertissement de luxe (la série des Indiana Jones, E.T) et de la farce (1941 par exemple), pour se diriger vers un cinéma qui autrefois faisait toute la grandeur d’Hollywood, quand on prenait vraiment les films de l’usine à rêves au sérieux : en traitant de vrais sujets adultes, en questionnant le sens civique et la posture morale de chacun, cf. Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer (1961) ou encore Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (1957).

Depuis La Couleur pourpre (1985) et Empire du soleil (1987) Steven Spielberg a toujours alterné blockbusters de grande maîtrise et films un peu plus intimistes, même si dans ceux-là également la mise en scène est à chaque fois éblouissante.

En cette fin d’année il nous revient avec un film magnifique, intitulé Le Pont des espions. Il croise le film d’espionnage avec le drame intimiste, et nous plonge dans les rues de Brooklyn, de Washington et de Berlin Est et Ouest aux lendemains de la seconde guerre, pendant la construction du Mur, alors que la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS bat son plein. Ayant capturé un espion soviétique, le colonel Abel, le gouvernement américain décide de lui faire un procès équitable ; pour cela il mandate un avocat d’assurances joué par Tom Hanks, toujours aussi impeccable, qui va prendre l’affaire au sérieux et va permettre à l’espion d’éviter la chaise électrique lors de son procès. Ce qui devait être une affaire unique va cependant prendre un tour inattendu avec la capture d’un pilote américain, prisonnier des russes. On va demander une fois de plus à notre ami avocat, d’intervenir au nom du gouvernement américain, mais sans être couvert pour autant.

Voici le point de départ d’un film brillant, ensorcelant, qui nous promène de salons d’ambassades à Berlin Est, en chambres d’hôtel mal chauffées, on sent alors le froid polaire qui saisit notre personnage une fois à Berlin, et la reconstitution historique opérée dans le film est d’une grande beauté plastique : la neige sale qui s’accumule le long des trottoirs et de la chaussée, le métro berlinois aérien qui passe par dessus le mur en construction, la lumière bleutée qui scande chaque déambulation de Tom Hanks, tout cela concourt à faire de ce nouveau film de Steven Spielberg un modèle d’élégance, d’intelligence et de raffinement esthétique, sans oublier une interprétation irréprochable de la part de tous les acteurs.

Bref si vous êtes lassés des combats homériques dans l’espace, pourquoi ne pas déambuler dans les rues et les avenues d’un monde qui n’existe plus ?

Un film idéal pour les fêtes de fin d’années.

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« 007 Spectre » (Sam Mendes, 2015)

007 Spectre 007 Spectre de Sam Mendes recèle tous les ingrédients pour en faire dès à présent un  film culte de la saga James Bond : acteur principal au meilleur de sa forme, James Bond Girls épatantes, scènes d’action à couper le souffle, bande son incandescente, photographie irréprochable, et un méchant d’anthologie (aka Christoph Waltz, loin des années Derrick) qui englobe tous ses prédécesseurs dans les arcanes du mal.

Daniel Craig incarne à la perfection ce super agent, as du MI6, mais pourtant de plus en plus enclin à la mélancolie, car en quatre films il laisse derrière lui une longue liste de morts (Verper Lynd, morte noyée dans Casino Royale, M, morte dans ses bras dans Skyfall, Mister White, mort par contrainte dans ce dernier film…), la liste est démesurément longue. Alors on ne s’étonne pas de la teneur rétro et nostalgique du long métrage, car tout concourt à en faire la conclusion d’un parcours du combattant à travers les mailles du SPECTRE.

James Bond n’a jamais été aussi élégant (le superbe smoking blanc dans la séquence anthologique du train lancé à toute allure dans les paysages d’Afrique du Sud), il n’a jamais été aussi sauvage au combat à mains nues (derechef la violente séquence de baston contre le tueur du SPECTRE incarné avec une classe tueuse par l’acteur Dave Bautista, clin d’oeil cool et référencé à Bons baisers de Russie), il n’a jamais été aussi séduisant, et Monica Bellucci et Léa Seydoux ne mettent pas longtemps à s’embraser. Et puis il y a un méchant véritablement effrayant, car derrière les manières onctueuses du chef du SPECTRE, on sent la plus folle des rages criminelles jamais mise en exergue dans un film de pur divertissement ; l’interprétation tout en nuances du génial Christoph Waltz n’y est évidemment pas pour rien.

Alors on peut se poser la question : les producteurs d’EON Pictures vont-ils aller dans une nouvelle direction la prochaine fois, totalement inédite, avec un nouvel acteur, de nouvelles perspectives de récit ? Car il semble difficile de faire mieux que 007 Spectre qui, je pense, est le plus beau Bond de la saga avec GoldfingerL’Espion qui m’aimait et Skyfall.

Auront-ils le courage de choisir Idris Elba pour le prochain, étant donné que Daniel Craig ne semble pas presser de rempiler ? Et puis je fais une suggestion : pourquoi ne pas donner le rôle à … Ben Wishaw, le fameux Q, ce qui donnerait des perspectives complètement inédites pour la suite : un James Bond intello, un peu pleutre, un peu timide avec les filles… bref, un peu comme nous tous quoi !!

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« L’Homme irrationnel » (Woody Allen, 2015)

L'Homme irrationnel Woody Allen, le cinéaste américain préféré des français, revient en grande forme avec L’Homme irrationnel (2015) qui confronte Joaquin Phoenix, un professeur de philosophie dépressif fraîchement débarqué sur le campus de sa nouvelle université, à sa ravissante étudiante incarnée par la ravissante Emma Stone, la nouvelle star de 27 ans qui monte, qui monte.

En plus Emma Stone est devenue la nouvelle égérie du réalisateur, qui lui offre un nouveau rôle principal après le plaisant Magic in the Moonlight (2014). Et ces deux-là ont l’air de s’entendre comme larrons en foire. Alors, après la blonde incendiaire hitchcockienne Scarlett Johansson, c’est au tour de la diaphane Emma de se coller à cet univers singulier  :  et cette fois-ci c’est une parfaite réussite.

Le film n’arrête pas de balancer entre dialogues brillants, aigres-doux, et une mélancolie sourde qui nous fait nous poser les mêmes questions que les personnages principaux. Car si notre professeur donne un sens à sa vie en commettant un meurtre de sang-froid, il se rend vite compte que le regain d’enthousiasme qu’il retrouve risque vite de devenir un pis aller, et le réalisateur en profite pour illustrer la question philosophique suivante : ne se rend-on pas compte de la force de notre bonheur uniquement au moment où nous nous apprêtons à le perdre, une bonne fois pour toutes ? Et puis l’amour désintéressé, en quelque sorte désincarné (car notre prof hésite entre faire l’amour à sa pressante collègue de fac, ou à sa pétillante étudiante qui s’est entichée de lui) écarte-t-il à coup sûr le mâle américain arrogant de la tentation homicide ? Le tout baigné dans les splendides images du chef opérateur français Darius Khondji. Hip, hip, hip, hourrah ! A voir absolument !

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« Belles Familles » (Jean-Paul Rappeneau, 2015)

Belles Familles Un cinéaste, qui n’avait pas tourné depuis 12 ans (Bon Voyage date de 2003), âgé de 83 ans, offre le film le plus rafraîchissant de la rentrée.

Et c’est à se demander si notre cinéma ne serait pas en fin de compte sauvé par les anciens. Déjouant tous les pronostics, Jean-Paul Rappeneau, qu’on avait perdu de vue il faut bien le dire, depuis ses adaptations en costumes d’Edmond Rostand et de Jean Giono dans les années 90, revient à ses premières amours : la comédie sautillante, légère comme le vent que fait tourner autour d’elle la comédienne Marine Vacth, une révélation dans ce film, à des années lumières du film racoleur de François Ozon Jeune & Jolie qui la révéla en 2013.

Parfois, pour une comédienne ou un comédien, aller faire un tour du côté des vieux singes de la profession procure, paradoxalement, comme un bain de jouvence : il n’y qu’à voir Joaquin Phoenix et Emma Stone qui se réinventent chez ce roublard de Woody Allen, dans L’Homme irrationnel (qui sera chroniqué ici-même très prochainement). Alors c’est avec une joie réelle qu’on accueille ces Belles Familles et qu’on s’amuse aux marivaudages d’acteurs aussi différents (et aux registres de jeu parfois opposés) que Mathieu Amalric et Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquédec et André Dussolier, Nicole Garcia et Karin Viard… Réussir à faire une comédie de cette trempe, avec cette fraîcheur juvénile, bravo l’artiste ! Cela faisait très longtemps que ça n’était pas arrivé… depuis au moins La Petite Lili de Claude Miller en 2002.

Alors précipitez vous dans les salles, ce film est une aubaine !

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